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Territoiresbio, un nouveau site internet pour aider les collectivités en transition vers "la bio"

La Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) a lancé mardi 25 février à Paris, lors du Salon de l’agriculture 2020, son nouveau site internet "Territoiresbio" et a présenté l’application Parcel, sortie à l’automne. Des outils destinés à soutenir les collectivités en transition vers une agriculture et une alimentation bio, alors que l'objectif fixé par l’Etat dans la loi alimentation est de 15% de surfaces agricoles cultivées en bio en 2022. 

En 2018, le cap de 2 millions d’hectares cultivés en bio en France a été franchi, ce qui représente 7,5% de la surface agricole, contre 6,5% en 2017 (1). Il oscillerait entre 8% et 9% fin 2019. Une croissance que la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) ne peut qu’encourager, dans un contexte pré-élections municipales où "l’environnement s’est imposé comme l'un des thèmes majeurs" et "l’un des principaux leviers d’action des nouveaux élus". La fédération a présenté, en plein Salon de l’agriculture 2020, son nouveau site internet : territoiresbio. En accès gratuit, spécialement conçu pour les collectivités locales qui travaillent sur la transition agricole et alimentaire, le site s’articule autour de quatre rubriques : "Pourquoi développer l’agriculture biologique ?", "Comment agir ?" avec les coordonnées de 90 groupements départementaux ou régionaux, "Le réseau Fnab vous accompagne" et "Les territoires pilotes". Une newsletter mensuelle, faisant état de l’actualité en agriculture bio ("la bio") et de retours d’expérience, est également proposée. L’histoire a commencé il y a 10 ans, avec les acteurs de l’eau, se rappelle Antoine Villar, de la Fnab. "Ils venaient nous voir car ils ne savaient pas comment lever les freins au changement dans le monde agricole, basculer des filières longues aux circuits courts, comment toucher les aides publiques, la PAC, etc." 

Instauration d'une zone test pour les agriculteurs 

Aujourd’hui, la vitesse supérieure est enclenchée. L’objectif fixé par l’Etat dans la loi alimentation est même de 15 % de surfaces agricoles cultivées en bio en 2022. Une ambition qui souffre d'un "excès de communication", estiment Alain Houpert et Yannick Botrel dans leur récent rapport sénatorial. Pour autant, la croissance du secteur est indiscutable. A l'échelle de Douaisis Agglo, Jean-Luc Hallé, deuxième vice-président, en témoigne. "Notre souci principal est d’aider les agriculteurs à réduire les intrants et à mettre en place toute une série d’actions pour assurer la protection de la ressource en eau", raconte l'élu. Sur l’agglomération, une douzaine d'agriculteurs s’essaient à la conversion en bio. La collectivité a créé une zone au sein d’un éco-quartier qui permet aux agriculteurs de se tester avant de se lancer. L’agglomération a instauré un suivi technique et financier et a voté trois aides : une à l’installation, d’un montant de 20.000 euros, une autre du même montant pour toute nouvelle création, ainsi qu’une aide à la conversion, de 3.000 à 16.000 euros, en fonction du nombre d'hectares convertis avec un minimum de surface de 10%. 
 
Damien Roumet, de Terres de liens, a quant à lui (re)-présenté un outil cofinancé par la Banque des Territoires et lancé en octobre dernier, Parcel (lire notre article du 14 octobre 2019), développé par la fédération Terres de liens avec la Fnab et le Basic (bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne), sur la base de quantités de donnés nationales et territoriales. Parcel facilite "la liaison entre l’acte de produire et celui de consommer" et permet de répondre à "la question de combien de personnes je peux nourrir à partir d’une surface agricole", a expliqué le coordinateur de Terres de liens, précisant qu'il permet aussi "de travailler sur l’incidence d’une relocalisation de l’alimentation". 
"Une filière de territoire, a résumé Guillaume Riou, président de la Fnab, permet d’emmener beaucoup de surfaces en bio et d'entraîner plusieurs collectivités", contrairement à d'autres initiatives telles que la vente à la ferme, "plaisante mais assez peu transformative". "Ce salon s’est ouvert autour de la question de l’effondrement des populations d’agriculteurs." "C’est un nouveau plan Marshall qu’il nous faut !", a-t-il exhorté. Avant de conclure que "de nouvelles questions se posent à l’État régalien", "en plus de celles liées à la santé publique et environnementale" : "Il s’agit de l’usage et de la préservation des communs". 

(1) "Les chiffres 2018 du secteur bio", Agence bio

La Nouvelle-Aquitaine accélère sa transition énergétique et écologique avec Neo-Terra 

La région Nouvelle-Aquitaine a présenté le mercredi 26 février au Salon international de l'agriculture à Paris ses ambitions en matière d'agroécologie. La Nouvelle-Aquitaine, qui affirme être "la seule région à décliner les enjeux planétaires en matière de climat et d’environnement en enjeux locaux" est revenue sur "Néo-Terra", son programme de transition écologique et énergétique local, adopté en juillet 2019. Son objectif  : "accompagner l’effort de transition en termes énergétique, écologique et agricole à l’horizon 2030".  Alain Rousset, le président de région, en a rappelé plusieurs engagements : 

  • accompagner les filières agricoles pour une sortie des pesticides en 2030, sur le modèle de VitiREV. 
  • arrêter l’utilisation des substances CMR (cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques) dès 2025 ;
  • 80% des exploitations certifiées en bio "haute valeur ajoutée" d’ici 2030 ;
  • 20% de produits dans la restauration collective dépendant des collectivités en 2030 (objectif de la loi) ;
  • 30% des exploitations commercialisant tout ou partie de leur production en circuits courts en 2030 ;
  • réduire, d’ici 2030, 30% des prélèvements d’eau pour l’agriculture en période d’étiage ;
  • former à l’agroécologie avec des fermes pilotes ;
  • 100% des lycées agricoles ayant des pratiques écologiques en 2025 ;
  • créer 100 unités de micro-méthanisation à la ferme en 2030 pour limiter les émissions de GES.

La "première région agricole de France" est aussi revenue sur ses "premières réussites" dans le domaine : son projet VitiREV mettant en place "une sortie des pesticides et une valorisation des territoires viticoles". Elle a créé sa propre certification "haute valeur environnementale" (HVE) depuis avril 2019, qui regroupe une centaine d'exploitations, et a signé un "pacte bio" depuis 2017 avec l'État et les représentants professionnels de la bio, visant à développer la production avec 10% de la surface en bio en 2020.
Le président de région a à plusieurs reprises souligné les difficultés liées à la politique agricole commune (PAC). "Les agriculteurs ne basculent pas (vers la bio, ndlr) à cause de la prise de risque", a-t-il pu constater. Raison pour laquelle la région a développé "Alter’na", un fonds de garantie de 36 millions d’euros, abondé par l’Europe (Feader et Juncker) et la collectivité. L’outil devrait favoriser l’accès au crédit dans le secteur agricole et générer environ 230 millions d’euros de prêts en trois ans. 

 

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