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Capitale européenne de la culture 2028 : les candidatures françaises se bousculent

Clermont-Ferrand vient de présenter sa candidature au titre de capitale européenne de la culture pour 2028, prochaine échéance pour les villes françaises. Nice et Reims en ont fait autant récemment, rejoignant les rangs de Rouen, Bourges, Saint-Denis, Amiens... et d'autres encore. Les étapes à franchir sont nombreuses. Mais toutes savent que les retombées de ce titre sont potentiellement importantes.

Après Paris en 1989 (éclipsée par le bicentenaire de la Révolution), Avignon en 2000 (à l'époque avec huit autres cités européennes), Lille en 2004 et Marseille en 2013, quelle ville française sera la capitale européenne de la culture en 2028 ? Cette année-là en effet, une ville française portera à nouveau ce titre, avec une autre cité européenne (en l'occurrence une ville tchèque). Avec 27 États membres de l'UE – et malgré l'attribution à deux pays chaque année –, il faut en effet se montrer patient pour bénéficier de ce titre très convoité et aux fortes retombées. L'expérience montre en effet, surtout depuis Lille 2004, que cette distinction transforme en profondeur l'offre culturelle, mais aussi l'image d'une ville. Conséquence : les candidatures se bousculent, même s'il faut faire la distinction, à ce stade encore très précoce, entre déclarations d'intention et dossiers déjà bien avancés.

Entrée en lice de Nice, Clermont-Ferrand et Reims

Coup sur coup, trois villes viennent de s'ajouter à la liste des candidates. Le 6 mai, Nice a ainsi annoncé sa candidature. Pour Christian Estrosi, "nous avons fait de la culture une priorité du mandat". Le maire de Nice entend lancer un plan d'investissement de 100 millions d'euros sur cinq ans pour renforcer cette dimension et préparer la candidature. Pour mémoire, Nice était déjà candidate en 2013 et la ville est par ailleurs candidate à une inscription au patrimoine mondial de l'Unesco au titre de "capitale du tourisme de Riviera", dont le dossier doit être examiné lors de la session du Comité du patrimoine mondial de l'Unesco en juillet 2021. Pour le titre de capitale européenne de la culture, le principal handicap de Nice est d'être située en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui compte déjà deux villes lauréates avec Avignon et Marseille.
Pour sa part, Clermont-Ferrand a organisé, le 10 mai, une conférence de presse pour présenter la candidature de "Clermont-Ferrand Massif central" au titre de capitale européenne de la culture 2028. La ville affiche déjà un dossier très structuré, avec des manifestations culturelles dès cet été sous le titre "Altitudes 2028", même s'il ne s'agit encore à ce stade que des "premiers éléments constitutifs du projet artistique et citoyen de la candidature du territoire". 
Le même jour, Reims a également annoncé sa candidature. Arnaud Robinet, le maire de la ville, entend porter à 14% la part du budget municipal consacrée à la culture et associer à la candidature les villes voisines de Châlons, Charleville et Troyes. Reims est, elle aussi ,inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco et la ville compte bien jouer sur cet atout et sur sa position "au cœur de l'Europe".

Au moins six autres candidatures

Si ces trois villes sont sous le feux des projecteurs en raison de leurs récentes annonces, elles sont loin d'être les seules candidates. Rouen-Normandie a ainsi annoncé officiellement sa candidature dès avril 2019. Celle-ci réunit sous la même bannière la ville de Rouen, la métropole Rouen Normandie, la communauté d'agglomération Seine-Eure, les départements de l'Eure et de la Seine-Maritime, ainsi que la région Normandie. 
Bourges, s'est également portée candidate en septembre 2020. Elle met en avant son riche passé et patrimoine historiques (dont la cathédrale, classée au patrimoine mondial), mais aussi son Printemps de Bourges et de nombreuses activités et manifestations culturelles. Outre la ville, la candidature est portée par l'agglomération Bourges Plus, le département du Cher et la région Centre-Val de Loire.
Pour sa part, la ville de Saint-Denis, forte elle aussi d'un riche passé historique (dont la cathédrale, également classée au patrimoine mondial et qui verra l'achèvement du remontage de sa flèche en 2028) s'est portée candidate en janvier 2021. Son dossier couvre l'ensemble du territoire de Plaine Commune, labellisé "Territoire de la culture et de la création", et met en avant, outre la dimension historique, un patrimoine "industriel et immatériel dense et une immense richesse multiculturelle".
D'autres villes ont également annoncé leur intention de se porter candidates, même si leur dossier semble moins avancé. C'est le cas par exemple d'Amiens, ville natale du chef de l'État, ou de l'agglomération Lens-Liévin, auréolée par le succès du Louvre-Lens. Et la liste est sans doute loin d'être finalisée.
Enfin, une candidature tranche avec les autres, car centrée sur de multiples territoires (et n'entre peut-être pas, de ce fait, dans les canons du dispositif européen). Il s'agit en l'occurrence du projet "Banlieue Capitale 2028", engagé depuis deux ans. Il "vise à faire de la banlieue, la prochaine capitale européenne de la culture en 2028". Une cinquantaine de villes et 250 partenaires ont à ce jour rejoint la démarche. Ces villes (dont Paris) sont situées essentiellement en Ile-de-France, mais quelques-unes se situent en région (Allonnes, Chenôve, Creil, Echirolles, Lormont, Trélazé, Val-de-Reuil...).

Dépôt des candidatures en 2022, décision en 2023

Le nombre et la diversité de ces candidatures sont le reflet de l'attrait croissant du titre de capitale européenne de la culture, surtout après les succès de Lille et Marseille. La conquête de ce titre représente pourtant des coûts importants, pour la candidature mais aussi et surtout pour la ville retenue. C'est d'ailleurs la raison qui explique le regroupement de plusieurs collectivités autour d'une ville phare, comme cela était déjà le cas pour Marseille en 2013.
Mais le retour sur investissement est largement à la hauteur de l'effort consenti. Lille 2004 a ainsi radicalement changé l'image de la ville et Marseille 2013 a attiré environ 11 millions de visiteurs et laissé des traces pérennes, comme le Mucem. Au même titre que les Jeux olympiques pour le sport, le titre de capitale européenne devient un puissant accélérateur d'équipements et de dynamiques culturelles et un efficace vecteur d'image. Le succès de la formule est tel qu'il a inspiré le dispositif des capitales françaises de la culture, destiné aux villes moyennes et dont la première lauréate – Villeurbanne – vient d'être désignée (voir nos articles du 9 février et du 30 mars 2021)
La liste des villes candidates n'est sans doute pas définitive. Pour mémoire, huit villes étaient candidates au titre en 2013 : Amiens, Bordeaux, Lyon, Marseille, Nice, Saint-Étienne, Strasbourg et Toulouse. Bordeaux s'était ajoutée à la liste à la dernière minute (après le classement de son Port de la Lune au patrimoine mondial), tandis qu'à l'inverse, Nantes avait retiré sa candidature à la dernière minute.
Il reste d'ailleurs encore du temps pour se porter candidat. La date limite pour faire acte de candidature est en effet fixée au mois de juin 2022. Les villes présélectionnées auront alors dix mois pour préparer leur dossier. Après analyse des dossiers de candidature par un jury d'experts du domaine culturel, la ville française désignée capitale européenne de la culture 2028 sera officiellement annoncée par l'Union européenne au cours de l'année 2023. Elle aura alors quatre ans pour préparer l'événement et mettre en œuvre le programme retenu. 

 

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