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Coopération décentralisée - Cités Unies France s'interroge sur le rôle des collectivités dans les situations d'urgence

La deuxième édition du Forum pour la coopération internationale des collectivités a eu lieu les 7 et 8 juillet 2011 au palais des Congrès à Paris. L'occasion pour Cités Unies France*, l'institution organisatrice de l'événement, de rassembler les différents acteurs de la coopération décentralisée : les collectivités françaises et leurs fédérations, des collectivités étrangères, mais aussi les représentants de l'Etat, les grandes institutions comme l'Association française de développement (AFD) et la Caisse des Dépôts, le monde associatif et les entreprises concernées par le développement local. "Le mouvement est d'autant plus fort qu'il sera porté du bas vers le haut. Le rôle des élus est donc absolument indispensable", a affirmé lors de l'ouverture du forum Henri de Raincourt, ministre chargé de la coopération.
Parmi les grandes problématiques abordées : l'intervention des collectivités territoriales en cas de risques majeurs ou de catastrophes naturelles. Ces catastrophes se multiplient au fil des ans : entre 1990 et 2010, leur nombre a été multiplié par 1,38 pour atteindre 278.835. Avec les conséquences que l'on connaît : morts, disparitions, destruction de quartiers ou de villes entières...
Depuis 2007, avec la loi Thiollière, les collectivités locales peuvent intervenir sur des actions d'urgence. Elles ont ainsi été nombreuses à se mobilier après le séisme d'Haïti de janvier 2010 (9 millions d'euros débloqués pour l'urgence et la reconstruction) et le séisme du Japon de mars 2011. Leur rôle dans le traitement de ces situations d'urgence a été particulièrement souligné lors du forum. "Il est important que les collectivités s'engagent pour apporter dans leurs propres communes et dans la coopération décentralisée leur appui pour faire face à toutes ces catastrophes naturelles", a affirmé Jean-Louis Testud, adjoint au maire de Suresnes et vice-président de Cités Unies France. Certaines de ces collectivités ont déjà une longue expérience du sujet. C'est par exemple le cas du conseil général des Côtes-d'Armor - dont l'un des vice-présidents, Charles Josselin, est également président de Cités Unies France -, qui s'est investi très tôt dans la coopération décentralisée. "On avait décidé dans notre stratégie de ne pas intervenir dans l'urgence, explique Isabelle Nicolas, vice-présidente du conseil général des Côtes-d'Armor en charge de l'Europe et de l'international, mais en 2009 nous sommes intervenus au Niger, dans le département de Tchirozérine touché par des inondations, tout en faisant attention au cadre de notre intervention et en faisant appel à Cités Unies France." Une façon d'engager, aux côtés des Côtes-d'Armor, d'autres collectivités et associations et de mutualiser ainsi les forces pour ne pas avoir "que des petites actions dans cette zone."

Pérenniser les actions

Le conseil général a également cherché à pérenniser son action d'urgence en aidant les élus locaux nigériens à s'organiser, à faire remonter leurs besoins et, surtout, à se faire entendre auprès des grosses structures et de  gouvernement. "Notre réponse leur permet d'être reconnu comme un maillon indispensable et de se sentir légitime pour agir", poursuit Isabelle Nicolas. Après coup, les collectivités ont mis en place un programme de construction pour que cette zone du Niger dispose de maisons plus robustes. "L'urgence n'est pas restée sans lendemain", a souligné Isabelle Nicolas.
L'idée est aussi de traiter d'égal à égal avec leurs homologues étrangers. Finalement "les collectivités urbaines ou rurales de France se posent les mêmes questions que les collectivités d'Haïti ou du Niger, a souligné François Grünewald, directeur général et scientifique du groupe Urgence-réhabilitation-développement (URD). Toutes ont les mêmes problèmes avec des moyens de réponses différents. C'est une problématique qui doit être réfléchie à toutes les échelles du territoire." Le spécialiste a reconnu le rôle primordial des acteurs locaux dans le traitement des crises d'urgence, les autres acteurs comme les associations humanitaires ou organisations non gouvernementales (ONG) n'intervenant souvent que 24 heures après l'événement, voire quelques jours après. "Les acteurs locaux sont les premiers à répondre et tous leurs savoir-faire vont être de plus en plus importants à mettre dans la palette humanitaire", a-t-il ainsi précisé.
Même principe après la crise. Les compétences en matière de gestion urbaine, de services, de fiscalité, sont souvent détenues par les élus locaux… Cités Unies France compte poursuivre cette réflexion sur le rôle des élus locaux dans le traitement des situations de crise et de catastrophes naturelles. Un séminaire devrait être organisé prochainement, à l'automne ou au cours de l'année 2012.

Emilie Zapalski

* Cités Unies France fédère les collectivités françaises engagées dans la coopération internationale. Elle compte 500 adhérents et anime un réseau de 3.000 collectivités territoriales.