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Territoires - Crise agricole : le Comité des régions demande à Bruxelles des mesures structurelles

"La Commission ne semble pas encore avoir complètement pris la mesure du problème puisqu'elle ne propose qu'une aide ponctuelle qui ne réglera pas la situation sur le moyen et long terme", a fait savoir René Souchon, le rapporteur du Comité des régions sur le secteur du lait, dans un communiqué diffusé au lendemain de la présentation du plan d'aide de Bruxelles. Ce plan de 500 millions d'euros essentiellement tourné vers les producteurs de lait a été préparé à l'occasion du conseil des ministres de l'Agriculture qui s'est tenu dans la capitale européenne, le 7 septembre. Mais comme le ministre de l'Agriculture français, Stéphane Le Foll, le Comité des régions se montre sceptique sur les modalités de mise en œuvre de ces aides, alors qu'un comité d'experts doit se réunir en fin de semaine pour en préciser les contours, avant la tenue d'un nouveau conseil des ministres le 15 septembre.
Les aides seront mises à la disposition de "tous les Etats membres", a indiqué la Commission, lundi, dans un communiqué. Mais une attention particulière sera portée "aux Etats membres et aux agriculteurs qui ont été les plus touchés par les évolutions du marché". Dans le détail, le plan risque de s'apparenter pour une grande part à un recyclage d'enveloppes existantes, avec notamment des avances sur les aides des premiers et second piliers de la PAC. La Commission s'engage toutefois à débloquer de nouvelles aides ciblées et des crédits supplémentaires pour la promotion, mais pas avant 2016. En ce qui concerne le prix du lait, elle envisage de recourir au stockage privé sur la poudre de lait et écarte la proposition, soutenue par une dizaine de pays dont la France, de relever le prix d'intervention. Stéphane Le Foll a ainsi fait savoir, lundi, sa "divergence de vue" avec la Commission. "La bonne mesure, c'est le relèvement des prix d'intervention, beaucoup plus efficace et beaucoup moins coûteux pour les budgets de l'Europe, et avec un objectif limité dans le temps. (…) Nous proposons six mois", le temps de retirer une partie des excédents, a-t-il soutenu, lors d'une conférence de presse.

Embargo russe

Le Comité des régions est à peu près sur la même ligne. Dès avril 2015, il avait, dans un avis, demandé à la Commission "de faire en sorte que le prix d'intervention reflète davantage les coûts de production et soit mieux adapté aux variations du marché". Il préconisait l'idée de "responsabilisation des marchés proposé par European Milk Board, destiné à être appliqué lorsque le marché du lait est menacé de déséquilibre".
Au-delà de l'urgence, le Comité des régions réclame des mesures de plus long terme et en "appelle dès lors aux ministres de l'Agriculture de l'Union européenne à faire pression sur la Commission lors de la réunion du Conseil agriculture du 15 septembre pour que les mesures d'urgence soient complétées par un train de mesures plus structurelles". Il souhaite un renforcement du rôle des organisations de producteurs "afin qu'elles jouent un rôle économique clair dans la gestion des prix et dans la gestion de l'offre" ou de renforcer le rôle de l'Observatoire européen du lait. 
Dans son discours sur l'état de l'Union du 9 septembre, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, n'a pas apporté de précisions à son plan. "Quelque chose a tourné dans le marché du lait. Mon impression est que nous devrons briser quelques oligopoles dans le secteur de la distribution", s'est-il contenté de dire. Alors que la France demande que des actions soient prises pour débloquer l'embargo sanitaire sur le marché russe, le ton du président de la Commission n'est pas à la détente. "Les sanctions sont un moyen puissant en réponse à l'agression et la violation du droit international. Elles devront être maintenues aussi longtemps que les accords de Minsk ne seront pas pleinement respectés. Il nous faut conserver notre sang-froid et notre unité", a-t-il déclaré.