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Transports - Covoiturage de proximité : Strasbourg dépoussière les plans de déplacements

Qu'ont en commun un syndicat des eaux, un centre commercial, un groupe hospitalier et l'Urssaf Alsace ? Tous ont recours à un outil de management de la mobilité innovant, gratuit et entièrement porté par une collectivité, l'Eurométropole de Strasbourg.

Le covoiturage de proximité a-t-il de l'avenir ? La pléthore d'initiatives privées et publiques dans le domaine laisse croire que oui. Recentré sur les courtes distances et bien souvent les trajets domicile-travail, il conduit les entreprises et administrations à entrer en relation avec les acteurs publics des déplacements pour identifier toutes les offres de transports alternatifs à la voiture solo et à bien se coordonner.

Créer des liens

C'est le cas à Strasbourg, où l'ex-communauté urbaine devenue l'Eurométropole vient de lancer un outil gratuit et innovant, baptisé Optimix, porté par la collectivité donc mais gratuitement proposé aux entreprises, et particulièrement adapté à celles regroupées au sein de parcs d'activités. "Il vise notamment les PME et les administrations qui veulent débuter, relancer ou dépoussiérer leurs plans de déplacements. Pour l'heure une dizaine ont signé. Nous visons la quarantaine d'ici la fin de l'année", indique Pierre Hanauer, chargé de mission management de la mobilité à l'Eurométropole de Strasbourg.
Un syndicat des eaux, un centre commercial, une Caisse d'Epargne, un groupe hospitalier et l'Urssaf Alsace utilisent ce service. Il intéresse aussi l'Aéroparc d'Entzheim et le port autonome de Strasbourg dans le cadre de leurs plans de déplacements inter-entreprises (PDIE). Sa méthodologie est en effet innovante. Il les aide à réaliser leurs plans de déplacements d'entreprise (PDE). Et pour l'utiliser, rien de compliqué : tout repose sur une convention partenariale. Dans le respect des exigences de confidentialité de la Cnil, les employeurs chargent un fichier de salariés sur une plateforme web développée avec l'appui du cabinet de conseil RSE Nicomak. "Celle-ci analyse leurs trajets domicile-travail et suggère des covoiturages potentiels avec des salariés d'entreprises alentours", poursuit le chargé de mission. Des équipages virtuels sont proposés aux salariés qui apparaissent de manière anonyme. Le but est de créer les liens, de montrer que des solutions existent. C'est la plateforme qui assure la mise en relation et la levée de l'anonymat des salariés.

Frémissement d'autres plateformes

Une telle initiative a une forte reproductibilité ailleurs qu'à Strasbourg : d'autres collectivités sont d'ores et déjà intéressées par cet outil et l'ont fait savoir. Elle entre aussi en résonance avec la pléthore d'autres expériences lancées dans le covoiturage de proximité. Un domaine où beaucoup reste à faire. Pour les trajets longue distance, le covoiturage s'est massivement développé. Mais pour les petits trajets c'est une autre histoire, avec son lot de réussites et d'échecs. Malgré le soutien de la RATP, l'application de covoiturage urbain connecté aux transports en commun franciliens Sharette vient d'arrêter son activité. D'autres se lancent malgré tout dans l'aventure. A l'image de Ecov. Avec l'appui du conseil départemental du Val-d'Oise et de la communauté d'agglomération de Seine et Vexin, elle développe du covoiturage de proximité à partir de stations. Thomas Matagne, son co-fondateur, les décrit comme "une infrastructure légère – une borne puis des panneaux lumineux pour inciter les automobilistes à prendre les passagers en attente de covoiturage". Cinq stations, dont une en face d'un lycée professionnel, sont installées. Une vingtaine d'autres sont prévues dans les communes du parc naturel régional du Vexin ou de sa frange. "Les collectivités qui nous accompagnent sont propriétaires de notre solution durant son expérimentation. Notre modèle économique est d'intervenir pour le service public et le compte de collectivités", poursuit-il.
A l'opposé en termes de technologie, la start-up Karos mise pour le covoiturage domicile-travail sur une application smartphone, une masse critique de personnes réalisant chaque jour des trajets similaires et des algorithmes très poussés pour faire remonter au bon moment les bonnes informations. Autre application francilienne du même genre, celle de Microstop, qui prend ses marques dans quelques villes. Bien sûr, des blocages et résistances persistent. Mais même en territoire plus rural, les initiatives émergent. A Ayen, petite commune de Corrèze, du covoiturage de proximité et de solidarité tient la route depuis deux ans et s'élargit aux communes limitrophes. Il est adossé à un moyen de paiement innovant : une monnaie locale. Cette réussite lui a valu une récompense remise en février dernier par l'Association des éco-maires.