Fonction publique territoriale - Concours d'administrateur territorial : le programme et les épreuves changent
Localtis - Pourquoi les épreuves et les programmes des concours pour le recrutement des administrateurs territoriaux ont-ils été revus ?
Véronique Robitaillie - Depuis plusieurs années, le programme des épreuves n'était plus tout à fait en phase avec les politiques publiques des collectivités territoriales. Par exemple, l'épreuve de questions sociales n'était pas assez centrée sur les politiques menées par les collectivités. Par ailleurs, les épreuves ne permettaient pas d'identifier suffisamment bien certaines compétences qui sont aujourd'hui très recherchées: la capacité à bâtir des projets stratégiques, ainsi qu'à travailler selon des méthodes collaboratives aussi bien en interne qu'avec des responsables d'autres collectivités, ou des partenaires. Du fait notamment des difficultés des finances publiques, les collectivités attendent de leurs cadres de direction qu'ils créent des effets de levier et favorisent le travail collaboratif au sein des équipes.
D'où la mise en place d'une épreuve de mise en situation professionnelle collective au stade de l'admission ?
Nous avons répondu aux nouveaux enjeux en recentrant les épreuves écrites sur la vérification des connaissances et les épreuves orales sur les aptitudes professionnelles. Suivant cette logique, les finances publiques seront une épreuve écrite et le grand oral, au lieu d'être un exercice de culture générale, sera un entretien permettant d'éclairer les motivations et les aptitudes du candidat. Nous avons aussi introduit l'épreuve de mise en situation professionnelle collective. Par équipes de trois à cinq, les candidats simuleront un exercice de gouvernance ou de management interne, au cours duquel ils devront démontrer leur capacité à produire des orientations collectives.
Certains, comme la fédération CGT des services publics, pointent la difficulté qu'aura le jury à fonder une appréciation objective à partir de ce "jeu de rôle".
La question se posait aussi pour le grand oral et, au-delà, pour toute épreuve non technique d'un concours. Mais la composition du jury, avec ses neuf personnes (trois élus locaux, trois fonctionnaires territoriaux et trois personnalités qualifiées) offre la garantie aux candidats qu'ils ne seront pas évalués de manière subjective par une personne isolée. D'autant qu'avant les épreuves orales, les membres de ce jury prennent le temps de construire ensemble leur grille d'appréciation. C'est une garantie forte d'équité entre tous les candidats.
Propos recueillis par Thomas Beurey
Référence : décret n° 2015-1490 du 16 novembre 2015 fixant les conditions d'accès et les modalités d'organisation des concours pour le recrutement des administrateurs territoriaux.