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Culture - Bibliothèques municipales : et si on passait à l'heure des usagers ?

Le rapport d'un inspecteur général des bibliothèques formule des pistes pour étendre les horaires d'ouverture des bibliothèques et de leurs services.

"Trop de bibliothèques municipales calquent leurs horaires sur les rythmes de travail des services administratifs et, de ce fait, excluent a priori toute une partie de leurs publics potentiels." Le constat est formulé par Dominique Arot, inspecteur général des bibliothèques, dans un rapport intitulé "l'extension des horaires d'ouverture des bibliothèques : progrès et obstacles", remis en novembre 2012 à Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication et à Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, le travail portant sur toutes les bibliothèques municipales et universitaires.
"Les insuffisances des bibliothèques françaises, à l'université comme dans les villes, pénalisent en premier lieu les populations les plus fragiles : étudiants salariés, familles qui ne partent pas en vacances, travailleurs aux horaires irréguliers", observe-t-il également.

Des automates dans les gares

S'appuyant sur des expériences françaises et étrangères, le rapport propose des pistes d'amélioration. Il suggère d'abord de "concevoir des locaux accessibles et peu gourmands en personnel", à la faveur par exemple de rénovations ou d'extensions. Il cite les "boîtes de retour extérieures et intelligentes" qui permettent le retour des documents en dehors des horaires d'ouverture et enregistrent le retour en temps réel sur le compte du lecteur. Plus sophistiqués, les automates de prêt/retour peuvent être également installés, imposés ou proposés en alternative à la banque de prêt classique (comme aux Champs Libres, à Rennes).
Plus innovant, l'implantation de ces automates non pas dans les murs de la bibliothèque, mais dans des lieux tels que les gares ou les stations de métro, permettant d'aller à la rencontre des usagers dans leur mobilité quotidienne, lors de leur trajet domicile-travail par exemple. Le réseau des bibliothèques de Madrid a ainsi inséré dans les stations de métro un module de prêt de livres (un fond de 3.000 documents) ouvert chaque jour de 13h30 à 20h comportant une boîte de retour accessible 24h sur 24. Le réseau des bibliothèques de Marseille inclut un service de ce type dans l'enceinte de la station de métro Castellane : "si le volume de l'offre est modeste, de nombreux usagers l'utilisent aussi comme point de retour de documents empruntés dans une autre bibliothèque du réseau", précise le rapport. Un projet similaire est à l'étude à Lille dans la gare Lille-Flandres.

La médiation, coeur de métier

Le rapport suggère également d'améliorer les services en ligne des bibliothèques, non pas seulement en informant lisiblement sur les horaires d'ouverture mais aussi en généralisant la possibilité pour les usagers de consulter le catalogue à distance, bénéficier d'un compte-lecteur, prolonger à distance des emprunts…
En contrepartie, et pour ne pas être accusé de déshumaniser le service public de prêt, le rapport suggère de "renouveler radicalement la conception du métier de bibliothécaire en mettant au centre de l'activité la médiation face au public" et en inscrivant la fonction d'accueil du public "au centre des fiches de poste". Il conseille ainsi de "s'assurer des aptitudes relationnelles et pédagogiques" dès les entretiens de recrutement et ne cache pas que les changements d'horaire donnent lieu à "des négociations parfois tendues" avec les agents. Pour rencontrer l'adhésion, le projet doit être "relayé au plus haut niveau de l'administration (DGS, DGA), puis débattu informellement par des groupes de travail et enfin, dans tous les cas, formalisé et adopté en comité technique paritaire (CTP)".
Reprenant une idée déjà ancienne (voir notre article ci-contre du 15 novembre 2007), le rapport propose de favoriser le recours à l'emploi-étudiant dans les bibliothèques de l'enseignement supérieur mais aussi dans les bibliothèques municipales.