Accès aux soins - Bilan positif pour l'expérimentation de la vaccination par les pharmaciens
En présentant, le 26 mars, le plan "Priorité prévention" (voir notre article ci-dessous du même jour), Edouard Philippe et Agnès Buzyn ont notamment annoncé la généralisation, dès 2019, de la vaccination antigrippale par les pharmaciens d'officine. Cette décision - qui était attendue et réclamée par les intéressés - s'appuie sur les résultats d'une expérimentation menée dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine. Elle devrait faciliter l'accès à la vaccination et, par conséquent, améliorer le taux de couverture vaccinale contre la grippe, qui provoque chaque année de nombreux décès parmi les personnes fragiles : personnes âgées, patients immunodéprimés... (voir notre article ci-dessous du 9 mars 2017).
156.000 personnes vaccinées contre la grippe en pharmacie
S'il n'y a pas encore de bilan officiel sur cette expérimentation (qui portait uniquement sur les personnes âgées et leurs proches aidants), l'Uspo (Union des syndicats de pharmaciens d'officine) s'est chargée de diffuser les premières informations. Selon son président, Gilles Bonnefond, "nous avons vacciné 156.000 personnes pendant la saison 2017-2017, soit quatre fois plus que la prévision initiale de 30.000 à 40.000". Cette tendance est d'autant plus à souligner que le nombre de vaccinations a, au contraire, reculé sur l'ensemble du territoire.
En Auvergne-Rhône-Alpes, 59% des officines ont participé à l'expérimentation, contre 49% en Nouvelle-Aquitaine, soit un total de 2.808 pharmacies participantes. Les résultats semblent d'ailleurs plus probants dans le premier cas, puisque les dix départements d'Auvergne-Rhône-Alpes affichent tous une évolution de la couverture vaccinale au moins trois fois supérieure à la moyenne nationale, ce qui n'est pas le cas en Nouvelle-Aquitaine, où quatre départements présentent même des résultats inférieurs à la moyenne nationale.
Selon le président de l'Uspo, cette amélioration de la couverture vaccinale ne s'est pas faite au détriment des médecins, puisque "les statistiques montrent que nous ne nous sommes pas substitués aux médecins, mais que nous avons facilité l'accès des patients". Une position qui n'est pas partagée par tous les syndicats de médecins libéraux. Pour Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF (Confédération des syndicats de médecins français), il n'est "pas sûr que la vaccination en officine soit la solution pour contrecarrer le courant de scepticisme anti-vaccins".
Un nouveau rôle pour les pharmaciens
La vaccination par les pharmaciens étant rémunérée au modeste tarif de quatre euros par patient, la motivation de la profession n'est pas d'ordre économique. Mais une telle mesure - surtout lorsqu'elle sera généralisée - contribue en revanche à repositionner les pharmaciens comme des acteurs directs de la santé, en particulier dans les territoires peu denses. A ce titre, la possibilité de vacciner s'inscrit dans l'esprit de l'avenant n°11 à la convention, signé en 2017 avec l'assurance maladie. Celui-ci prévoit en effet de diversifier l'activité des pharmaciens d'officine et de transformer le modèle économique de la profession.
A noter : le Journal officiel du 16 mars 2018 publie un arrêté du 9 mars, portant approbation de l'avenant n°12 à la convention nationale du 4 mai 2012, organisant les rapports entres les pharmaciens titulaires d'officine et l'assurance maladie. Ce nouvel avenant détaille les modalités de mise en œuvre du "bilan partagé de médication".
Ce bilan s'entend, selon la définition donnée par la Haute Autorité de santé, comme "une analyse critique structurée des médicaments du patient dans l'objectif d'établir un consensus avec le patient concernant son traitement". Il s'appuie sur un "entretien structuré" avec le patient, avec pour objectif de réduire les éventuels risques iatrogènes, d'améliorer l'adhésion du patient à son traitement et de lutter contre le gaspillage de médicaments. A ce titre, il marque une nouvelle étape dans l'évolution du rôle des pharmaciens d'officine.