Education - Carte scolaire : "La moitié des établissements déstabilisés sont des collèges moyens, de ville moyenne", selon le SNPDEN-Unsa
Le SNPDEN-Unsa, principal syndicat des chefs d'établissements, a annoncé début février son intention de mener une enquête de grande ampleur sur l'assouplissement de la carte scolaire (lire notre article ci-contre). Ce 6 mai, les premiers résultats sont mis en ligne. Première constatation : "globalement, une majorité - à peu près deux tiers des établissements - ne sont pas concernés aujourd'hui directement par les effets de l'assouplissement de la carte scolaire" mais "si on regarde à la loupe, 10% le sont assez sévèrement", explique Philippe Tournier, secrétaire général du syndicat, lors de la présentation de cette étude. Les établissements les plus fragiles, ceux en "ZEP" (zone prioritaire) et "RAR" (réseau ambition réussite, considérés comme les plus difficiles), sont ceux qui pâtissent le plus de l'assouplissement de la carte scolaire. Ils perdent les meilleurs élèves, puis les moyens. Ne restent que les élèves en difficulté. Là, "plus aucune dynamique de progrès n'est possible", selon Philippe Tournier. "L'assouplissement de la carte scolaire a amplifié considérablement (...) la tendance à la ghettoïsation de ces établissements", ajoute-t-il.
Autre fait nouveau : "La moitié des établissements déstabilisés (...) sont des collèges moyens, de ville moyenne." La possibilité offerte aux parents de choisir entre deux établissements à l'origine équivalents "crée des mécanismes de transfert de l'un à l'autre et, à l'arrivée, on a un établissement plein, et un qui est fui", explique-t-il. "Des phénomènes préoccupants qui pourraient s'amplifier sont en train de s'installer et c'est maintenant qu'il faut agir !", avertit le syndicaliste. Enfin, selon le syndicat, "dans les endroits où on a attisé la concurrence" entre plusieurs établissements publics, "il y a plus de départs vers le privé parce que les établissements publics les plus demandés étant déjà pleins, il y a des mécontents" qui se tournent vers le privé.
Cette étude a été menée par internet auprès des personnels de direction du 9 au 19 mars. Y ont répondu "2.758 établissements, soit plus du tiers" des collèges et lycées, précise le SNPDEN-Unsa. Au-delà de cette étude, le syndicat demande au ministre de l'Education de rouvrir ce dossier car "si on laisse faire les choses, dans trois ou quatre ans il sera trop tard", selon Philippe Tournier.
"La difficulté, c'est que pour le moment, on peut remarquer un certain nombre de tendances, mais il n'y a pas de choses encore suffisamment saillantes pour pouvoir en tirer des conclusions suffisamment significatives pour aller au-delà de ce qu'on a fait jusqu'ici", a répondu le ministère. Ce dernier estime l'étude du SNPDEN "intéressante, qui alimente la réflexion au ministère". "Mais il n'est pas question sur un sujet comme celui-ci de faire une annonce considérable du jour au lendemain. [...] Il y a des enquêtes en cours que les services affinent au fur et à mesure", a-t-il précisé, ajoutant que "quelque chose sortirait lorsque nous serons sûrs des tendances".
Catherine Ficat