Délinquance - Brice Hortefeux se lance dans la guerre des gangs

Après la parution de la nouvelle loi contre les bandes du 2 mars 2010, le ministre de l'Intérieur affiche sa détermination à "combattre" ce phénomène. Dans une circulaire du 8 mars, Brice Hortefeux livre son "plan d'action pour renforcer la lutte contre les bandes", objectif "prioritaire" de 2010. Quelque 348 affrontements ont été répertoriés en 2009, le plus souvent pour des "antagonismes d'occupation des territoires". Le plan de Brice Hortefeux s'appuie sur des mesures déjà mises en place en 2009 comme les groupes "dérives urbaines" constitués dans les 34 départements les plus touchés par les violences urbaines. Mais il propose cinq axes d'actions nouvelles. Il s'agit tout d'abord de "recenser et connaître" un "phénomène" difficile à cerner. Pour Michel Fize, sociologue au CNRS, "les bandes mobilisent plus l'émotion que la raison". "Elles donnent lieu à tous les fantasmes, à toutes les peurs", avait-il récemment critiqué, lors de la remise du prix de la prévention de la délinquance, à Paris, en plein débats sur la loi Estrosi. Les événements du week-end dernier (contrôleurs agressés sur la ligne Paris-Mantes-la-Jolie, rixe sur la ligne du RER D) montrent cependant que le problème est loin d'être marginal. Il n'empêche : difficile de s'y retrouver entre l'exposé des motifs de la loi du 2 mars 2010 qui faisait état de 222 bandes et Brice Hortefeux qui évoquait récemment dans le Figaro, l'existence de 511 bandes !
Alors la circulaire prévoit une série de mesures pour y voir plus clair. En Ile-de-France, qui regrouperait plus des trois quarts des bandes, le modèle d'investigation judiciaire (SIT) parisien sera étendu aux trois départements de la petite couronne, dans le cadre de la mise en place de la nouvelle police d'agglomération. La Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) étendra la réalisation de monographies à 650 quartiers sensibles. Une groupe "lutte anti-bandes" sera créé au sein de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) qui procédera à la monographie des 52 quartiers sensibles implantés en zones gendarmerie.
Par ailleurs, une base de données sera constituée pour suivre "les personnes susceptibles d'être impliquées dans des actions de violence collectivités, en particulier en milieu urbain ou à l'occasion de manifestations sportives", comme le permet un décret du 16 octobre 2009.

Le ministre veut par ailleurs favoriser les interventions en temps réel et faciliter la remontée d'informations auprès des personnes les plus exposées, gardiens d'immeubles, commerçants, conducteurs et usagers des transports publics, des représentants d'autres services publics ou chefs d'établissements scolaires. Un référent "Sdig local" (ex-renseignements généraux) sera leur interlocuteur. Les lieux de rassemblements identifiés seront "systématiquement intégrés dans les PVRD (points de visibilité de recherche et de dissuasion)" destinés à renforcer la présence policière dans les endroits les plus criminogènes.

En matière de procédures judiciaires, une unité sera spécialisée dans chaque service de police et de gendarmerie. Les forces de sécurité seront équipées de caméras pour filmer les scènes et pouvoir identifier les auteurs. Le ministre insiste sur l'utilisation des nouvelles dispositions de la loi du 2 mars 2010 : le fait d'appartenir à une bande est désormais passible d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amendes. La loi a également instauré des circonstances aggravantes pour les personnes dissimulant volontairement leur visage ou portant une arme.

A côté de ce volet répressif, le plan de Brice Hortefeux prévoit des mesures de prévention avec le recours aux correspondants sécurité-école, aux formateurs relais anti-drogue et aux unités de prévention de la délinquance juvénile. La prévention situationnelle des équipements et immeubles et la vidéo-protection sont également à l'honneur.
Enfin, le ministre entend mobiliser conseils généraux, maires, associations et travailleurs sociaux. Un "suivi individualisé des perturbateurs" sera mis en œuvre en liaison avec les mairies.

 

Michel Tendil