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Agriculture - Crise de l'élevage : Stéphane Le Foll en appelle aussi aux élus locaux

Après de multiples actions des agriculteurs ces dernières semaines, c’est le ministre de l’Agriculture lui-même qui, aujourd’hui, sonne le tocsin : "D'après nos chiffres, collectés département par département, près de 10% des exploitations d'élevage, soit entre 22 et 25.000, sont cet été au bord du dépôt de bilan", a alerté Stéphane Le Foll dans Le Parisien/Aujourd'hui en France de vendredi 17 juillet, avant d’organiser au pied levé une conférence de presse sur le sujet.
L’agriculture française traverse en effet une triple crise : lait, bœuf et porc. Alors que pour le lait, le problème est mondial, les éleveurs de bœuf et de porc sont frappés par des écarts toujours aussi importants entre les prix reversés et les marges des filières du conditionnement et de la distribution, et ce malgré les engagements pris par ces dernières. Pour 1,38 euro reversé au producteur, le kilo de porc est ainsi revendu entre 12 et 15 euros dans les rayons. Or comme le rappelle le ministre, en juin, "tous les acteurs se sont engagés à augmenter les tarifs et à répercuter cette mesure sur les producteurs". La question de l’amélioration des relations commerciales figurait d’ailleurs en bonne place de la loi d’avenir pour l’agriculture de 2014. En juin, un accord avait été trouvé. Le ministre avait saisi le médiateur de relations commerciales agricoles au début du mois de juillet pour s’assurer du suivi de ces engagements de juin. Constatant que les objectifs n’étaient pas atteints, il avait alors demandé à l’ensemble des acteurs de la filière "au niveau de la transformation et de la distribution" de communiquer au médiateur "toute information sur les actions entreprises pour mettre en œuvre les engagements pris mi-juin, et sur les difficultés éventuellement rencontrées".

"C'est souvent la dernière barrière avant la désertification"

Mais pour le ministre, "dans la crise actuelle, chacun est responsable, du consommateur à l'élu local, qui doit privilégier les produits français dans la restauration collective".
Face à cette situation d’urgence, le Sénat a organisé, jeudi, une "conférence agricole" au cours de laquelle le président du Sénat Gérard Larcher a appelé lui aussi l'ensemble des acteurs à se mettre autour de la table. "Il faut qu’on sorte de part et d’autre des positions de refus de dialoguer", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse organisée après cette rencontre, regrettant l'absence de "transformateurs" lors de celle-ci. "C'est un sujet très important territorialement, a-t-il souligné. C'est souvent la dernière barrière avant la désertification."
Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a pour sa part plaidé pour un "plan de désendettement" : "La seule solution va être de mettre en place un plan de désendettement massif", a-t-il déclaré lors de cette conférence de presse. "Sans être populiste, ni démago, les paysans ont aujourd’hui quand même beaucoup de mal à comprendre qu’on pourrait accepter un certain nombre d’aménagements concernant un pays de l’Union européenne et laisser de côté un pan de notre économie à travers notamment son agriculture et son élevage plus particulièrement."
Jeudi matin, un accord a été signé en France pour permettre une avance des aides PAC au mois de septembre. Mais pour Gérard Larcher, l'Union européenne doit davantage s'impliquer. Il a indiqué qu'il allait rappeler au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker "qu'en cas de crise, on peut décider de mesures exceptionnelles".
En début de semaine, Stéphane Le Foll avait alerté le Conseil des ministres de l'Agriculture de l'Union européenne sur cette crise et demandé des mesures d’urgence. Le thème devrait être abordé lors du conseil informel de septembre.

 

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