Congrès de l'USH : satisfaite de l'accord conclu avec l'Etat, la fédération des ESH émet toutefois des réserves
Le "document d'engagement réciproque" conclu entre l’Etat et l'Union sociale pour l'habitat (USH) à l’occasion du 83e congrès HLM à Nantes répond aux attentes de la Fédération des Entreprises sociales pour l’habitat (ESH), mais en partie seulement. Sa présidente, Valérie Fournier, attend les détails de l’attribution des 1,2 milliard d’euros et, surtout, regrette que seule la rénovation énergétique du parc soit concernée au détriment de la production neuve.
Au regard du contexte, le 83e congrès de l’USH a été, selon Valérie Fournier, un bon millésime. "Depuis plusieurs années, nous sommes anesthésiés", estime la présidente de la Fédération des Entreprises sociales pour l’habitat (ESH), "nous sommes satisfaits lorsqu’il n’y a pas de mauvaises nouvelles". Et de fait, ce congrès a plutôt apporté, si ce n’est de bonnes nouvelles, des éléments positifs aux acteurs du logement social, dont la fédération des EHS qui gère, avec 2,5 millions de logements et 175 SA d’HLM, la moitié du parc français. Des éléments pour autant "pas à la hauteur de la crise actuelle de l’immobilier et du secteur social", ajoute Valérie Fournier.
Ainsi "le document d’engagement réciproque" entre l’Etat et l'Union sociale pour l’habitat, assorti d’une enveloppe de 1,2 milliard d’euros sur les trois prochaines années pour soutenir les investissements des bailleurs sociaux dans la rénovation thermique de leur parc (voir notre article de mercredi 4 octobre ainsi que notre article de ce jour), ne satisfait qu’en partie la présidente de l’EHS. "Nous avions demandé des milliards, nous avons quelques millions", a-t-elle réagi lors d’un point presse sur le stand de la fédération au parc des Expositions de la Beaujoire à Nantes. "Le gouvernement a acté une enveloppe mais on ne sait pas quels seront les circuits budgétaires", a déploré Valérie Fournier qui espère que "les engagements se traduiront par un travail plus collectif" dans le cadre du projet de loi sur le logement attendu pour le printemps 2024.
"Desserrer le taux de rotation"
En outre, aussi essentielle que soit la rénovation énergétique, l'enveloppe ne suffirait pas à compenser les perturbations du modèle économique du logement social. "Nous avons toujours dit que ce modèle ne pouvait pas être uniquement axé sur la rénovation", insiste Valérie Fournier qui mise aussi sur la production nouvelle. D’autant plus que celle-ci a baissé de 13% en 2022 pour les ESH et de 16% pour les offices HLM. Les prévisions tablent pour 80.000 logements sociaux neufs cette année. "Mon espoir est qu’elle ne continue pas à diminuer", a lâché la directrice d’I3F. Reste à savoir comment le secteur va réagir à la contraction de la production issue des promoteurs privés, qui représente en moyenne la moitié des programmes sociaux neufs.
Enfin, la question du doublement de la part des logements locatifs intermédiaires (LLI) dans le parc des bailleurs sociaux, passant de 10% à 20%, prévu également dans le "document d’engagement réciproque", répond aux attentes de la fédération des ESH. "Nous militons en faveur du besoin de mobilité vers le haut du parc", argue Valérie Fournier, "il est absolument nécessaire que le taux de rotation se desserre". L’augmentation du parc de LLI, aux loyers plus élevés, est aussi un moyen pour les ESH d’améliorer l’équilibre économique de leurs opérations depuis la réduction de leurs subventions. Cette nouvelle mesure devra toutefois être actée dans une loi.
La fédération des EHS a signé, lors de ce 83e congrès de l’USH à Nantes, un partenariat avec la ministre du Logement de la Polynésie, Minarii Galenon-Taupua, visant à faciliter l’accès au logement étudiant des jeunes polynésiens venant poursuivre leurs études en France, et en particulier en Ile-de-France. |