Transition alimentaire : vers une alimentation durable et responsable dans les territoires
Face aux défis environnementaux, sociaux et économiques actuels, l’accélération de la transition alimentaire des territoires vers des pratiques plus durables s'impose comme une priorité. Les collectivités locales doivent répondre aux objectifs ambitieux de la loi EGAlim, qui impose des quotas de produits biologiques, locaux et de qualité dans la restauration collective. Elles doivent ainsi promouvoir des pratiques respectueuses de l'environnement, tout en assurant une alimentation saine et accessible pour tous. L'alimentation durable porte avec elle de nombreux bénéfices pour les populations, les entreprises et les collectivités : des initiatives inspirantes contribuent déjà à la résilience des systèmes alimentaires.
Qu’est-ce que l’alimentation durable ?
Une agriculture respectueuse de la nature
L'alimentation durable repose sur des systèmes de production qui limitent l'impact environnemental. Les filières biologiques, par exemple, évitent les pesticides de synthèse et privilégient les rotations de cultures. De même, l'agroécologie promeut des pratiques agricoles intégrant la biodiversité, réduisant les intrants chimiques et conservant les ressources naturelles. Ces méthodes contribuent à préserver les sols, réduire les émissions de gaz à effet de serre et protéger les écosystèmes.
La diversification au cœur des assiettes
La transition alimentaire encourage également la diversification des pratiques alimentaires. Cela commence par chercher de nouvelles sources de protéines, notamment par l'intégration des légumineuses et des protéines végétales, ce qui permet de réduire notre dépendance à l'élevage intensif. Respecter la saisonnalité des produits permet de limiter les importations et l'empreinte carbone de notre consommation. Les circuits courts et de proximité, qui renforcent les liens entre producteurs et consommateurs et soutiennent l'économie locale, sont aussi de bons moyens d’assurer une traçabilité optimale des produits.
Moins de gaspillage, plus de responsabilité
Le gaspillage alimentaire représente un enjeu majeur pour développer une alimentation responsable. Chaque année, des tonnes de nourriture sont perdues ou gaspillées tout au long de la chaîne alimentaire. La lutte contre ce phénomène passe par des initiatives de réduction des pertes à la source, par une baisse de la production globale ainsi que par la valorisation des excédents, par exemple via des plateformes de dons alimentaires ou des projets de restauration anti-gaspi.
À quoi sert la transition vers une alimentation durable ?
Une alimentation saine et accessible pour tous
La transition alimentaire vise à garantir un accès équitable à une alimentation saine et nutritive pour tous. En promouvant des produits de qualité, elle contribue à lutter contre les maladies liées à une mauvaise alimentation, tout en respectant les besoins nutritionnels de chaque individu.
Respecter l’environnement et les générations futures
Adopter une alimentation durable, c'est aussi protéger la planète pour les générations futures. Cela implique de minimiser les émissions de gaz à effet de serre, de préserver les ressources naturelles et de protéger la biodiversité. Les choix alimentaires d'aujourd'hui influencent directement les conditions de vie de demain.
Quels sont les impacts de l’alimentation durable ?
Des effets positifs immédiats sur l’environnement
Les pratiques durables de production agricole et de consommation responsable réduisent l'empreinte carbone. Cette transition agricole passe notamment par la limitation de l'utilisation des énergies fossiles dans les exploitations agricoles, mais aussi par une gestion raisonnée de l’eau, et un travail engagé de préservation de la biodiversité. Des pratiques comme l'agroforesterie ou l'agrivoltaïsme vont en ce sens, en intégrant les arbres aux cultures agricoles pour améliorer le rendement des terres, ou en installant des panneaux solaires sur les exploitations agricoles.
L’adaptation au changement climatique représente aussi un enjeu central pour l'agriculture durable. Les fluctuations climatiques, comme les sécheresses et les inondations, impactent directement la production agricole. Pour y faire face, des pratiques résilientes sont nécessaires : diversification des cultures, gestion des sols pour améliorer leur capacité de rétention d'eau, utilisation de variétés plus résistantes aux conditions climatiques extrêmes... Ces approches permettent de sécuriser la production alimentaire tout en protégeant les écosystèmes.
Un enjeu de santé publique et d’inclusion sociale
L'accès à une alimentation de qualité est un facteur déterminant de la santé publique. Les produits frais, locaux et de saison permettent une alimentation équilibrée, réduisant les risques d'obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaires. Les initiatives comme les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) favorisent l'inclusion sociale et l'éducation alimentaire dans tous les milieux sociaux, luttant ainsi contre la précarité alimentaire. Les PAT sont élaborés de manière collective avec différents acteurs d’un territoire (collectivités, artisans, entreprises agricoles & agroalimentaires…). Leur objectif est de relocaliser l’agriculture et l’alimentation en soutenant des circuits courts, des produits locaux dans les cantines et l’installation d’agriculteurs. Ces initiatives, qui rééquilibrent la production agricole, la transformation agro-alimentaire et la consommation, vont dans le sens d’une « démocratie alimentaire », au sens où l’entend le juriste François Collart Dutilleul, auteur de l’ouvrage « Nourrir : Quand la démocratie alimentaire passe à table »1: « Dans une démocratie alimentaire, on ne mange pas ce que les uns et les autres ont intérêt à produire. On produit ce que les uns et les autres ont envie de manger. »
Un levier pour l’économie locale
L'alimentation durable soutient l'économie locale en garantissant une juste rémunération aux producteurs et en favorisant l'accès à des produits locaux à prix accessibles pour les consommateurs. Elle crée également des emplois dans les secteurs de la transformation, de la distribution et des services alimentaires, ce qui vient soutenir le développement économique de la région et le pouvoir d’achat des habitants.
Des initiatives inspirantes pour renforcer la résilience alimentaire
Territoires Conseils : l’accompagnement des collectivités en première ligne
Le programme Territoires Conseils de la Banque des Territoires offre un accompagnement gratuit aux collectivités pour développer des projets de transformation agricole et alimentaire. Il permet de créer des synergies entre les acteurs locaux et de favoriser des projets innovants, efficaces et pertinents, par des outils méthodologiques, des conseils d’experts, le cofinancement d’études, de la genèse du projet jusqu’à son accomplissement.
La Fabuleuse Cantine : la cuisine anti-gaspi et délicieuse
À Lyon, La Fabuleuse Cantine valorise les excédents alimentaires en proposant des repas savoureux à partir de produits destinés à être jetés. Cette initiative, lauréate de l’appel à manifestation d’intérêt « Accélérer la Transition Alimentaire » de la Banque des Territoires, lutte contre le gaspillage et sensibilise les consommateurs à une consommation responsable. La Fabuleuse Cantine rachète des produits frais invendus à des producteurs situés à moins de 80 km des cantines et les transforme en bocaux gastronomiques pasteurisés, à consommer sur place ou à emporter, avec des prix réduits pour les étudiants et les personnes bénéficiant des minima sociaux.
La foncière agroécologique Ferme En ViE
Ferme En ViE propose un modèle de reprise et de gestion de fermes en agroécologie, ce qui permet de préserver le foncier agricole tout en favorisant des pratiques respectueuses de l'environnement. Soutenue par la Banque des Territoires, qui a investi 500 000 € dans le projet, cette foncière achète des terres agricoles et les loue avec option d’achat à des agriculteurs qui s’engagent en faveur de l’agriculture durable. Reconnue Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale, Ferme En ViE a déjà permis l’installation de 23 fermes et la conversion de près de 1 500 hectares à l’agroécologie.
Le Réseau Cocagne lutte contre la précarité alimentaire en cultivant la solidarité
Le Réseau Cocagne soutient l'insertion professionnelle et l'accès à une alimentation locale et de qualité pour les personnes en situation de précarité. La Banque des Territoires soutient l’association depuis plus de 10 ans au travers des programmes d’investissements. Les Jardins de Cocagne, présents sur tout le territoire, produisent des légumes biologiques distribués en circuits courts, et emploient plus de 4 300 salariés en contrat aidé. Toujours en quête de nouveaux modèles d’agriculture durable, le Réseau Cocagne développe de nombreuses activités innovantes pour diversifier les jardins : agriculture urbaine, micro-fermes, conserveries, etc.
Sources
1 COLLART DUTILLEUL François, « Nourrir : Quand la démocratie alimentaire passe à table », Les Liens qui Libèrent
Questions - réponses
Quels sont les principaux enjeux de la transition agricole et alimentaire en France ?
Les principaux enjeux de la transition agricole et alimentaire en France incluent la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la préservation des ressources naturelles, dans le cadre de la transition énergétique. Il s'agit également de garantir des revenus stables pour les agriculteurs, développer les circuits courts en promouvant la filière locale et la saisonnalité. Cette transition nécessite des financements pour soutenir des pratiques durables et innovantes.
Quel est l'impact de l'agriculture durable sur l'environnement en France ?
L'agriculture durable a un impact positif significatif sur l'environnement. En évitant les pesticides et engrais chimiques, elle réduit la pollution des sols et des eaux, contribuant ainsi à la transition écologique. Ces méthodes, basées sur la circularité, le maintien et la régénération des ressources, favorisent la biodiversité en préservant les habitats naturels et en encourageant les pratiques agroécologiques, comme la rotation des cultures et l'agroforesterie. Elles utilisent également les déchets verts comme biomasse, évitant l’utilisation de carburants fossiles, et recyclant les déchets végétaux pour fertiliser les sols. L'agriculture durable limite ainsi les émissions de gaz à effet de serre, alignant ses objectifs avec ceux de la transition énergétique. De plus, elle favorise les circuits courts, réduisant ainsi l'empreinte carbone liée au transport des produits. En soutenant les filières locales et durables, ce type d'agriculture participe au financement de la transition agricole et à la protection des écosystèmes.