Créations de places en crèches : les objectifs de la COG s'éloignent
Le nombre de places offertes par les modes d'accueil formels a légèrement diminué en 2017 et la courbe devrait se prolonger, selon l'Observatoire nationale de la petite enfance. Le taux de couverture, en revanche, progresse. Le respect des objectifs de la COG 2018-2022 de la Cnaf (création de 30.000 places nettes) devient de plus en plus incertain.
Dans le dernier numéro de sa lettre d'information, l'Observatoire nationale de la petite enfance (Onape), mis en œuvre par la Cnaf, publie les chiffres définitifs de l'accueil du jeune enfant pour 2017 et livre les données provisoires pour 2018. Les résultats sont mitigés puisqu'"après plusieurs années d'accroissement continu, le nombre de places offertes par les modes d'accueil formels diminue légèrement en 2017". La situation devrait prolonger en 2018 et l'atteinte des objectifs de la COG 2018-3022 semble désormais très incertaine.
Moins de places, mais un meilleur taux de couverture
En 2017, les capacités en accueil "formel" – regroupant Eaje (établissements d'accueil du jeune enfant), assistantes maternelles agréées, scolarisation des moins de 3 ans en école maternelle et garde à domicile – ont légèrement reculé de 2.700 places, pour s'établir à un total de 1.358.300 places. Le nombre de places en accueil collectif a pourtant progressé en 2017 (+11.600 places), mais il a diminué d'un montant quasi équivalent chez les assistantes maternelles. Ces dernières demeurent toutefois le mode d'accueil le plus important avec une capacité théorique de 770.800 places, devant les Eaje (448.000), l'école maternelle pour les moins de trois ans (92.600) et la garde à domicile (46.100).
En dépit de cette baisse d'ensemble, le taux de couverture (nombre de places pour 100 enfants de moins de moins de trois ans) poursuit sa tendance à la hausse en 2017, en passant de 57,7% à 58,9% (France entière, hors Mayotte mais y compris les collectivités d'outre-mer de Saint-Martin et Saint-Barthélemy). Un résultat qui s'explique entièrement par la baisse du nombre de naissances, nettement plus importante que le recul du nombre de places.
Une dynamique de l'accueil collectif qui fléchit en 2018
Pour 2018, l'Onape fournit des données encore provisoires, mais qui ne devraient guère être modifiées. Il en ressort que l'accueil collectif "aurait augmenté de 8.900 places", dont 7.500 pour les micro-crèches, qui ne représentent toutefois qu'un peu plus de 40.000 places au total. Bien qu'en progression, le chiffre des places supplémentaires en accueil collectif est inférieur d'environ 2.000 places à celui de 2017.
En revanche, le nombre d'enfants de moins de trois ans en école maternelle continue de reculer (-3.800 places) et le nombre d'enfants accueillis par des assistantes maternelles baisse à nouveau de 1,5%, avec un total de 602.400 enfants. Ce nombre ne doit pas être confondu avec celui de la capacité théorique (somme des places agréées) retenu pour 2017, mais la Cnaf ne dispose pas encore de ce chiffre pour 2018.
Au final, et compte tenu de la poursuite de la baisse du nombre de naissances, le taux de couverture devrait sans doute continuer à s'améliorer en 2018.
2020, année d'élections locales
Mais le respect des objectifs de la COG 2018-2022 de la Cnaf devient de plus en plus incertain. La COG prévoyait en effet la création de 30.000 places nettes en Eaje, autrement dit déduction faite des fermetures provisoires ou définitives. Or, selon un communiqué du 29 novembre de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC, qui représente les crèches privées), "seulement 1.800 places nettes ont été créés en 2018, soit 6% de l'objectif quinquennal". Il en resterait donc 28.000 à créer sur le reste de la COG. La FFEC estime par conséquent qu'"il est urgent de libérer le potentiel de création de places de crèches". Si elle plaide bien sûr pour sa paroisse, il reste néanmoins que les chiffres publiés par l'Onape laissent planer un sérieux doute sur la réalisation de l'objectif des 30.000 places nettes. D'autant que 2020 est une année d'élections locales, peu propice à l'avancement des dossiers immédiatement avant et après l'échéance électorale.