Bâtiment - Construction publique : quand le bois prend racine
La ministre du Logement Emmanuelle Cosse vient de signer avec l'Association des régions de France (ARF), les acteurs de la filière bois et l'Ademe, une alliance nationale bois construction rénovation. S'adressant à l’ensemble des maîtres d’ouvrage - y compris les collectivités - elle encourage l'utilisation du bois dans la construction et la rénovation des bâtiments.
Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l’Habitat durable, a signé le 9 mars avec Régions de France, les acteurs de la filière bois et l’Ademe, une Alliance nationale bois construction rénovation. Le ministère de l'Environnement, tutelle de l'Ademe, en est également signataire. Le but de la démarche est de diffuser et faire connaître "les avantages qui s'attachent à l'usage du matériau bois dans la construction".
Les collectivités aux premières loges
Un enjeu auquel des milliers de collectivités, propriétaires de forêts mais aussi maîtres d’ouvrage lorsqu'il s'agit d'édifier un bâtiment public, sont sensibles. Du côté des Régions, l'intérêt est réel et s'enracine notamment dans une dynamique de rapprochement des interprofessions régionales - chacune ayant bien sûr ses spécificités. Organisation d'une journée nationale ou de trophées de l’innovation, effort de prescription ou de promotion des métiers du bois sont ainsi au cœur de l'activité de France Bois Régions, un réseau présent aux côtés de la ministre durant cette signature.
Un troisième plan national 2017-2020
Les premiers contrats de filière bois ont été signés il y a deux ans sous l’œil averti de Régions de France et des régions, du moins pour celles qui en ont fait une priorité de leur développement économique. C'est le cas de la Nouvelle-Aquitaine, région la mieux dotée en massifs forestiers (2,8 millions d’hectares) et nettement en tête pour la récolte de bois commercialisée, devant les régions Grand Est et Auvergne-Rhône-Alpes. Quant au troisième plan national bois-construction (2017-2020), il sera tourné vers d'autres acteurs amenés à se positionner sur l’usage du bois dans des projets de bâtiments pour la construction neuve et la réhabilitation. Le but de la nouvelle alliance, qui englobe l'ensemble de ces plans et contrats, consiste donc à inciter les maîtres d'ouvrage à "s'engager dans l'acte de construire avec du bois afin d'augmenter la part de ce matériau renouvelable, notamment dans les constructions publiques", insiste Emmanuelle Cosse.
Le poids des habitudes
Pour démultiplier ces constructions publiques en bois, beaucoup reste à faire. Pour une collectivité, utiliser des bois locaux dans ses constructions demeure un chemin semé d’embûches. Le programme national "100 constructions publiques en bois local", qui vient de s'achever après cinq ans d'existence, a certes apporté ses fruits, généré 80 constructions, aidé à lever des freins techniques, juridiques et économiques... Mais son avancement a aussi buté contre la réticence au changement et le poids des habitudes. Reste que le vent tourne et que cette notion de ressource locale séduit. Très prochainement, un bilan officiel de ce programme sera d'ailleurs dressé. Sera également lancée une étude prospective sur la demande de matériau bois dans la construction à horizon 2020-2030, dont l'Alliance cofinancera la réalisation. Elle mise également sur le label "énergie positive et réduction carbone" (E+C-), qui impose la réalisation d'une analyse du cycle de vie (ACV) pour évaluer les émissions de carbone tout au long de la durée de vie du bâtiment. Ce label anticipe la future réglementation environnementale du bâtiment neuf, telle qu'elle est prévue par la loi de transition énergétique. Grâce à ce double critère énergie et carbone, il permettra aux maîtres d’ouvrage de "choisir la combinaison adéquate en fonction des spécificités du territoire, de la typologie de bâtiments et des coûts induits", indique le ministère du Logement. Les premiers labellisés "E+C-" seront révélés le 15 mars prochain.