Circuits courts - Agriculture : un business qui se fait au détriment des agriculteurs

A l'occasion du Salon de l'agriculture qui se déroule du 23 février au 3 mars 2013 à Paris, le site de bons plans Radins.com a mené une enquête sur les circuits de consommation. Un constat : les agriculteurs sont toujours les perdants en matière de rémunération. Face à cette situation, les producteurs tentent de trouver des solutions innovantes, limitant le nombre d'intermédiaires, comme le nouveau "drive fermier" créé récemment en Gironde.

A l'occasion du Salon de l'agriculture, qui se déroule du 23 février au 3 mars 2013 à Paris, le site Radins.com, qui regroupe des bons plans et astuces, a décidé de mener l'enquête sur le business de l'agriculture. Avec, au final, une confirmation : un circuit de consommation qui se fait au détriment des agriculteurs. "Du producteur au consommateur, l'on compte généralement deux intermédiaires : l'industriel et le distributeur, explique ainsi sur le site Valérie Dewerte, rédactrice en chef. Malgré toutes les crises qui secouent le monde agricole, les agriculteurs persévèrent et assument la production nécessaire pour nourrir la population. Et pourtant, les agriculteurs sont toujours les perdants dans ce circuit de consommation. Les distributeurs sont les plus heureux : peu importe la situation." Et la responsable du site de faire la démonstration de ce circuit, à la défaveur des agriculteurs. Le prix au kilogramme des tomates importées du Maroc ou d'Espagne est d'environ 2,29 euros. Le prix au kilo des tomates issues de producteurs locaux, et vendues par Leclerc sous la bannière "C'du coin", est quant à lui à 2,89 euros, soit 60 centimes de plus (26%) que les tomates venues d'ailleurs… Le circuit court, censé faire baisser les prix, augmente au contraire les tarifs. Seul argument pour justifier ce surcoût : la qualité du produit, et sa provenance locale. Mais c'est en fait la venue d'intermédiaires supplémentaires qui favorise cette augmentation de prix.

Après les "drive" de McDo, les "drive fermier"

Face à ces pratiques, les producteurs tentent de se défendre. La livraison de paniers d'aliments de saisons, directement chez les particuliers, comme les Amap (associations pour le maintien de l'agriculture paysanne) est un moyen utilisé depuis plusieurs années pour limiter les intermédiaires. Autre solution, imaginée cette fois-ci par la chambre d'agriculture de la Gironde : le "drive fermier". Cette nouvelle forme de commercialisation des produits agricoles, qui a vu le jour en octobre 2012, propose aux consommateurs de faire leur choix sur internet et de venir après coup chercher leur commande dans un site de retrait, situé sur les axes majeurs empruntés pour les trajets domicile-travail. Près de 200 commandes de produits sont enregistrées chaque semaine par ce premier "drive fermier" créé en Gironde, où une vingtaine de producteurs locaux référencent plus de 200 produits (vins, fruits, légumes, fromages, viandes de bœuf, agneau, veau,…). Le plus du système : un agriculteur volontaire du réseau charge sur place la voiture du consommateur, pour assurer un service de qualité. La règle en matière de prix est claire. Ils ne peuvent pas être supérieurs à ceux pratiqués en vente directe à la ferme. Plus question de voir les prix s'envoler de plus de 20% entre le moment où ils quittent leur lieu de production et celui où ils sont présentés en magasin… Objectif de la manœuvre : assurer aux producteurs locaux une rémunération juste, qui se passe d'intermédiaires. Le système vient en complément des autres circuits courts, et souvent les producteurs participent à plusieurs d'entre eux. L'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA) a financé l'outil internet à hauteur de 100.000 euros. La chambre d'agriculture a quant à elle investi 80.000 euros avec le soutien du conseil général, du conseil régional et du Crédit Agricole. Il faut dire que le département de la Gironde est le premier département en matière de circuits courts. 700 agriculteurs et 2.000 viticulteurs y participent. D'autres "drive fermier" sur ce modèle pourraient prochainement ouvrir dans d'autres villes de Gironde, ailleurs en Aquitaine et dans d'autres régions.