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Education - Chalon-sur-Saône supprime le menu de substitution au porc dans ses cantines scolaires

Gilles Platret, maire (UMP) de Chalon-sur-Saône, co-président du récent groupe de travail "Laïcité" de l'Association des maires de France, a adressé un courrier aux parents des 3.800 élèves de la ville en accompagnement du formulaire d'inscription de leurs enfants aux cantines municipales en vue de la rentrée scolaire de septembre prochain, dans lequel il annonçait sa décision de "mettre un terme à la pratique installée dans la collectivité depuis 31 ans, qui consistait à proposer un menu de substitution dès lors qu'un plat contenant du porc était servi dans les cantines".
"Il est indispensable de revenir à une pratique exigeante du vivre-ensemble. Cela passe par une séparation de la sphère publique et de la sphère privée. En cet effet, l'offre de restauration ne peut pas prendre en compte des considérations religieuses. Proposer un menu de substitution dès lors que du porc est servi, c'est opérer une discrimination entre les enfants, ce qui ne peut être accepté dans le cadre d'une République laïque. Les cantines scolaires de Chalon doivent redevenir des espaces de neutralité", explique-t-il dans sa lettre.
Interrogée à ce sujet en marge de la réunion à Paris des ministres européens de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem "condamne" et "regrette" cette "prise en otages" des enfants, au moment où le Parlement adopte une loi sur "le droit à la cantine pour tous" (NDLR : la proposition de loi Schwartzenberg, voir notre article du 13 mars 2015) . Elle considère cette décision comme "démagogique" et "politicienne" et ajoute qu'il est "de notre intérêt que les enfants mangent", et ne viennent pas en classe l'après-midi "le ventre vide". Elle pense aux enfants qui font un seul repas équilibré par jour, grâce à la restauration scolaire.
Pour sa part, le président de l'Observatoire de la laïcité reconnaît qu'"aucune obligation ne contraint la commune dans le cadre d'un service facultatif", mais estime "que la laïcité ne saurait être invoquée pour refuser la diversité de menus (...). Cette offre de choix ne répond pas à des prescriptions religieuses mais à la possibilité pour chacun de manger ou non de la viande tout en empêchant la stigmatisation d'élèves selon leurs convictions personnelles".

Valérie Liquet avec ToutEduc