Développement local - Circuits courts : attention à ne pas pénaliser le commerce de proximité
Phénomène qui a le vent en poupe grâce, entre autres, à l’aide des collectivités locales (voir notre article du 08 avril 2010), les circuits courts laissent sceptique le président du Conseil du commerce de France pour qui "la multiplication des circuits courts pourrait pénaliser les distributeurs commerciaux". Il faudrait donc, selon Gérard Atlan, "faire attention car le commerce local reste essentiel" notamment dans les zones rurales. Or, les collectivités seraient plus attentives aux circuits courts qu’aux commerces de proximité. Une inquiétude qui ne semble pas partagée par les maires, comme en témoignent les nombreuses initiatives de soutien au développement des circuits courts exposées lors d'un atelier sur "le maire, animateur du tissu économique local" qui s’est déroulé dans le cadre du 93e Congrès des maires, jeudi 25 novembre. Ces circuits courts qui imposent "la présence d’un intermédiaire maximum entre le producteur et le consommateur", comme l’a rappelé l’adjointe au maire de Brive-la-Gaillarde, Samira Kasri, sont d’ailleurs souvent présentés comme une solution miracle pour les agriculteurs. Selon le rapport du groupe de travail "circuits courts de commercialisation" de mars 2009, les 88.600 exploitations agricoles qui réalisaient de la vente directe en 2005 seraient "plus professionnelles, plus intensives en main d’œuvre et plus économes en foncier". Reste donc à équilibrer les aides publiques, comme l’a rappelé le maire de la Roche-sur-Buis, Michel Grégoire, pour qui "le maire doit créer la cohésion pour que les projets qui naissent soient positifs pour tous : agriculteurs et commerçants". Un défi de plus pour les maires "chefs d’orchestre et médiateurs", selon Gérard Atlan.
Muriel Weiss
Des implantations d'entreprises trop aléatoires
"Symbole de l’ancrage territorial", le maire a, selon le directeur du développement et des mutations économiques de la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale), un rôle incontournable à jouer dans l’attractivité de son territoire. Or, Yannick Imbert s’inquiète "du développement d’une économie "hors-sol", qui échappe aux territoires dès lors que les entreprises ne s’intéressent pas aux territoires qui les entourent". Selon lui, "les maires souffrent encore trop d’une incapacité à valoriser leurs territoires au regard des entreprises". Et lorsque les entreprises s’en vont, sans raison économique particulière, elles laissent derrière elles "des friches non seulement immobilières mais aussi sociales désastreuses". La solution : mieux cibler les critères étudiés par les entreprises pour venir s’implanter sur tel ou tel territoire. Une tâche délicate quand Yannick Imbert avoue qu’il examine actuellement le dossier d’une entreprise "qui ne sait pas si elle va s’installer en France ou en Asie".
M. T.