Archives

Europe - Comment Bruxelles est devenue la capitale internationale des lobbies régionaux et locaux

Avoir un bureau de représentation à Bruxelles ? C'est aujourd'hui la norme pour les régions européennes. Une étude menée par des chercheurs belges sur l'évolution des représentations régionales à Bruxelles montre l'ampleur du phénomène : en avril 2007, 165 régions, 17 autorités locales et sous-régionales, 26 réseaux d'autorités locales et régionales et 18 autres entités avaient des bureaux à Bruxelles, soit au total 226 entités. Et encore, "ce chiffre ne reflète que partiellement la présence de ces bureaux à Bruxelles", constatent les auteurs, Michel Huysseune et Theo Jans, un certain nombre de régions ne s'étant pas encore fait accréditer. L'objectif de cette étude est de mieux comprendre ce que font ces bureaux infranationaux (représentations régionales et locales) dans la capitale européenne. Les chercheurs ont notamment mis en évidence la rapidité avec laquelle les nouveaux Etats membres se sont pliés à l'exercice.

 

Le rôle initial des représentations régionales à Bruxelles

Ces représentations d'autorités infranationales ont débuté au milieu des années 1980, avec l'ouverture du bureau de Birmingham en 1984. Les autorités régionales et locales allemandes et britanniques ont fait figure de pionnières, mais pas pour les mêmes raisons. Les régions britanniques, plus rompues à la culture politique du lobbying, avaient pour objectif premier de trouver des ressources financières. Les régions allemandes ont, quant à elles, cherché avant tout à répondre à l'impact croissant de la réglementation européenne sur leurs pouvoirs nationaux.

Depuis les années 1990 et notamment le traité de Maastricht qui a conforté la dimension régionale (principe de subsidiarité, augmentation des fonds structurels), le processus n'a jamais cessé. Avec la perspective de l'accession en 2004 de dix nouveaux Etats membres, le nombre de représentations d'autorités locales et régionales a fortement augmenté entre 2002 et 2003. Les autorités de pays candidats, comme la Croatie, de pays partenaires (Norvège et Suisse) ou de pays participant à la politique de voisinage (Ukraine) ont également ouvert leur antenne.

 

De nouvelles missions

Aujourd'hui, la motivation des représentations locales et régionales à Bruxelles ne se limite plus à la recherche de sources de financement auprès de l'Union européenne. Ces ambassadeurs régionaux ont désormais comme priorité la communication et le "networking", terme à la mode pour désigner le tissage de réseaux. La présence à Bruxelles permet aux régions de mettre au point une stratégie de marketing et d'identité plus importante qu'auparavant.

Par conséquent, les principales fonctions des bureaux sont axées autour de quatre domaines d'activité : gestion de l'information, établissement de réseaux, liaisons entre les autorités locales et régionales et l'UE et influence de la politique européenne. Les activités politiques sont donc devenues primordiales.

Les représentations régionales tentent également d'établir des partenariats entre elles : par exemple les régions de Wielkopolskie (Pologne), Aquitaine (France), Emilie-Romagne (Italie) et Hesse (Allemagne) disposent d'un bâtiment commun avec leurs propres espaces de bureaux. Cela reflète une volonté stratégique de coopérer étroitement et d'échanger les informations entre ces régions.

Tous les bureaux convergent vers des objectifs et des activités similaires. Leur présence va bien au-delà de la disponibilité de fonds européens ou de l'influence politique du Comité des régions. Ils réalisent des tâches utiles pour leur région d'origine et lui offre de la visibilité. La tendance n'est pas près de s'inverser.

 

Blandine Potemsky / Welcomeurope