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Sécurité - Christian Lambert : "Les ZSP sont un laboratoire"

Le préfet chargé d'évaluer les ZSP en tire un bilan positif, notamment en matière de prévention, avec un renforcement du partenariat local. Même si "c'est quelque fois un peu le désordre", a-t-il dit devant la mission parlementaire sur la lutte contre l'insécurité.

Après s'être déjà rendu dans près de la moitié des zones de sécurité prioritaire (ZSP), le préfet Christian Lambert chargé d'évaluer le dispositif en tire un bilan positif. Tout d'abord au niveau des chiffres où "la tendance est très favorable", a assuré le préfet, auditionné le 29 janvier par la mission parlementaire sur la lutte contre l'insécurité dans les territoires. Mais au-delà des statistiques, il s'est longuement appesanti sur la dimension partenariale et le volet prévention des ZSP. Là, il a constaté une "très bonne volonté", même si "c'est quelque fois un peu le désordre", a-t-il reconnu.
Les 80 ZSP, créées en trois vagues successives depuis le mois de juillet 2013, reposent sur les deux leviers sécurité-prévention. Une cellule de coordination a été installée pour chacun d'eux. La première, co-présidée par le préfet et le procureur, regroupe les forces de sécurité au sens large (y compris les Douanes et les directions départementales des finances publiques). L'autre, baptisée cellule de coopération opérationnelle de prévention (CCOP), s'appuie sur le "partenariat". Elle associe les élus, l'éducation, les bailleurs, les transporteurs, ou encore les acteurs de l'emploi… "Le ministre de l'intérieur attache autant d'importance à l'un qu'à l'autre", a assuré le préfet. La CCOP privilégie une "approche individualisée", a-t-il souligné, ce qui est plus difficile à évaluer."Dans les départements où les ZSP sont déjà bien ciblées, parce qu'un travail a été entrepris avant la ZSP, on obtient de bons résultats", a-t-il développé. "Lors que le partenariat est très solide, la délinquance a une baisse pérenne", a-t-il ajouté.
Lorsqu'il se rend dans une ZSP, Christian Lambert demande un "diagnostic social". Plusieurs groupes de travail sont alors installés. L'un associant le directeur d'académie se penche sur les décrocheurs et les absentéistes. Un autre s'intéresse à l'emploi, la formation et l'insertion professionnelle (d'où l'importance d'associer Pôle emploi et les missions locales dans la cellule). Un troisième travaille sur l'intégration, le renforcement de la parentalité, les stages de citoyenneté ; un quatrième sur la prévention de la récidive ; enfin un groupe évalue les mesures de prévention situationnelle, en lien avec la politique de la ville. "La rénovation urbaine contribue à faire baisser la délinquance", a assuré Christian Lambert.

Effets reports ?

Selon le préfet, les élus se satisfont du renforcement du partenariat mais "ils disent qu'il faudrait travailler à une simplification, car il y a une redondance des instances". "Il y a quelque chose à faire pour simplifier et passer à une forme plus opérationnelle que ces grandes réunions", a-t-il suggéré.
"Les ZSP sont un véritable laboratoire", a appuyé le préfet pour qui les élus apprécient encore le fait que la réforme ne soit "pas rigide" et qu'elle repose sur un "principe de proximité". «" Il n'y a pas une ZSP qui ressemble à une autre", a-t-il martelé.
Le préfet a dû répondre, sinon à des critiques, du moins à quelques mises en garde. Le député UMP Philippe Goujon, co-rapporteur de la mission, a ainsi regretté que la quasi-totalité des effectifs supplémentaires recrutés dans la police et la gendarmerie aillent vers les ZSP. "Attention à ce qu'il en reste aussi pour les autres (…) Est-ce qu'on ne va pas avoir une France à deux vitesses", a-t-il dit. Le député socialiste Daniel Vaillant, a pour sa part soulevé la question des "effets reports" qui taraudent les élus. "J'en ai constaté dans le métro : quand on ne peut plus être en surface, on va dans le sous-sol", a-t-il témoigné, évoquant les stations ders 9e et 18e arrondissements de Paris. D'après l'ancien ministre de l'Intérieur, la RATP devrait s'associer au partenariat. "Je pense qu'on a fait évoluer les mentalités", a-t-il dit. Mais le préfet a minimisé cet effet report : "Un jeune est perdu quand il n'est plus dans son quartier", a-t-il dit, tout en louant le travail de la police : "Il y a un suivi, on s'intéresse plus aux individus qu'aux faits, on a une plus forte connaissance des personnalités qui posent problème dans le secteur." Selon lui, il n'y a pas de déport en zone gendarmerie et un seul déport a été constaté en zone police.