Stratégie de Lisbonne - Comment les collectivités envisagent-elles l'après-Lisbonne ?
Le Comité des régions (CdR) se décide à prendre une part active dans l'élaboration de la future stratégie de Lisbonne. Les chefs d'Etat et de gouvernements réunis dans la capitale portugaise en 2000 s'étaient donnés dix ans pour faire de l'Union européenne "l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde", capable d'une "croissance économique durable accompagnée d'une amélioration quantitative et qualitative de l'emploi et d'une plus grande cohésion sociale". On sait ce qu'il en est advenu. Dans un avis rendu en novembre dernier, le Comité de régions pointait déjà une stratégie qui "manque de coordination et qui continue de s'inscrire dans une démarche excessivement descendante". Et demandait que des priorités et des objectifs plus précis soient fixés, sur la base d'accords écrits. Une concertation régulière entre collectivités locales, collectivités régionales, niveau national et niveau européen était également préconisée. Lors du sommet des régions et des villes d'Europe qui s'est tenu à Prague la semaine passée, le Comité des régions a lancé une consultation à l'attention des pouvoirs locaux et régionaux. Tous sont invités à donner leur avis sur la façon dont l'Europe peut atteindre l'objectif qu'elle s'était fixée à Lisbonne. Un questionnaire a pour cela été préparé. En six items, il vise à établir un bilan de la stratégie mise en place ainsi qu'à envisager l'avenir de l'économie de la connaissance européenne. En rassemblant le plus grand nombre de contributions, le CdR espère être mieux entendu par les dirigeants européens. Et voir les collectivités plus impliquées dans la définition des politiques mais surtout dans leur mise en oeuvre. Le rapporteur de l'avis du Comité des régions, Flavio Delbono, vice-président de la région italienne Émilie Romagne, a pointé l'incapacité, avec une telle stratégie, de "faire participer et de mobiliser les acteurs institutionnels, à savoir les collectivités régionales et locales". Déjà début 2008, le ministère français de l'Economie avait chargé l'avocat Laurent Cohen-Tanugi de réfléchir à la suite à donner à la stratégie de Lisbonne qui avait subi en 2005 de légères modifications visant à la rendre plus opérationnelle en termes de croissance et d'emploi. Le rapport insistait sur les avancées que représente l'élaboration d'une telle politique transversale, permettant à la Commission européenne de se saisir de sujets qui ne sont pas directement de sa compétence. Il jugeait toutefois insuffisants les efforts engagés, notamment pour l'image de l'Europe hors de ses frontières. Laurent Cohen-Tanugi préconisait donc de dépasser Lisbonne pour "passer à la vitesse supérieure" au sein des pays de l'Union et de mettre parallèlement en place un autre volet qui définirait la stratégie économique extérieure de l'Union européenne. Le rapport de près de 230 pages peut inspirer les responsables locaux et régionaux qui souhaitent participer à la consultation proposée par le Comité des régions. Celle-ci sera ouverte jusqu'au 20 avril prochain. Ses résultats seront présentés et discutés à Bruxelles lors de la semaine des Open Days, en octobre, puis intégrés au nouvel avis qui sera rédigé pour le CdR par Christine Chapman. L'avenir de la stratégie de Lisbonne sera scellé lors du Conseil européen du printemps 2010.
Caroline Garcia / Welcomeurope