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Le retard sur le paiement des aides au bio tourne à la foire d'empoigne

Un travail doit être mené avec les régions à la rentrée sur le financement des aides au bio.

Les militants de la Confédération paysanne qui occupaient depuis lundi les locaux de l'Agence des services de paiement (ASP) de Limoges pour réclamer le versement des aides au bio ont été évacués par les forces de l'ordre, mardi dans l'après-midi. Un peu plus tôt, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation avait condamné "la pression psychologique induite sur les personnels de l'agence". "Cette action pénalise l'ensemble des agriculteurs, les agents de l'ASP étant mobilisés pour le versement des aides européennes", avait-il souligné dans un communiqué, rappelant s'être saisi de cette question "cruciale" dès sa prise de fonction. Le ministre s'est en effet engagé à faire respecter le calendrier adopté par le gouvernement le 21 juin mais la Confédération paysanne réclame un paiement "immédiat" des aides dont le versement accuse à présent un retard de deux ans.
Selon ce nouveau calendrier gouvernemental, le paiement des aides à l'agriculture biologique et les MAEC (mesures agroenvironnementales et climatiques) de 2015 doit être initié en novembre 2017. Les aides de 2016 doivent, elles, être versées au plus tard en mars 2018. Enfin, celles de 2017 le seront en juillet 2018. Le retard serait alors rattrapé. Entre-temps, le ministère a notifié à Bruxelles un transfert de 4,2% des aides du premier pilier de la PAC (aides à l'hectare) vers le second (développement rural, zones de montagne, installation des jeunes agriculteurs et agriculture bio), avec l'objectif de faire passer la part de la surface agricole utile en bio de 6 à 8% à horizon 2021. A noter qu'un décret publié le 22 août est venu préciser les modalités de versement de ces aides.
Ce chantier sera mené avec les régions qui gèrent le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feder) et qui sont responsables à ce titre de l'aide au maintien des exploitations en bio. Or celles-ci ont déjà dépensé leurs crédits... Le ministre avait annoncé début août qu'un travail serait mené avec elles "à la rentrée" pour une mise à plat du financement de l'agriculture biologique.
Ainsi pris à partie au moment même du lancement des travaux des états généraux de l'alimentation (qui visent notamment à garantir un prix juste aux producteurs), Stéphane Travert a annoncé ce mardi la création d'un fonds privé de soutien à la filière. "Cela peut être par exemple le fait qu'un industriel ou un distributeur sur un temps donné rogne sur une partie de sa marge pour créer ce fonds spécifique", a-t-il avancé sur RTL. Ces contributions seraient ensuite redistribuées "par exemple par un acteur public à des bénéficiaires qui aujourd'hui veulent faire émerger une filière en agriculture biologique", a-t-il précisé.