Agriculture - Circuits courts : une nouvelle étude pèse le pour et le contre
Les avantages des circuits courts ne sont pas toujours là où on les attend... C'est ce que révèle une étude du Commissariat général au développement durable (CGDD) publiée fin mars 2013. Au départ, on imagine que ces nouveaux circuits, qui favorisent la vente directe (Amap, vente à la ferme, marchés de producteurs) ou la vente à travers un intermédiaire au plus (une grande surface ou une coopérative), ont surtout un moindre impact sur l'environnement. Or ce n'est pas si évident car "c'est la phase de production qui pèse le plus sur les impacts environnementaux des produits agroalimentaires et notamment sur leur bilan carbone, comme l'explique l'étude, ainsi, les moindres distances généralement parcourues par les produits locaux ne suffisent pas à affirmer leur qualité environnementale." Au total, 57% des émissions de gaz à effet de serre de la chaîne alimentaire sont liés à la phase de production et seulement 17% aux phases de transport… Par ailleurs, l'impact environnemental va aussi dépendre des modes de transport utilisés par les consommateurs. Un exemple : le pain fabriqué localement est, sur le plan de la fabrication, plus lourd que celui du pain industriel. En revanche, si le consommateur va acheter son pain en voiture, l'achat dans une boulangerie artisanale va devenir plus économe en énergie pour 1 kg de pain acheté, dès que le trajet du domicile au supermarché dépasse 500 mètres…
Alimentation durable
Les circuits courts ont en revanche bien d'autres avantages avérés comme le réancrage territorial de l'activité agricole, une meilleure valorisation des produits par le producteur ou encore le rapprochement entre l'agriculteur et le consommateur. Les circuits courts permettraient ainsi un renforcement du lien social et une meilleure compréhension par les producteurs et les consommateurs de leurs mondes respectifs. "Les consommateurs sont rassurés par la connaissance des conditions de production des produits et comprennent mieux les contraintes du métier d'agriculteur, détaille le CGDD, ces circuits peuvent d'un autre côté permettre aux producteurs de trouver une motivation supplémentaire à l'exercice de leur métier."
Les circuits courts modifieraient même les rapports de pouvoir au sein des systèmes alimentaires, en donnant plus de place au consommateur. "Ils sont porteurs d'apprentissage, pour les consommateurs, mais aussi concernant les pratiques agricoles et leurs impacts, les pratiques culinaires et les pratiques démocratiques elles-mêmes, détaille l'étude, le consommateur devient citoyen alimentaire et réduit la passivité de ses choix alimentaires." Enfin, les circuits courts correspondent à un moyen de développer une alimentation durable, même si "ce mode de commercialisation ne permet cependant pas de répondre à lui seul à l'ensemble des enjeux de durabilité de l'alimentation".
En 2010, 21% des exploitations agricoles (ruches, fruits, légumes, vignes, produits animaux) vendent en circuits courts et en particulier en vente directe.