Culture / Education - Bibliothèques territoriales et bibliothèques scolaires se regardent toujours en chiens de faïence
Le ministère de la Culture et de la Communication rend public un rapport sur "Les relations des bibliothèques territoriales avec les établissements scolaires". Curieusement, ce rapport est signé par deux inspecteurs généraux des bibliothèques, alors qu'on aurait pu s'attendre - sur un tel sujet - à une participation de l'Education nationale. D'autant plus que Geneviève Fioraso, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche - deux secteurs qui ne sont pourtant pas évoqués dans le rapport -, a cosigné la lettre de mission avec Aurélie Filippetti.
Des relations plutôt distendues
Il est vrai que les relations semblent assez distendues. Ainsi, selon les chiffres - à prendre avec précaution - fournis par l'enquête annuelle de l'Observatoire de la lecture publique, mis en œuvre par le ministère de la Culture, 87% des bibliothèques disaient, en 2011, avoir noué des partenariats et coopérations avec des écoles (contre 95% en 2010). Mais ces chiffres tombent respectivement à 24% et 32% pour les collèges et à 9% et 15% pour les lycées (en tenant compte du fait que toute bibliothèque de collectivité n'a pas forcément un collège et encore moins un lycée dans son environnement immédiat).
Explication donnée par les auteurs, même si de nombreux territoires ont réussi à sortir de ce schéma binaire : "Chaque institution et ceux qui y travaillent se voient assignés à une place non interchangeable : la lecture-plaisir extensive pour les bibliothèques, la lecture-apprentissage intensive pour l'école."
Il y a urgence !
Pourtant le rapport considère qu'il y a urgence face au décrochage de certains indicateurs (notamment Pisa) : "La coopération entre bibliothèques publiques et établissements scolaires (écoles, collèges et lycées) est indispensable. Elle doit se traduire, bien au-delà des affinités personnelles, des opportunités circonstancielles et des frontières administratives, dans l'organisation des réseaux éducatifs et culturels des départements, des villes ou des intercommunalités : les enseignants et leurs élèves doivent disposer d'une place légitime et prévue dans les bibliothèques, les bibliothécaires et leurs services doivent être tout autant légitimes et bienvenus au sein des établissements scolaires."
Pour autant, le rapport estime que "les bibliothèques publiques n'ont pas à se substituer à l'école dans le domaine de la réussite éducative". Il s'agit plutôt d'"accompagner" cette dernière et de "contribuer à créer les conditions de cette réussite".
Vers des "espaces éducatifs" dans les bibliothèques territoriales ?
Pour favoriser ce rapprochement, le rapport formule un certain nombre de préconisations. Il s'agirait, par exemple, d'insérer les bibliothèques scolaires dans les réseaux de bibliothèques des collectivités et dans les politiques locales de développement de la lecture. De même, les auteurs suggèrent d'ouvrir les portails informatiques des bibliothèques municipales et départementales aux catalogues des bibliothèques scolaires (lorsqu'ils existent) et d'inclure, chaque fois que cela est réalisable, les écoles, collèges et lycées, dans les marchés d'achats de livres des collectivités concernées. Même s'il ne s'agit pas de se substituer à la mission éducative de l'Education nationale, le rapport recommande aussi d'encourager et de faciliter la création de "services éducatifs" au sein des bibliothèques des collectivités.