TIC - Bretagne numérique : populaire et à très haut débit
"Un travail intense pour environ 300 participants" : l'anthropologue Pascal Plantard, responsable au laboratoire breton Marsouin, a ainsi résumé l'exercice de synthèse réalisé en clôture des Etés TIC 2011. Ce rendez-vous annuel a réuni, du 29 juin au 1er juillet, professionnels, chercheurs, associations, collectivités (quelques élus ruraux, notamment) et grand public, à l'Université de Rennes 2. Au programme : 24 tables rondes (Eros à l'ère numérique, l'intergénérationnel, e-inclusion, etc.) et 5 ateliers participatifs.
Durant deux demi-journées, cinq groupes ont en effet discuté autour des thèmes : comment rendre le numérique populaire, le numérique comme objet économique, les cultures populaires et le numérique, engagement citoyen et participation via internet, les usages numériques de masse. Sans animateur désigné, ces ateliers se sont autogérés à partir d'un kit de Post-it de couleurs différentes : jaune pour dessiner l'état des lieux, bleu pour fixer les enjeux, blanc pour poser les questions et orange pour élaborer des propositions. A la manière d'un jeu de société, ces diverses fiches ont ensuite été collées et exposées sur un gigantesque panneau installé à l'entrée du bâtiment des langues de l'université. Lors de la matinée de clôture, les porte- parole des différents groupes ont présenté leurs contributions, en présence du président de la région, Jean-Yves Le Drian. "L'opposition entre la virtualité et la réalité est factice. Dans l'ensemble des ateliers, tout le monde parle désormais d'hybridation des modèles. Et surprise, tout cela s'articule autour d'une notion, d'un dialogue entre société de confiance et de défiance", a conclu Pascal Plantard. Commentaire de Michel Briand, vice président de Brest Métropole Océane en charge de l'aménagement numérique, co-organisateur de l'événement : "la Bretagne numérique change d'échelle !".
Triskel numérique
"Je voulais être là, pas simplement pour quelques mots de félicitations et de conclusions, mais pour vous entendre. Les Etés TIC sont un éclairage essentiel de l'action publique dans le domaine des technologies de l'information et de la communication (TIC). Vous alimentez nos réflexions et certaines de vos propositions sont retenues dans nos directions régionales", a lancé Jean-Yves Le Drian. Frappé par "la prégnance du numérique" lors de la dernière campagne des régionales en 2010, l'élu territorial a désormais placé cette thématique au coeur de son nouveau mandat. "Pour que la Bretagne soit une région exemplaire, j'appuie mon action sur le triskel numérique : l'accessibilité, le développement des usages et le soutien à la filière économique et à la créativité", a-t-il expliqué. La région a en effet voté, le 25 mai dernier, une stratégie globale autour de ces trois piliers, avec notamment un important volet concernant le déploiement d'une infrastructure en fibre optique mutualisée, neutre et ouverte pour une "Bretagne à très haut débit". Dans le cadre d'une des premières stratégies de cohérence régionale d'aménagement numérique (SCoRAN) finalisée, la Bretagne a retenu cette approche "en cours d'adoption par l'ensemble des acteurs, ce qui est un tour de force, pour éviter une fracture territoriale, et permettre l'arrivée du FttH pour tous les bretons à l'horizon 2025/2030". La région, les quatre départements, les principales agglomérations et les 21 pays de Bretagne s'y sont effectivement associés. "L'équilibre est fragile", reconnaît cependant Jean-Yves Le Drian alors que "les choix et les règles ne sont pas encore totalement solidifiés. Mais nous ne pouvons agir que dans un contexte juridique, économique et politique qui est celui d'aujourd'hui", a-t-il fini par lâcher, avec fatalisme. Il s'agit désormais de construire, d'ici l'automne, un modèle juridico-financier qui permette de mener ce chantier colossal, évalué à deux milliards d'euros, en lien avec les opérateurs (dont France Télécom, historiquement fortement impliqué en Bretagne), les collectivités (notamment des départements et des agglomérations engagés de manières très hétérogènes dans la couverture à haut débit), le Commissariat général à l'investissement au niveau national et la Commission européenne pour une mobilisation de fonds Feder. Les premiers marchés pourraient être engagés fin 2011 pour un démarrage effectif des travaux début 2012.