Cantines bio et locales : retour sur des expériences inspirantes de collectivités
Chômage partiel massif, déséquilibre du marché de l’offre et de la demande, incertitudes sérieuses qui planent sur une hypothétique rentrée après le 11 mai : la crise du Covid-19 a impacté sérieusement les politiques publiques de l’alimentation. Trois réseaux (Ecocert, Un Plus Bio et Agores) ont saisi cette occasion pour mettre en lumière des expériences "audacieuses, solidaires, et inspirantes" de collectivités.
"Crise sanitaire : et vous quelles sont vos initiatives de territoires ?" Alors que la rentrée de la restauration collective reste très incertaine, les trois acteurs français des cantines dites “durables”ont décidé de sonder les collectivités face à la crise sanitaire. La réunion, organisée par Ecocert, Un Plus Bio et Agores, a réuni le 29 avril une soixantaine de personnes, en visioconférence. Elle a permis de mettre en lumière expériences et témoignages des collectivités qui réagissent “avec audace, innovation et solidarité”, selon leur communiqué commun. Leur but : “inspirer des programmes d’action pour faire face à l’urgence et amortir en douceur les inévitables conséquences économiques et sociales du secteur, en misant notamment sur la production locale”. Les trois grands réseaux français des cantines durables ont lancé à cette occasion la campagne des #ateliersvirtuels, partout en France, pour sonder les expériences en cours. Rendez-vous est donné le 19 mai pour le 2e atelier avec la région Bretagne et mercredi 27 mai avec les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté. Pour l'heure, cinq initiatives ont été retenues pour montrer que “la restauration collective s’avère un puissant levier de développement économique des territoires”.
Drive municipal bio et local
A Fontenay-sous-bois (94), 300.000 d’euros de commandes ont été maintenues auprès de la coopérative agricole. Les élus de Fontenay-sous-Bois ont identifié les 1.000 enfants qui mangeaient gratuitement à la cantine. Chacune de leurs familles a reçu dans la boîte aux lettres des bons alimentaires hebdomadaires de 50 à 200 euros. Parallèlement, la ville a continué d’acheter les productions fermières de la coopérative des agriculteurs bio d'Ile-de-France dont elle est sociétaire, qu’elle transforme en paniers locaux livrés à tous les foyers fragilisés, bénévolement, par l’ensemble des acteurs associatifs. À Lagraulet-du-Gers (32), la secrétaire de mairie a géré la mise en place d’un drive municipal 100% bio. Résultat : 70 paniers de produits bio et locaux partent chaque semaine de la ferme municipale, évitant à la population de remplir son attestation pour aller au premier supermarché situé à un quart d’heure de route. Les habitants ont réclamé le maintien du dispositif après la crise. Un site de précommande a été mis en ligne très rapidement.
Cuisiner la nuit et surgeler les surplus
À Seignosse (40), depuis la fermeture des écoles, le chef de la restauration de la cuisine centrale de la communauté de communes landaises MACS cuisine la nuit et surgèle les surplus. 10.000 repas ont déjà été cuisinés, livrés auprès des cinq Ehpad de la communauté et dans le cadre du portage à domicile en surcroît d’activité. 2.000 plats de plus envoyés aux Restos du Coeur. À Millau (12), les agents municipaux au chômage technique volontaires ont livré des repas aux personnes âgées. Un numéro spécial “Allô Seniors” a été mis en place pour centraliser les demandes : faire des courses, aller chercher une bouteille de gaz... Les livraisons de repas sont toujours assorties, avec les gestes barrières d’usage, d’un moment de discussion avec les bénéficiaires.
Paniers suspendus sur le modèle italien
En Gironde (33), à l’inverse des départements limitrophes de la Nouvelle-Aquitaine, qui compte peu de producteurs agricoles et une forte population de 1,6 million d’habitants, la cuisine du collège Edouard-Vaillant de Bordeaux a continué de produire des repas qu’elle a livrés aux personnes sans domicile. Une aide de 25.000 euros a été versée à la banque alimentaire. Une opération de paniers suspendus sur le modèle italien est en place à l’échelle de la métropole : les gens achètent ces paniers en ajoutant un arrondi pour en financer d’autres tandis que le département en assume 100 par semaine. Le soutien aux producteurs a été renforcé via des drives éphémères, la mise en ligne d’un carnet d’adresses de toutes les fermes de proximité, la consolidation du réseau des Amap et un travail en commun avec la chambre d’agriculture.
Autant d’exemples mis en avant par les trois acteurs du réseau des cantines bio et locales pour inspirer, au-delà de la période du confinement, un secteur qui pèse lourd en France, avec plus trois milliards de repas par an.
Pour en savoir plus, contacter :
• www.agores.asso.fr/contact
• contact@unplusbio.org
• label-en-cuisine@ecocert.com
• a.beauchamp@giesbert-mandin.fr