Congé de naissance : la concertation est lancée

La ministre déléguée chargée de l'enfance et des familles, Sarah El Haïry, a réuni ce mercredi 15 mai employeurs, syndicats, élus et les associations familiales pour lancer une concertation sur le nouveau "congé de naissance" et notamment son éventuelle articulation avec l'actuel congé parental. Les répercussions d'une telle réforme sur les modes de garde seront nécessairement scrutées de près par les collectivités.

La concertation réunit les organisations syndicales et patronales, l'Union nationale des associations familiales (Unaf) ainsi que les associations d'élus, indique-t-on dans l'entourage de la ministre. Elle porte sur quatre thématiques, dont une éventuelle articulation avec l'actuel congé parental et la possibilité de prendre ce congé de naissance à temps partiel. Figure également l'accès à ce congé pour des populations spécifiques (agriculteurs, indépendants, ou parents adoptants...), ou encore "la mobilisation des employeurs" pour compléter l'indemnité, comme c'est déjà le cas pour les congés de paternité ou maternité.

Le gouvernement vise une entrée en vigueur pour la deuxième moitié de 2025. Dans un entretien au magazine Elle la semaine dernière, Emmanuel Macron a précisé les contours de ce nouveau congé : "Trois mois pour les mères, trois mois pour les pères, cumulables durant la première année de l'enfant, et indemnisé à hauteur de 50% du salaire jusqu'au plafond de la Sécurité sociale", soit 1.900 euros. "Avec ce congé, les deux parents pourront s'arrêter pendant trois mois chacun : c'est un moment crucial parce que c'est là que se nouent des liens pour la vie avec l'enfant", a déclaré Sarah El Haïry à l'AFP. "Aujourd'hui, beaucoup de Français renoncent à avoir des enfants parce qu'ils s'inquiètent pour la disponibilité d'un mode d'accueil, pour leur carrière, pour l'augmentation de leurs charges...", indique-t-elle.

Quelque 220.000 familles avaient recours en 2022 au congé parental, indemnisé à hauteur de 448 euros par mois. Mais le nombre de familles a chuté de moitié depuis la réforme de 2014 qui en a réduit l'indemnisation et la durée, de trois à deux ans. "Aujourd'hui, le congé parental donne droit à un forfait mensuel de 448 euros. C'est trop peu. Sa durée est longue. Cela éloigne les femmes, souvent les plus précaires, de l'emploi", avait déclaré la ministre à la Tribune dimanche. "Le recours à cette aide s'est effondré", d'où "la nécessité" d'une réforme. "Le dispositif trouvera sa traduction juridique dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025", a-t-elle précisé.

Tout en saluant le nouveau dispositif annoncé par le gouvernement, l'Union nationale des associations familiales souhaite que "l'indemnisation d'un congé parental perdure jusqu'à l'entrée en maternelle car il répond aux besoins de certaines familles". Elle juge son financement possible car la réforme de 2014 "a fait économiser un milliard d'euros par an" aux deniers publics, selon Jean-Philippe Vallat, directeur des études à l'Unaf. Un congé de naissance mieux indemnisé peut "alléger la pression sur les modes d'accueil pour les tout-petits, qui demandent le plus de personnel", note en tout cas l'Unaf.

"Ce congé de naissance répond aux demandes des parents de passer plus de temps avec leur enfant. Mais raccourcir le congé parental met les gens en difficulté s'il n'y a pas assez de modes de garde disponibles", souligne pour sa part Hélène Périvier, présidente du Haut conseil de la Famille (HCFEA). En sachant qu'il manque 200.000 places d'accueil de jeunes enfants. Et qu'une place de crèche coûte environ 20.000 euros à la collectivité.