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Environnement - Clôture de la conférence environnementale : Manuel Valls met l'accent sur les transports

La quatrième et dernière conférence environnementale du quinquennat s'est achevée mardi 26 avril 2016 en début d'après-midi après le discours de clôture du Premier ministre. Manuel Valls a vanté le bilan environnemental de son gouvernement et plaidé pour l'adoption d'une nouvelle loi d'orientation des transports intérieurs adaptée aux enjeux de la mobilité de demain.

"Je le dis devant vous avec toute la modestie qui s'impose : que de chemin parcouru depuis la dernière conférence environnementale" de novembre 2014, a jugé Manuel Valls en clôturant, mardi 26 avril en début d'après-midi, la quatrième et dernière conférence environnementale du quinquennat. Le Premier ministre a qualifié la loi de transition énergétique, adoptée en août 2015 de "grande loi du quinquennat". Il a notamment mis en avant les engagements de ce texte qui prévoit de réduire la part du nucléaire à 50% "à l'horizon 2025" et d'aller vers une taxe carbone à 56 euros la tonne en 2020 puis 100 euros en 2030.
Le rapprochement entre les prix du gazole et de l'essence, amorcé cette année par le gouvernement, se poursuivra dans la prochaine loi de finances, a assuré le Premier ministre . "Les effets sont très nets (...) Les ventes se font, de plus en plus, au profit des véhicules à essence. Et nous poursuivrons ce rééquilibrage dans le projet de loi de finances 2017", a affirmé Manuel Valls. Au 1er janvier 2016, les taxes sur le gazole ont augmenté de 1 centime, tandis que celles sur l'essence ont baissé d'autant. La contribution climat énergie, sorte de taxe carbone intégrée à la fiscalité sur les carburants et le fioul, a, elle, augmenté à 22 euros par tonne de carbone en 2016. Elle doit passer à 30,5 euros en 2017. Lorsqu'il avait annoncé, à l'automne dernier, sa décision d'amorcer ce rééquilibrage en 2016, le gouvernement avait indiqué qu'une nouvelle hausse d'un centime sur le gazole et une nouvelle baisse d'autant sur l'essence auraient aussi lieu en 2017. Actuellement, l'écart entre le prix d'un litre de gazole et celui d'un litre d'essence est d'un peu plus de 20 centimes d'euros. Toujours à propos de la lutte contre la pollution de l'air, Manuel Valls a assuré que le gouvernement suivra "les premières expérimentations de zones de circulation restreinte avec beaucoup d'attention" et qu'il sera "à l'écoute des demandes des maires" sur les évolutions à apporter.

Critique à l'égard du Tafta

"Nous avons enfin mis un terme aux aides à l'exportation pour les centrales à charbon. Cela doit avoir valeur d'exemple pour nos voisins", a poursuivi le chef du gouvernement qui a évoqué le projet de traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union européenne (Tafta ou TTIP). "Je veux être très clair : il ne pourra pas aboutir s'il n'apporte pas les garanties que le niveau d'exigence que nous avons en France pour la santé et l'environnement de nos concitoyens sera maintenu", a déclaré le Premier ministre. "Aujourd'hui nous sommes trop loin du compte", a-t-il estimé.
Il a abordé ensuite le thème de la biodiversité. Il a affirmé que l'Agence française prévue par le projet de loi sur la biodiversité "aura les moyens de son action", et que le gouvernement "ne pourra en aucun cas accepter" l'absence de restriction d'utilisation du Roundup à l'échelle européenne. Pour "réduire le recours aux pesticides", les "certificats d'économie des produits phytosanitaires" adoptés dans la loi d'avenir sur l'agriculture seront prochainement mis en œuvre, a-t-il dit.
Concernant le nucléaire, "l'État accompagne la refondation de la filière nucléaire" qui fait face à une chute des prix de l'électricité sur le marché européen, a souligné Manuel Valls. Il a réitéré les propos de François Hollande et de Ségolène Royal à propos de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), qui "sera soumise à la consultation d'ici le 1er juillet et contiendra différents scénarios sur l'énergie nucléaire et les énergies renouvelables". Quant à la fermeture des réacteurs, ce sera à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de se prononcer. Le décret sur la centrale de Fessenheim sera pris dans les "prochains mois". "Le nucléaire, je connais les débats, a été un domaine d'excellence française et doit le rester. Mais pas au détriment des autres énergies", a affirmé Manuel Valls.

Plaidoyer pour une nouvelle Loti

L'accompagnement du secteur des transports vers la transition écologique se fait "avec peine", a reconnu le Premier ministre. C'est pourtant "un des champs prioritaires d'action si nous voulons gagner la bataille du climat". Il plaide donc pour l'adoption d'une nouvelle Loi d'orientation des transports intérieurs (Loti). Ce texte qui encadre les activités de transport ferroviaire et routier a été élaboré il y a 35 ans. "Je crois utile que ce pays se dote d'une nouvelle Loti, adaptée à la COP21, et peut-être d'ailleurs plutôt d'une Lomi, loi de mobilité intérieure", a-t-il déclaré. Manuel Valls a demandé au secrétaire d'État en charge des transports, Alain Vidalies, et à la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, qui a la tutelle sur les transports, d'organiser en 2016 cette réflexion sur "la mobilité de nos concitoyens dans les 30 années qui viennent". Il appelle aussi l'industrie automobile française à être "à la pointe d'un modèle moins polluant" et la logistique à "devenir plus écologique". "Nous devrons être précurseurs comme nous l'avons été pour la grande vitesse."

Notre-Dame-des-Landes : "sortir par le haut"

A propos de la politique de gestion des déchets, Manuel Valls souhaite qu'en 2020, 65% du papier utilisé soit recyclé. "Il faudra améliorer le circuit de la collecte et du tri", a-t-il dit.
Le Premier ministre a également abordé le projet de Notre-Dame-des-Landes et rappelé la consultation locale "pour connaître l'avis de la population la plus concernée". Le gouvernement "en tirera les conclusions" ce qui permettra de "sortir par le haut" de l'impasse actuelle.
La feuille de route issue de la conférence environnementale sera présentée en comité interministériel du développement durable "dans les prochaines semaines" puis au Conseil national de la transition écologique (CNTE). Le Premier ministre a terminé son discours sur le "choix de la modernité" que fait le gouvernement avec sa politique environnementale : "Je suis fier d'être à la tête du gouvernement sans doute le plus écologiste qui ait jamais existé. Je connais tous les débats. Je mets au défi quiconque de contredire ce qualificatif."

Anne Lenormand avec AEF et AFP
 

Nucléaire : le périmètre du plan de protection autour des centrales élargi
A la suite d'échanges avec le secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, "j'ai décidé en liaison avec lui d'étendre le rayon des périmètres des plans particuliers d'intervention de dix à vingt kilomètres", a déclaré Ségolène Royal à la presse, en marge de la conférence environnementale, le jour du 30e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. "Les autorités européennes de sûreté et de radioprotection avaient recommandé d'étendre les périmètres des PPI, aujourd'hui prévus jusqu'à 10 km en France", a-t-elle rappelé. "Dans d'autres pays, c'est déjà 20 km (...) Maintenant, il y a une homogénéisation", s'est-elle félicitée. Le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale "va mettre en place cette décision", a-t-elle ajouté sans préciser de date.
Les PPI visent à protéger les populations, les biens et l'environnement face aux risques liés notamment aux installations nucléaires. Déclenchés par les préfets, ils prévoient notamment l'information de la population, la mobilisation des hôpitaux, l'organisation d'une éventuelle mise à abri de la population... Le 5 avril dernier, l'Association nationale des comités et commissions locales d'information (Anccli) avait présenté deux rapports sur les plans d'urgence nucléaire en France. Estimant que le pays n'était pas prêt à affronter un accident nucléaire majeur, l'association formulait de nombreuses recommandations pour remédier à cette situation. Elle appelait notamment à revoir en profondeur les PPI autour des 19 sites nucléaires présents sur le territoire et proposait d'étendre le périmètre des PPI pour la mise à l'abri des populations à 80 km. A.L.
 

 

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