Commerce spécialisé : la fédération Procos veut redonner "envie" d'aller en magasin

Procos se lance dans plusieurs actions pour "agir pour un commerce qui donne envie" dans un contexte de baisse de fréquentation des magasins. La fédération compte prochainement discuter avec ses nouveaux interlocuteurs au gouvernement. Deux sujets sont en haut de son agenda : l'adoption du projet de loi de simplification de la vie économique, qui contient plusieurs mesures pour le commerce, et la transformation des zones commerciales. 

Dans un climat morose pour le commerce, même si une légère amélioration a eu lieu en septembre 2024, Procos, la fédération de promotion du commerce spécialisé, se met en ordre de marche pour "agir pour un commerce qui donne envie". "L'envie est au cœur de notre réflexion, a signalé André Tordjman, président de Procos, lors d'une conférence de presse organisée le 15 octobre 2024. Nous avons une organisation bâtie pour décliner cette raison d'être ; nous sommes passés d'un monde où il fallait consommer pour exister à un monde où pour consommer il faut avoir envie." 

Cette campagne s'inscrit dans un contexte de baisse de fréquentation des magasins par rapport à 2023 (-2% depuis janvier). Et il y a peu de différence dans ce domaine entre la périphérie et les centres-villes. En revanche, le web "sur-performe" avec une évolution à la hausse de 5,2% et cela dans tous les secteurs, sauf la restauration et l'équipement maison. "Probablement, en période de recherche de prix plus bas, le web est favorisé", a commenté Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos.

La fédération va ainsi créer quatre comités en son sein : des enseignes qui donnent envie, des lieux de commerce qui favorisent l'envie, des collaborateurs qui ont envie et une RSE qui fait envie

Côté collaborateurs, Procos imagine deux formations continues diplômantes, pour former des responsables de réseaux et des équipes immobilières. Un dispositif de validation des acquis (VAE) à destination des responsables de points de vente est également envisagé. "Nous représentons un énorme employeur avec des employés qui n'ont pas beaucoup de diplômes, a souligné André Tordjman, il faut leur donner la possibilité d'avoir une promotion et leur donner le plaisir de travailler."

Inquiétude sur les loyers

Autres idées : créer une journée de l'envie dans une ville avec tous les acteurs (commerçants, pouvoirs publics, maires, foncières, collaborateurs, étudiants) et réaliser un voyage d'études à la National Retail Federation (NRF) de New York en janvier 2025 pour trouver les inspirations d'un commerce innovant. Une matinale est aussi prévue le 6 novembre avec les dirigeants des adhérents de Procos sur le thème de la création d'un trafic rentable en magasin et digital. "Les pure players ont du mal sans magasin et les magasins ont besoin du digital, a expliqué André Tordjman. Il faut travailler pour faire coexister les deux modèles."

Au-delà de ces projets, la fédération compte rapidement rencontrer ses nouveaux interlocuteurs au gouvernement, Antoine Armand, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique et Françoise Gatel, ministre délégué chargée de la ruralité, du commerce et de l'artisanat. En haut de son agenda figure le projet de loi de simplification de la vie économique qui contient des mesures sur le commerce comme la mensualtion des loyers dans les baux commerciaux et le plafonnement des dépôts de garantie (voir notre article du 5 avril 2024). Déjà examiné par le Sénat avant l'été, il doit faire l'objet d'un vote solennel le 22 octobre. Procos s'inquiète de l'évolution des loyers. Ils devraient augmenter deux fois plus vite que l'inflation en 2025, alerte la fédération.

Autre sujet dans son viseur : la transformation des zones commerciales. Un plan destiné à transformer les zones commerciales a été lancé en septembre 2023 par le gouvernement pour réinventer ces zones qui s'étalent sur plus de 500 millions de m2 en France et qui représentent près de 72% de la consommation des ménages (voir notre article du 11 septembre 2023). "Les réflexions vont se poursuivre sur le sujet, avec notamment la question de la place du commerce dans les territoires", a indiqué Emmanuel Le Roch.

L'habillement reprend des couleurs en septembre

Procos a également fait un point sur la conjoncture. Certains secteurs à la peine sur l'année commencent à sortir de l'ornière. C'est le cas de l'habillement qui a repris des couleurs à la rentrée, du fait de la météo qui a plongé les citoyens dans l'automne plus vite que prévu : le secteur enregistre une hausse de 18,5% de ses ventes en septembre 2024 par rapport à septembre 2023, sur une tendance baissière de 1,6% entre janvier et septembre 2024. Même chose pour l'équipement de la maison (+1,5% en septembre contre une baisse de 2% depuis janvier). Des chiffres en ligne avec ceux de l'Alliance du commerce du 1er octobre, qui affichent une hausse de 24,5% du chiffre d'affaires en magasin en septembre pour les enseignes de l'habillement. "Le refroidissement brutal des températures et les pluies abondantes ont incité les consommateurs à s'équiper en vêtements chauds et imperméables de la collection automne-hiver disponible en magasin", indique l'Alliance du commerce dans un communiqué. 

Et pour la tendance à venir, Procos reste positif à l'approche des fêtes de fin d'année. "Il y a moins d'inflation de manière durable a priori et le logement va relancer les secteurs qui sont à la peine", a affirmé Emmanuel Le Roch.