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Culture - Bibliothèques : des emplois en "profonde mutation"

L'Inspection générale des bibliothèques (IGB) publie un rapport intitulé "Quels emplois dans les bibliothèques ? Etat des lieux et perspectives". Dans les collectivités territoriales, cette filière compte entre 33.000 et 34.000 agents, selon les sources. "Le faible poids de ce cadre d'emploi a pour conséquence qu'il est difficile de faire percevoir aux décideurs les spécificités des métiers des bibliothèques", constate l'IGB. Au total, les effectifs globaux en bibliothèques s'élèveraient pourtant à près de 55.000 titulaires, quand on y intégre la fonction publique d'Etat, les établissements d'enseignement supérieur et les organismes de recherche (CNRS, Inserm, Inra).

Les effets du numérique

Le rapport ne se limite pas à une approche quantitative. Il relève que les profils de postes et les référentiels ont évolué au cours des dernières années. L'IGB observe ainsi que "le numérique modifie profondément l'équilibre actuel entre imprimé et électronique comme les rapports avec les usagers, et oriente les outils et les services vers la production et la gestion de contenus en direction de publics-cible. Dans ce cadre, de nouveaux profils se développent, autour de la veille, de la gestion de contenus et de l'animation de communautés". Le rapport note aussi que "ces évolutions appellent une plus grande mixité des métiers et une polyvalence au sein des bibliothèques 'learning centres' ou 'troisièmes lieux', tandis que l'externalisation, plus ou moins développée selon les bibliothèques, allège nombre de tâches internes".
De façon plus large, le centre de gravité des activités des bibliothèques se déplace des collections (le "back office") vers les publics (le "front office"). En termes d'emplois, cette évolution se traduit par un besoin accru de personnes de catégories A et B, au détriment des "magasiniers", fortement impactés par le développement très rapide du numérique, l'automatisation des services aux lecteurs et l'externalisation de certaines tâches manuelles. Une reconversion en agents d'accueil est envisageable, mais sous deux conditions : une formation et "un encadrement systématique par un professionnel des bibliothèques". L'IGB estime d'ailleurs que, "d'une manière générale, les fonctions et activités des agents de catégorie C sont appelées à être rehaussées et diversifiées".

Du "clientélisme" dans les bibliothèques de collectivités ?

Les conséquences, en termes d'emplois, de ces évolutions sont toutefois différentes dans les établissements de l'Etat et dans les bibliothèques des collectivités territoriales. Dans les premiers, l'IGB préconise de recentrer les fonctions des cadres A+ (conservateurs) sur des fonctions d'encadrement supérieur et de pilotage scientifique et stratégique. Ceci devrait conduire à réduire le nombre de ces derniers, par transformation en postes de catégorie A (bibliothécaires).
En revanche, selon le rapport, "le besoin est différent dans la fonction publique territoriale, où nombre d'établissements ou de réseaux importants, qui mériteraient d'être dirigés par des conservateurs, notamment avec le développement de l'intercommunalité, le sont par des bibliothécaires, et où la catégorie C prédomine". Dans une formulation qui risque de faire grincer quelques dents du côté des collectivités, l'IGB estime que "le caractère trop systématique de recrutements en catégorie C, parfois dictés par un certain 'clientélisme' ou inspirés par une vision obsolète et méprisante du métier, conduit à freiner le développement de services répondant aux attentes nouvelles des publics".