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Personnes âgées - La grippe de 2016-2017 a fait autant de victimes que la canicule de 2003

Santé publique France - née de la fusion de l'Institut de veille sanitaire (InVS), de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) et de l'Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus) - publie, dans le numéro du 8 mars de son bulletin hebdomadaire "Grippe", un premier bilan de l'épidémie de grippe 2016-2017. Aujourd'hui terminée - même si la surveillance va se poursuivre jusqu'en avril -, cette épidémie a été particulièrement virulente et a entraîné une mortalité importante parmi les personnes âgées.

Près de 14.400 décès

Si l'épidémie de grippe est un phénomène récurrent, celle de 2016-2017 présente plusieurs spécificités, outre sa virulence : une survenue plus précoce que d'habitude, une activité modérée en médecine ambulatoire, mais un impact fort en milieu hospitalier.
Au total, l'épidémie de grippe s'est étendue sur dix semaines et a entraîné près de 1,9 million de consultations pour syndromes grippaux. Au pic de l'activité - lors de la troisième semaine de janvier 2017 -, le taux de consultations pour syndrome grippal estimé par le réseau Sentinelles était de 410 pour 100.000 habitants.
Le chiffre principal reste toutefois celui des décès. Santé publique France estime ainsi la surmortalité imputable à la grippe à environ 14.358 décès, concernant presque exclusivement des personnes âgées. Ce nombre est quasi identique à celui des décès imputables à la canicule d'août 2003 (environ 15.000 morts).
Les personnes âgées de 65 ans et plus ont également représenté la majorité des hospitalisations pour grippe. Parmi les patients hospitalisés pour ce motif, 13% appartenaient à la tranche d'âge des 65-74 ans et 56% étaient âgés de 75 ans et plus. Par rapport à l'épidémie de 2014-2015, le nombre d'hospitalisations pour grippe a doublé chez les 65-74 ans et triplé chez les 75 ans et plus.
De même, dans les collectivités de personnes âgées (comme les Ehpad), 1.641 (89%) des 1.855 cas groupés d'infections respiratoires aiguës ont été signalés pendant l'épidémie, soit un nombre plus élevé qu'en 2014-2015.
En termes géographiques, l'ensemble de la métropole a été touchée, mais les régions les plus atteintes ont été la Corse, Paca et Auvergne-Rhône-Alpes.

Un faible retentissement dans l'opinion

Santé publique France avance plusieurs arguments pour expliquer le nombre élevé de décès parmi les personnes âgées. Parmi ceux-ci figurent notamment "une couverture vaccinale toujours insuffisante". Le taux de couverture vaccinale chez la population à risque (personnes de plus de 65 ans et personnes atteintes de certaines pathologies chroniques) est en effet estimé à 46% (données provisoires), contre 47% au 31 décembre 2015. S'ajoute à cette couverture insuffisante une "efficacité vaccinale modérée" contre le virus A(H3N2), qui a représenté 98% des virus grippaux en circulation cette année. L'efficacité du vaccin 2016-2017 a ainsi été de 38% en population générale et de 23% chez les personnes de 65 ans et plus.
On peut aussi évoquer certaines défaillances des "mesures barrières" (limitation des contacts avec les sujets à risque, renforcement des mesures d'hygiène...) et de la prophylaxie en population générale comme dans les Ehpad, malgré d'importantes campagnes de communication de la part du ministère de la Santé.
Sur le plan sociologique et politique, on ne peut qu'observer le faible retentissement de ces décès, surtout comparé au choc de société qu'avaient constitué les 15.000 morts de la canicule de 2003. Mieux : le nombre de décès de cette épidémie de grippe 2016-2017 est comparable a celui enregistré lors de l'épidémie grippale de 2014-2015... que tout le monde a déjà oubliée.