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Logement - Bâtiment : avec une activité à -0,4%, 2014 sera mauvais, mais "moins pire" que 2013

Le 3 décembre 2013, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) a tenu sa traditionnelle conférence de presse sur la situation économique du secteur. Didier Ridoret n'a pas usé de circonvolutions : malgré de timides signes d'une embellie non confirmée (voir notre article ci-contre du 28 août 2013), "la situation économique du bâtiment a été mauvaise en 2013 et le restera en 2014".

Activité en recul de 2,6% en 2013 et perte de 25.000 emplois

A moins d'un mois du Nouvel An, la FFB estime que l'année 2013 se soldera par un recul de l'activité de 2,6% en volume. Seul le non-résidentiel a connu une progression (+0,8%), alors que les autres secteurs ont été confrontés à un recul de l'activité : -7,4% pour le logement neuf et -1,1% pour l'amélioration-entretien. La récession s'est donc nettement accrue par rapport à 2012, où l'activité avait reculé de 1,2%. Le président de la FFB a également souligné le caractère particulier de ce recul. En effet, l'activité baisse de 7,4% dans le logement neuf, alors que les mises en chantier n'ont reculé que de 3,8%, leur nombre passant de 346.000 à 333.000.
Conséquences de ce recul : le secteur du bâtiment aura perdu 25.000 emplois en 2013, dont 5.000 intérimaires en équivalents temps plein. Les moins pessimistes retiendront toutefois que c'est légèrement meilleur - ou plutôt moins mauvais - que les prévisions de la FFB lors de sa conférence de presse de décembre 2012. La Fédération prévoyait alors un recul de l'activité de 3,5% et la perte de 40.000 emplois (voir notre article ci-contre du 13 décembre 2012).

Recalibrer le PTZ+ pour relance l'accession

Didier Ridoret était également attendu sur ses prévisions pour 2014. Pour le président de la FFB, ce sera mauvais, mais "moins pire" que cette année. Il prévoit en effet un recul de l'activité de 0,4%. A la différence de 2013, les tendances des trois principaux secteurs seront beaucoup moins contrastées. Le recul devrait ainsi être de -0,2% pour le logement neuf, de -0,2% pour l'amélioration-entretien et de -0,9% pour le non résidentiel.
Si Didier Ridoret reconnaît que ces reculs "peuvent paraître modestes", il rappelle néanmoins qu'"au total, depuis 2008, le recul d'activité avoisine les 17% en volume. En conséquence, la santé financière de toutes les entreprises se dégrade fortement". Le taux de marge (excédent brut d'exploitation rapporté à la valeur ajoutée) est ainsi tombé de 14,6% en 2008 à 9,9% en 2012, "et tout indique que cette dégradation s'est poursuivie en 2013". Le président de la FFB prévoit donc la perte de 7.000 emplois supplémentaires en 2014.
Il considère qu'une éventuelle "reprise rapide et substantielle" de la construction neuve en 2014 "reste conditionnée à un renversement de tendance sur le segment de la primo-accession, aujourd'hui sinistré". La FFB demande donc un "recalibrage" du PTZ+ (nouveau prêt à taux zéro), "en augmentant les quotités et les durées du différé pour les ménages des cinq premières tranches de revenus", mais aussi en prenant en compte dans le barème les surcoûts liés à la construction dense, "objectif prioritaire du gouvernement".

La pénibilité, l'auto-entrepreneur et les détachements toujours dans la ligne de mire

Didier Ridoret n'a pas non plus laissé passer l'occasion de revenir sur trois dossiers qui irritent profondément le secteur du bâtiment. Il a ainsi dénoncé la création, prévue à l'horizon 2015 par le projet de loi réformant les retraites, d'un compte individuel de prévention de la pénibilité, qualifié d'"usine à gaz coûteuse". Selon lui, cette mesure, visant environ 20% des salariés et d'un coût estimé à 500 millions d'euros en 2015 tous secteurs confondus, devrait en réalité concerner 80% des salariés du BTP. Son financement serait essentiellement assuré par une cotisation dépendant de la pénibilité de chaque entreprise ainsi que par une cotisation forfaitaire payée par tous les secteurs. La FFB estime que ce dispositif va "réduite à néant tous les efforts de prévention mise en place par la branche depuis plusieurs années" et se révéler "d'une grande complexité de mise en œuvre".
Par ailleurs, Didier Doret demande "encore et toujours" l'exclusion des auto-entrepreneurs du secteur du bâtiment, pour cause de concurrence déloyale. Pour les mêmes raisons, il réclame que l'Etat mette un terme à la "concurrence déloyale des entreprises étrangères low cost", avec les abus récurrents sur le détachement des salariés.

 

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