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Logement / Emploi - Concierge et gardien d'immeuble : un métier en voie de transformation ou de disparition ?

On la disait "pipelette", on lui découvre des vertues de "création de lien social", notamment en direction des personnes âgées dépendantes. Mais la concierge moderne pourrait aussi faire des tâches administratives, du management, organiser des événements... C'est ça ou l'extinction progressive du métier, rappelle une étude d'AGEFOS-PME.

La branche professionnelle des gardiens, concierges et employés d'immeubles d'AGEFOS-PME publie une étude prospective sur le métier de gardien d’immeuble, dans un contexte où, observe-t-elle, des "menaces pèsent sur la pérennité de cette fonction". Réalisée par le cabinet Interface, l'étude s'attache à identifier les moyens d’endiguer ce phénomène en montrant que le métier de gardien couvre – et couvrira de plus en plus s'il veut perdurer - un large panel d’activités : accueil bien sûr, mais aussi garde des clés des résidents, réception de colis, entretien de l'immeuble et sécurité des installations. Plus encore : entretien des espaces verts, petits travaux d'entretien et de réparation, et parfois même tâches administratives, voire management (dans les résidences les plus importantes) et organisation d'évènements. Le gardien représente aussi, note l'étude, "un soutien aux personnes dépendantes".
Interface a identifié quatre axes d'action pour accompagner l’évolution des missions et du métier de gardien d’immeuble : la communication (valorisation des métiers ; information des gardiens sur les évolutions en cours ; travail sur l’attractivité du métier) ; les ressources humaines (adaptation des formations aux nouvelles exigences du métier de gardien ; accompagnement des employeurs en matière RH…) ; le management (évolution de l’organisation du temps de travail...) ; des actions législatives et fiscales (négociation sur les possibilités d’abattement fiscal pour l’emploi d’un gardien ; étude des possibilités de réduction des coûts liés à l’entretien de la loge via des aides à la copropriété).
Déjà, en 2008, un contrat d'étude prospective (CEP) mené par le ministère de l'Emploi sur les métiers du gardiennage faisait état d’une "remise en question de la présence d’un gardien dans les immeubles". Parmi les facteurs conduisant à cette conclusion : la révision de la politique du bâti, qui ne prévoit plus de loges dans les nouveaux projets immobiliers, mais aussi l’externalisation des prestations, l’intégration des nouvelles technologies dans les espaces de vie ou encore "l’impact négatif de l’augmentation des charges des copropriétés dans un contexte socio-économique dégradé".
Cette année-là, les avocats Françoise et Philippe Pelletier avaient formulé 32 "Propositions en vue de la revalorisation du métier de gardien d'immeuble" à la ministre du Logement de l'époque, Christine Boutin. Celle-ci souhaitait alors développer la présence de gardiens et concierges dans les immeubles d'habitation, considérant que c'était "un élément nécessaire au renforcement du lien social, particulièrement à un moment où le vieillissement de la population exige le développement des services à la personne" (voir notre article ci-contre du 7 novembre 2008). Le rapport de 2008 suggérait par exemple de "construire une véritable filière de la formation des gardiens", d'améliorer leur statut ou encore d'inciter les constructeurs à créer des bureaux d'accueil distincts du logement de fonction.