Crèches : la Cnaf valide le "bonus attractivité"

Des revalorisations salariales pour les professionnels de la petite enfance ont été annoncées par le gouvernement le 6 mars dernier (voir notre article). Le conseil d’administration de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) vient d’approuver les moyens dédiés à ces augmentations, en créant un "bonus attractivité" qui bénéficiera aux crèches publiques et privées financées par la prestation de service unique (PSU). La mesure s’applique de façon rétroactive à partir du 1er janvier 2024. Ce bonus "s’élève à 970€ par place et par an pour le secteur privé et à 475€ pour le secteur public", ce qui correspond "aux deux tiers des coûts supportés par les employeurs pour atteindre une augmentation moyenne de 150 euros nets par mois pour les salariés (en tenant compte des mesures récentes de revalorisation dans la fonction publique)". Pour pouvoir être mises en œuvre, ces revalorisations doivent s’inscrire dans les nouvelles conventions collectives nationales (crèches privées) ou être votées par les assemblées délibérantes des collectivités (crèches publiques). 

Dans un communiqué du 12 mars, la CGT mettait en avant les limites de ce dispositif de revalorisation : un montant qui ne comble pas complètement l’écart avec la prime Ségur (189 euros nets par mois), des inégalités dans l’application, certains gestionnaires "n’étant pas en mesure ou n’ayant pas la volonté de financer le reste à charge", et une absence de prise en compte de l’accueil individuel qui représente pourtant "le premier mode d’accueil de la petite enfance" et qui va subir une importante vague de départs à la retraite d’ici 2030. Dans un communiqué du 20 mars, l’Union nationale des associations familiales (Unaf) alertait également "sur le risque de déstabilisation du secteur qu’engendrerait l’application différenciée de ce bonus" et appelait à des mesures de soutien transitoires. 

Ce nouveau bonus, qui "représentera à terme un budget annuel de près de 240 millions d’euros" pour la branche Famille, doit surtout contribuer à éviter de nouveaux départs de professionnels de crèches et à recruter sur des postes actuellement vacants. En avril 2022, "8.900 postes auprès d’enfants étaient déclarés durablement vacants ou non remplacés en crèches collectives, soit entre 6,5% et 8,6% de l’effectif du personnel des 16.000 crèches interrogées", indique la Cnaf. Auditionnée le 28 février dernier à l’Assemblée nationale, Clotilde Robin, coprésidente du groupe de travail de l’Association des maires de France (AMF) sur la petite enfance, a insisté sur l’importance de "sécuriser l’existant", laissant entendre que la création de nouvelles places par les collectivités était difficilement envisageable. La dynamique de création de places est liée, ces dernières années, au développement des microcrèches, essentiellement privées ; ces dernières ne bénéficieront pas des revalorisations salariales annoncées.