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UE 2020 - Bruxelles tourne la page de "Lisbonne" et passe à de nouveaux objectifs pour 2020

La Commission a lancé une consultation le 24 novembre sur la future stratégie européenne appelée à remplacer la stratégie de Lisbonne. Cette dernière, adoptée par l'UE en 2000 et révisée en 2005, devait permettre à l'UE de devenir "l'économie de la connaissance la plus compétitive du monde" en 2010. A l'heure des bilans, les critiques sont nombreuses : inefficacité, objectifs inaccessibles, manque de rationalisation. Et, pour les collectivités, une appropriation insuffisante.

 

Nouvelles priorités

Rédigée dans un contexte de crise économique et de prévisions environnementales, énergétiques et démographiques pessimistes, la "nouvelle stratégie pour faire de l'UE une économie sociale de marché plus verte et plus intelligente", aussi appelée "UE 2020", adapte donc les trois objectifs de la stratégie de Lisbonne (innovation, compétitivité, emploi) vers des objectifs d'innovation, de flexicurité et de développement durable (voir ci-dessous).

Les scénarios prospectifs ne sont pas enthousiasmants : Europe vieillissante, dépassée par les économies émergentes, crise environnementale et énergétique... Conséquence logique, parmi les nouveautés majeures, la priorité environnementale devient un des trois piliers de la stratégie socio-économique européenne (stratégie UE 2020) au lieu d'être une stratégie distincte (stratégie de Göteborg).

 

Lisbonne critiquée

Dès 2004, le rapport d'évaluation à mi-parcours réalisé par le groupe de Wim Kok (et qui sert de base à la stratégie UE 2020) dressait un bilan très critique des résultats obtenus par la stratégie de Lisbonne, pointant un "programme trop chargé", une "coordination insuffisante", "des priorités divergentes" et, surtout, "le manque d'engagement et de détermination" des Etats membres.

En 2008, le rapport Cohen Tanugi pour l'Etat français n'était pas beaucoup plus tendre : des résultats positifs mais inégaux, des objectifs intéressants mais trop peu contraignants... Le cas de la France est particulièrement étudié, ses performances sont qualifiées de "moyennes, voire médiocres". Seuls 3 des 14 objectifs de la stratégie étaient alors atteints en France : ceux relatifs à la proportion d'enfants accueillis dans des structures subventionnées, celui du niveau des dépenses en R&D et des aides d'Etat et celui de la bonne transposition des directives. Mais la France faisait figure de mauvais élève pour tous les autres indicateurs : taux d'emploi global (18e), de taux d'emploi des travailleurs âgés (18e), de dette publique (19e), de taux de croissance (23e), d'âge moyen de sortie du marché du travail (24e), ainsi que de taux de chômage des jeunes (24e).

 

Première contribution du CESR Ile-de-France

Dans ce contexte de révision et de consultation, le Conseil économique et social régional d'Ile de France (CESR) a publié le 19 novembre 2009 son propre rapport sur la "dimension régionale de la stratégie de Lisbonne" contenant un bilan, l'actualité et les perspectives envisageables pour cette stratégie. Pour le rapporteur, Jean-Louis Girodot, les collectivités n'ont pas été suffisamment prises en compte par la stratégie et ne s'y sont pas non plus suffisamment investies : la stratégie ne leur était pas adaptée et ses indicateurs n'étaient pas facilement utilisables au niveau local. Le CESR plaide donc pour une stratégie européenne davantage relayée au niveau régional avec une coordination interrégionale et des objectifs adaptés à chaque zone pour une mise en œuvre plus cohérente.

Le CESR appuie aussi la proposition du Comité des régions visant à élaborer des "pactes territoriaux européens" pour adapter la mise en œuvre des grands objectifs et priorités européens sur une base partenariale avec les autorités territoriales. Il demande par ailleurs qu'une politique urbaine à dimension européenne soit élaborée et soumise à consultation.

Pour les collectivités soucieuses de se faire entendre comme le CESR d'Ile-de-France, les réponses à la consultation "UE 2020" peuvent être envoyées jusqu'au 15 janvier 2010, le sommet européen de mars 2010 devant statuer sur les lignes directrices de la nouvelle stratégie. Le prochain cadre financier pluriannuel (2014-2020) intégrera ces nouvelles priorités. Par la suite, le processus de mise en œuvre est maintenu : les Etats membres définiront leurs propres objectifs nationaux dans le cadre de l'UE 2020 et seront contrôlés tous les ans.

 

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Les priorités de la stratégie UE 2020

 

Priorité 1 : créer de la valeur en fondant la croissance sur la connaissance
Le thème de l'innovation est ici repris avec des ambitions adaptées : il part de la maitrise des compétences de base pour aller vers la compétitivité des universités au niveau mondial, le développement de l'espace de recherche, la mise à disposition de financements pour les entreprises innovantes, la réforme du système de propriété intellectuelle. Un accent particulier est mis sur l'accès et le développement d'un marché unique numérique, d'un agenda numérique pour l'Europe et de l'insertion numérique. L'objectif étant de développer un véritable espace européen de la connaissance qui bénéficie de la libre circulation des technologies (la "5e liberté" européenne). Cette priorité semble être le prolongement de la stratégie de Lisbonne.

Priorité 2 : favoriser l'émancipation dans des sociétés ouvertes à tous
Les mots utilisés sont importants : la Commission européenne se prononce en faveur d'un système de flexicurité accru, augmentant la mobilité de la main-d'œuvre, la formation tout au long de la vie, le taux d'emplois des immigrés et immigrées peu instruits ou arrivés récemment, la création des nouveaux types d'emplois (verts ou dans la santé) et l'adaptation des systèmes de sécurité sociale au vieillissement démographique. Cette priorité amène des perspectives de changements majeurs voire radicaux.

Priorité 3 : créer une économie compétitive, connectée et plus verte
L'environnement devient enfin un des piliers de la stratégie socio-économique européenne. L'UE mise ici sur les technologies pour produire de l'énergie propre, avec un avantage compétitif sur la scène internationale, pour développer des solutions innovantes et respectueuses de l'environnement notamment en matière de transport. Il s'agit d'arriver à "l'écologisation de l'économie", tout en maintenant le secteur manufacturé, "être plus productif en réduisant la pression sur les ressource "être plus productif en réduisant la pression sur les ressources".
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