Sports - CNDS : la France envoie un signal symbolique en faveur des grands événements sportifs internationaux
La tenue, mardi 23 février, du conseil d'administration du Centre national pour le développement du sport (CNDS) consacre un changement d'orientation symbolique de la politique de l'Etat en matière de sport. En faisant des grands événements sportifs "une priorité", le CNDS a pris un virage à 180 degrés par rapport aux choix mis en avant au début de l'actuel quinquennat.
En octobre 2012, quelques mois après sa nomination à la tête du ministère des Sports, Valérie Fourneyron dénonçait les dérives du CNDS et fustigeait notamment les dépenses consacrées aux grands événements, pour lesquelles on était passé de "0 euro en 2008 à 24 millions d'euros engagés en 2012". Conséquence immédiate, en mars 2013, le CNDS annonçait la "réorientation de l’établissement vers le sport pour tous".
Après le remaniement ministériel d'août 2014 qui a conduit Patrick Kanner au poste de ministre des Sports, plusieurs événements sont venus troubler cette volonté de retourner à la vocation initiale du CNDS. D'un côté, un rapport de 2014 a mis en cause le manque d'effet de levier des subventions d'équipements, d'un autre côté, les attentats de janvier 2015 poussaient le gouvernement à mettre "plus de sport là où c'est nécessaire, dans les quartiers populaires". Résultat : sauvées in extremis, les subventions aux équipements de proximité étaient réduites à la portion congrue, tandis que l'animation sportive des quartiers prioritaires se déclinaient à travers le plan Citoyens du sport.
Et les grands événements sportifs dans tout ça ? Chassés il y a trois ans, ils sont revenus par la fenêtre à la faveur de la candidature de Paris à l'organisation des Jeux olympiques 2024. Le ministère des Sports n'a ainsi pas hésité à titrer le communiqué émis après le conseil d'administration du CNDS du 23 février : "Priorité aux grands événements sportifs".
Avant Paris 2024, Rio 2016
Certes, d'un point de vue comptable, cette "priorité" demeure très relative, voire symbolique. A travers une convention Etat/CNDS/GIP Paris 2024, le CNDS financera la candidature de Paris à hauteur de 10 millions d'euros, somme qui fera l'objet d'un prélèvement exceptionnel sur la Française des jeux, selon un modèle déjà retenu pour financer les aides de l'Etat aux stades de l'Euro 2016. Par ailleurs, la convention sécurise la participation du CNDS, à hauteur de 15%, dans l'éventualité d'un déficit. Sur les 60 millions nécessaires à mener à bien la candidature, près de la moitié manquent encore…
Le dernier conseil d'administration a également prévu un soutien financier à "la tenue des tournois de qualification olympique en France, pour donner toutes les chances à nos équipes de participer aux Jeux". Dans cette catégorie, on pense par exemple aux tournois préolympiques féminins de basket, du 13 au 19 juin à Rezé, et de handball, du 18 au 20 mars à Metz. Des financements qui n'entraient pas forcément dans la ligne du CNDS mais pour lesquels le ministère a tranché en faveur de cette solution. Dans le même ordre d'idée, l’aide aux délégations sportives du CNOSF (Comité national olympique et sportif français) pour soutenir les sportifs qui représenteront la France à Rio l'été prochain, et qui devait s'élever à 900.000 euros, s'établit finalement à 1,2 million.
A quelques mois de l'Euro 2016 de football, manifestation pour laquelle le CNDS s'est fortement engagé à travers une aide de 160 millions d'euros, et après le vote controversé d'une exonération fiscale partielle pour les organisateurs de grands événements sportifs à l'occasion de la loi de finances rectificative pour 2014, le ministère des Sports a envoyé, ce 23 février 2016, un nouveau signal fort aux institutions sportives internationales. Un signal que Patrick Kanner espère assez fort pour parvenir aux oreilles des membres du Comité international olympique qui désigneront, en septembre 2017, la ville-hôte des Jeux olympiques 2024.