Education - Carte scolaire: les chefs d'établissements vont faire leur propre enquête
"Voilà cinq mois que Luc Chatel nous parle de chiffres sur la carte scolaire, et nous n'avons toujours rien. Le ministère dispose pourtant des statistiques et des outils pour fournir ces données, là nous avons vraiment l'impression qu'il est en train de chercher les chiffres qu'il faut", a déclaré Philippe Tournier, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale (SNPDEN), principal syndicat des chefs d'établissements, lors d'une conférence de presse le 1er février. Après avoir demandé en septembre dernier la création d'un "observatoire de la mixité sociale et scolaire" (lire notre article ci-contre), le SNPDEN annonce maintenant qu'il ferait donc en mars sa propre enquête sur l'impact de l'assouplissement de la carte scolaire. "Il faut que l'Etat joue son rôle sur la question de la carte scolaire : nous demandons la transparence sur les statistiques publiques", a déclaré le secrétaire général. "Le gouvernement donne uniquement les chiffres des dérogations obtenues, chiffres qui n'ont aucun intérêt pour éclairer la situation des établissements", a-t-il jugé. Dans l'enquête du SNPDEN, les chefs d'établissement seront invités à se prononcer sur l'évolution des effectifs de leur établissement ces trois dernières années et à faire le lien avec l'assouplissement de la carte scolaire. Philippe Tournier cherche à savoir quel impact cette mesure a eu sur la mixité scolaire et sociale. Les chefs d'établissement devront également préciser le type d'établissement qu'ils dirigent, son environnement géographique ("milieu rural", "ville de 2.000 à 30.000 habitants", "agglomération de plus de 30.000 habitants"), et la présence ou non dans les alentours d'un autre établissement public. Le SNPDEN veut savoir ce qui se passe dans "les établissements moyens de proximité, qui accueillent la grande masse des élèves". Selon Philippe Tournier, ces établissements pourraient connaître actuellement "une déstabilisation muette, qui n'est pas spectaculaire". "Dans des endroits sans histoire, les choses sont en train de basculer" et il y a un risque de "dérive vers des établissements mono-sociaux et mono-scolaires", a-t-il estimé. Dans son rapport du 3 novembre 2009, la Cour des comptes avait quant à elle souligné que l'assouplissement de la carte scolaire dans l'éducation prioritaire entraîne une déperdition d'élèves et une concentration de l'échec scolaire dans les établissements les plus en difficulté (lire : "La Cour des comptes met en garde contre la création de ghettos scolaires"). Les résultats de l'enquête du SNPDEN seront publiés "fin mars", selon son secrétaire général.
Catherine Ficat