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Sécurité - Manuel Valls vante les résultats de ses ZSP

Le ministre de l'Intérieur a présenté, lundi, les résultats obtenus dans les 64 zones de sécurité prioritaire et confirmé une nouvelle sélection pour la fin de l'année. Le constat dressé par le mouvement HLM la semaine dernière donne cependant à penser que la lutte contre les trafics est loin d'être gagnée. Manuel Valls a par ailleurs encouragé la création de polices intercommunales et annoncé qu'une proposition de loi était en préparation.

Fort des résultats observés dans les 64 zones de sécurité prioritaire, le ministre de l'Intérieur a confirmé qu'une nouvelle sélection interviendrait "avant la fin de l'année", mais "en nombre beaucoup plus restreint". "Il s'agit de garantir les possibilités d'un travail en profondeur dans chacun de ces territoires", a-t-il déclaré, lors de son deuxième discours devant les hauts gradés de la police et de la gendarmerie, réunis à l'Ecole militaire, lundi 30 septembre 2013. La liste n'est pas arrêtée, mais d'après son entourage, entre 10 et 20 ZSP seraient visées. Au terme de cette troisième salve, on serait encore loin des 120 à 130 pour 2014 promises aux maires de grandes villes il y un an.
En dehors de nouvelles déclarations de fermeté sur l'évacuation des campements illicites, en pleine polémique gouvernementale, le ministre a pu répliquer aux accusations portées récemment contre ses mauvais résultats. "Je le dis clairement, nous avons obtenu des résultats !", a-t-il contrattaqué, quelque semaines après que Le Figaro avait constaté une très forte augmentation des violences et des cambriolages en France… "Dans les 64 ZSP mises en place à ce jour, des solutions innovantes ont été déployées", s'est félicité Manuel Valls, avant d'égrainer quelques chiffres.
En matière d'incivilité, priorité de 41 des 64 ZSP, l'indicateur d'atteintes à la tranquillité publique a ainsi reculé de 10,7%, alors qu'au niveau national la baisse n'est que de 0,6%. S'agissant de la lutte contre les violences urbaines, le recul est de 27,1% dans les 14 ZSP concernées. A Amiens, frappée par des émeutes en août 2012, la diminution est de 38%, soit une centaine de faits en moins. L'indicateur des violences urbaines a baissé de 7% au plan national.
Les résultats les plus spectaculaires ont été obtenus, selon le ministre, dans les 59 ZSP qui ont fait de la lutte contre les trafics de stupéfiants et l'économie souterrain une priorité. Le nombre total de personnes mises en causes pour des affaires de trafic a ainsi augmenté de 38%, les services ayant saisi 1,17 tonne de cannabis, 34 kg de cocaïne et plus de 4,7 millions d'avoirs criminels. A l'échelle nationale, le nombre de trafiquants et de revendeurs arrêtés a progressé de 12% depuis le début de l'année.

 "On est parti pour longtemps !"

Un bilan qui tranche cependant avec le constat peu amène dressé par le mouvement HLM lors de son congrès de Lille, la semaine dernière. En clôture de ce congrès, le 26 septembre, le ministre délégué à la Ville, François Lamy, avait lui-même abordé de front "la question des trafics et les dégâts provoqués en termes d'insécurité par l'économie souterraine". "J'ai visité plus de 130 quartiers. A quelques exceptions près, vos locataires subissent partout les méfaits de ce fléau", a-t-il observé.
"Il y a des quartiers sous la coupe réglée de trafiquants de drogue, et pas seulement à Marseille", avait témoigné quelque temps auparavant, dans une table ronde sur les perspectives de la politique de la ville et des quartiers, Jean-François Lapière, directeur général d'Actis, office public de l'habitat de la région grenobloise. "Toutes les politiques publiques s'y heurtent, ce qui rend quasi impossible le travail de proximité", avait-il ajouté. Les zones de sécurité prioritaire, il trouve cela "très intéressant" mais doute que les problèmes puissent se résoudre sans effectifs supplémentaires. Et d'évoquer son territoire, Grenoble, où 90% des forces de l'ordre déployées dans le cadre de la ZSP sont concentrées sur un quartier de 1.000 logements.
Le ministre délégué à la Ville a quant à lui déclaré qu'il souhaitait développer "les moyens préventifs et les actions de cohésion sociale dans les ZSP", estimant que "ce volet n'est pas encore assez construit".
Mais ZSP ou pas, François Lamy veut renforcer les liens entre les bailleurs sociaux et les dispositifs de prévention et de sécurité. Il a ainsi sollicité le président de l'Union sociale pour l'habitat pour travailler mieux ensemble sur les "procédures d'alerte et de suivi" à mettre à disposition des locataires. L'objectif étant de "permettre à une famille dont les enfants commencent à être pris dans l'engrenage, d'être accompagnée dès que le problème survient, avec les règles de confidentialité adéquates". Une démarche validée peu avant dans la table ronde avec le témoignage d'un élu, et pas n'importe lequel : Francis Chouat, successeur de Manuel Valls à la mairie d'Evry et à la présidence de l'agglomération d'Evry Centre-Essonne. "Mon prédécesseur a constitué une police municipale et l'a équipée", s'est-il félicité, ajoutant aussitôt que ce déploiement ne saurait être totalement efficace "sans les dispositifs qui mettent les citoyens en situation d'alerter", mais aussi " sans les politiques de recrutement durable des gardiens"…
Mais les procédures d'alerte peuvent-elles réellement être efficaces quand on est dans un "système proche des systèmes mafieux, dans lesquels les habitants sont victimes et pour une part complice. Des gens en tirent des revenus. D'autres sont dans des situations difficiles car leurs enfants peuvent être impliqués…", a interrogé le bailleur social Jean-François Lapière, très applaudi par les congressistes lorsqu'il a lâché : "On est parti pour longtemps !"
Sa conviction : "Le bailleur est responsable de la tranquillité résidentielle de ses locataires, mais pas des trafics." Il en appelle à la responsabilité de chacun, précisant bien que "la nôtre n'est pas d'assurer la sécurité dans les quartiers".

V.L. et M.T.

Manuel Valls encourage les polices intercommunales

Alors qu'à ce jour, moins de 10% des intercommunalités possèdent leur police, le ministre de l'Intérieur a encouragé, lundi 30 septembre, la "mutualisation intercommunale". "Il m'apparaît inévitable que [les polices municipales] se transforment progressivement en résonance avec la structuration croissante des intercommunalités", a-t-il déclaré lors de son deuxième discours devant les forces de sécurité, à l'Ecole militaire. "La mutualisation permettra de mieux répartir les agents et les ressources", a-t-il ajouté, citant l'exemple de la vidéoprotection, de la sécurité des événements ou de la protection des réseaux de transport.
Le ministre a également annoncé qu'une proposition de loi était "en cours d'écriture, en lien avec le ministère, pour tirer les conclusions" du rapport des sénateurs François Pillet et René Vandierendonck d'octobre 2012. Ce rapport plaide pour la création de polices territoriales et la fusion des cadres d'emplois des 18.000 policiers et des 1.400 gardes champêtres. "J'ai bon espoir que ce chantier aboutisse au premier semestre 2014", a déclaré le ministre, souhaitant que le texte constitue "une étape forte de la consolidation du rôle des polices municipales." Par ailleurs, un projet de loi sera présenté en 2014 pour rénover la loi de 1983 sur la sécurité privée.
Manuel Valls a également annoncé un élargissement des missions de la délégation de la sécurité privée actuellement dirigée par le préfet Blanchou pour devenir une "délégation aux coopérations de sécurité". "Son champ de compétence embrassera les polices municipales, la sécurité privée, les relations avec les professions exposées et la vidéoprotection", a précisé le ministre.

M.T.