Congrès des maires – "Le 100% fibre est non négociable"

Alors que la contrainte budgétaire se resserre sur les financements des réseaux, les maires craignent une remise en cause de la promesse de la fibre pour tous. Le ministre de l'Industrie, Marc Ferracci, ne les a pas vraiment rassurés lors du 106e Congrès des maires 2024, ce mercredi 20 novembre. 

"L'accès au numérique c'est aussi indispensable que l'eau". Une exigence rappelée par plusieurs maires venus interpeller le ministre de l'Industrie Marc Ferracci à l'atelier couverture numérique du Congrès des maires 2024, ce 20 novembre. Car si la fibre est désormais à proximité de 9 foyers sur 10 sur le territoire, il y a lieu de s'inquiéter sur la fibre pour tous, initialement promise pour 2025. De fait, les élus voient les déploiements ralentir. À Saint-Etienne – en zone d'initiative privée – un élu s'est inquiété du sort réservé par Orange à un quartier peu dense : "Cela fait quatre ans qu'on nous promet la fibre et elle ne vient toujours pas". Un sentiment d'abandon partagé par ce maire du Cher dont la commune de 300 habitants est "coupée en 2, avec d'un côté des gens qui ont la fibre et de l'autre des habitants à qui on explique que la fibre c'est trop cher et qui ont une connexion mobile qui se dégrade !" Quant à l'idée de devoir recourir au satellite pour les foyers restants "ce n'est tout simplement pas possible" pour Frédérique Charpenel maire de Soustons. "Nous récusons l'idée d'un pourcentage de foyers non raccordables et voulons un traitement au cas par cas avec des exceptions au principe de la fibre pour tous" a assené Michel Sauvade, maire de Marsac et référent numérique de l'AMF.

Une méthode, mais pas de financements de l'Etat

Marc Ferracci, dont c'était la première intervention publique devant des élus sur l'aménagement numérique, a surtout évoqué la nécessité d'une "méthode" pour traiter la problématique du "dernier kilomètre" des réseaux de communication électronique. Une référence au processus de concertation/co-construction entre l'État, les opérateurs et les collectivités mis en place dans le cadre du New deal mobile et du plan THD. Ce n'est cependant pas des financements qu'il faudra attendre de l'État, comme c'était le cas pour ces deux programmes phares. Première victime de la réduction des crédits affectés au plan THD, Mayotte - où moins de 10% des habitants peuvent accéder au THD - n'a pas été rassurée. La réduction de 50 à 13 millions d'euros de la subvention de l'État a été confirmée par l'ANCT même si le ministre a promis des "concertations complémentaires" aux élus mahorais. Seul acquis, sous réserve que le Parlement vote le budget, le fléchage de 16 millions d'euros sur les raccordements FTTH complexes sur la partie privative du réseau. Cette aide, délivrée dans le cadre du guichet cohésion numérique des territoires, sera "expérimentée" dans les communes ayant entamé l'arrêt du cuivre. Elle sera "réservée aux habitants demandant expressément le raccordement" a cru bon de préciser le ministre.

Les opérateurs sommés de communiquer

Autre source de débats, le rôle confié au maire dans la transition du cuivre vers la fibre. Car Nicolas Guérin, secrétaire général d'Orange aura eu beau répéter que "le plan cuivre n'est pas le plan d'Orange mais le plan de tous", incitant les maires à l'aider sur "la communication", le message a du mal à être entendu. "Ce n'est tout de même pas le maire qui arrête le cuivre !", lui a rappelé un maire du Rhône qui refuse de "jouer le rôle de commercial des opérateurs" et leur demande urgemment de "communiquer". Le lancement d'une campagne de communication nationale sur l'arrêt du cuivre fait du reste partie des demandes anciennes de l'AMF. Mais là encore, il ne faudra pas trop compter sur l'État. Le ministre s'est contenté de renvoyer la balle aux opérateurs pour le portage de cette communication.