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Culture - Les bibliothèques municipales conservent leur place de premier réseau culturel

"Sans doute qu'il n'y a pas une image de nos bibliothèques mais de multiples images, qui traduisent des contextes différents et des politiques différentes", peut-on lire dans le rapport d'activité 2011 de l'Observatoire de la lecture publique sur les bibliothèques municipales. A la lumière des 143 pages du rapport, c'est effectivement ce qu'on en déduit. Reste qu'en dépit des clivages entre territoires et natures des établissements de lecture publique, 55 millions de personnes ont accès à une bibliothèque ou à un point lecture en France. Ce qui en fait toujours le premier réseau culturel.

Les données d'activité 2011 des bibliothèques municipales, rendues publiques dans une synthèse de l’Observatoire de la lecture publique (ministère de la Culture, service du livre et de la lecture), attestent d'une bonne santé générale des 16.300 lieux de lecture publique recensés (1), dont 7.100 bibliothèques et 9.200 points d'accès au livre.
Les données nationales recueillies auprès de 8.300 établissements de lecture interrogés par questionnaire, tous niveaux confondus (2) confirment des tendances dont certaines déjà observées dans l'étude de 2010, à savoir : le maintien de la bonne fréquentation des bibliothèques (avec un taux national d'usagers inscrits estimé à 18% de la population)  "notamment de type niveau I (3) et en milieu rural" (communes de moins de 5.000 habitants), avec une forte hausse sur la période 2006-2011 (+11%) ; une baisse de l'emprunt de livres (5% par rapport à 2006) ; une hausse de l'emprunt des autres documents (documents sonores et vidéo en particulier : +10 %) ; une légère progression des dépenses d'acquisition (+3% par rapport à 2010).

- 22 % de dépenses d'investissement

Déjà perceptible en 2009 et 2010, la baisse des dépenses d'investissement des collectivités en faveur de la lecture publique se poursuit en 2011, avec -22 % par rapport à l'année précédente. Les auteurs du rapport l'expliquent par la crise  qui "frappe (...) les dépenses totales des collectivités pour leurs bibliothèques (-4% entre 2010 et 2011)", lesquelles collectivités privilégient  les dépenses de fonctionnement et de personnel plutôt que les dépenses d'investissement.
Enfin, les données recueillies pour 2011 montrent que les clivages demeurent entre territoires, en fonction de la taille de la commune et de la politique de lecture publique retenue. Un constat à la fois "source d'inquiétude" au sens où "l'accès à un service de lecture publique est loin d'être équitable sur l'ensemble du territoire national", et "source de volontarisme" si on valorise le fait que l'"accès réussi à la lecture demeure largement tributaire des choix politiques opérés par les élus et d'une action publique conduite de manière ambitieuse et dynamique".

Plus il y a de monde, moins il y a d'inscrits

Seules 45% des 36.715 communes françaises offrent un accès à une bibliothèque, mais ce chiffre est justifié par le nombre important de communes de moins de 2.000 habitants (plus de 35.000). En effet si seulement 38% d'entre elles proposent ce service, 95% des points d'accès au livre y sont implantés. Passé ce seuil, "87% des communes permettent d'accéder à un établissement de lecture publique", soulignent les auteurs du rapport.  En revanche, les bibliothèques de niveau I sont comparativement beaucoup plus nombreuses dans les communes de 40.000 habitants et plus.
Il convient toutefois, insiste l'étude, de ne pas situer les petites communes systématiquement en retrait par rapport aux communes les plus peuplées car habiter dans une petite commune ne condamne pas systématiquement à une offre de qualité inférieure, relève l'étude. Ainsi, "plus la commune est peuplée, plus faible est la proportion de personnes inscrites", attestent les chiffres.  "Ce phénomène est massif, atteste un communiqué du ministère de la Culture du 28 juin, puisque le taux d'inscrits pour 100 habitants est de 13 dans les communes de 100.000 habitants et plus, alors qu'il est de 22 dans les communes de moins de 5.000 habitants."

Un service varié et moderne

Si l'étude relève que 81% des établissements de lecture interviennent  exclusivement sur le prêt de livres, ils ont su s'adapter au fil des années aux nouvelles demandes des usagers. Informatisation, numérisation, prêts de matériels audio ou vidéo, l'étude valorise les "efforts de nombreux établissements pour offrir à leurs lecteurs un service plus varié et plus moderne". Certes, avec un coût d'acquisition des documents de toutes natures qui décroît sensiblement selon la taille des communes. A titre d'exemple, les bibliothèques des communes de 5.000 habitants et plus affectent entre 25% et 30% de leur budget aux acquisitions de documents sonores et vidéo. En dessous de ce seuil, et pour les points d'accès au livre, cette part est comprise entre 10 % et 14 %.
Par ailleurs, la proportion de bibliothèques proposant au moins un poste informatique est de 100% pour celles des communes de 20.000 habitants et plus, alors qu'il est de 90% pour celles comprises entre 5.000 à 20.000 habitants, et qu'il descend à 70% pour celles de moins de 5.000 habitants et à 36% pour les points d'accès au livre.
Quant au développement numérique des bibliothèques, il progresse avec désormais 84% des établissements qui disposent d'un catalogue informatisé et 70% qui offrent un accès à internet. 
Le véritable bémol réside dans la sous exploitation des livres numériques. Leur présence au sein des établissements de lecture demeure en effet  quasi invisible.  "Alors que 76% des bibliothèques publiques proposent le prêt de livres numériques aux Etats-Unis, seules 1,5% des bibliothèques françaises déclarent offrir des livres numériques à leurs usagers", pointe l'étude.

Profils moyens

La dernière partie du rapport est consacrée au profil moyen des établissements de lecture publique en fonction de la taille des communes et des réponses enregistrées par thème (niveau de bibliothèque I,II,III, points d'accès au livre, personnel, ressources docuimentaires, acquisitions, public et prêt, horaires d'ouverture, surface des locaux...). L'ensemble constituant un panel de données assez exhaustif des lieux de lecture, de leur utilisation et de leur fonctionnement mais qui "pour autant, ne constituent en aucune façon des seuils minima d’activité, non plus que des recommandations". 
Comme le stipule en préambule l'étude "l’objectif de ces profils moyens est de permettre aux communes de se situer plus aisément. Ils reflètent simplement l’état, pour une année donnée, des établissements de lecture publique desservant la tranche de population considérée".
 

Sandrine Toussaint
 

(1) En additionnant les bibliothèques connues du service du livre et de la lecture et les déclarations des bibliothèques départementales de prêt sur leurs réseaux respectifs.
(2) Bibliothèques de niveau I, II, III, points d'accès au livre, au sein de communes de 40.000 à 99.999 hab, de 20.000 à 39.999 hab, de 5.000 à 19.999 hab, de moins de 5.000 hab et points d'accès au livre.
(3) Celles dont la superficie, la qualification du personnel et le budget d’acquisition sont les plus importants.