Archives

Sports - Basket pro : au bonheur des villes moyennes

Les villes qui accueillent les clubs de l'élite du basket professionnel français (Pro A) se situent parfois très loin des paillettes du foot-spectacle. C'est ce qu'une étude interne de l'Andes (Association nationale des élus en charge du sport) met en lumière alors que la saison débute ce vendredi 21 septembre.
Le premier enseignement de l'étude est que le basket professionnel s'épanouit dans les villes moyennes. En effet, la population moyenne des communes hébergeant les dix-huit clubs de Pro A s'établit à 105.000 habitants. A titre de comparaison, les communes-sièges des clubs de Ligue 1 de football ont une population moyenne de 346.563 habitants. Ainsi, les douze communes les plus peuplées de France sont représentées dans l'élite du football, alors que trois seulement (Lyon, Strasbourg et Reims) abritent un club de basket en Pro A. Il est à noter que, contrairement au football où le Paris-Saint-Germain ne se trouve pas de rival régional à sa mesure, deux clubs de banlieue parisienne (Nanterre et Levallois) cohabitent au plus haut niveau.

Spécialisation des villes

D'un point de vue démographique toujours, on observe que plusieurs petites villes sont présentes en Pro A : Boulazac (7.019 habitants), Gravelines (11.586), Fos-sur-Mer (15.831) ou Le Portel (9.257). En football, seule la commune de Guingamp et ses 6.900 habitants font figure de dernier village gaulois… ou plutôt breton.
L'explication de ce phénomène tient sans doute à deux raisons principales. Tout d'abord, il est difficile pour un club de basket - mais cela est valable pour d'autres sports professionnels - de vivre dans l'ombre du football, voire du rugby. Il s'est donc opéré avec le temps une spécialisation des rôles entre les plus grandes villes qui misent plus sur le football ou le rugby et les villes moyennes qui choisissent sciemment d'autres sports pour pouvoir gagner en visibilité, à l'image de Limoges, ville-phare du basket français depuis 35 ans.

Des installations polyvalentes

La deuxième explication est d'ordre économique : le billet d'entrée en basket est bien moins élevé qu'en football. Avec un budget moyen de 4,9 millions d'euros la saison dernière, les clubs de Pro A sont loin des chiffres du sport-roi (95 millions par club de Ligue 1 en moyenne). Quant aux écarts entre les plus riches et les plus pauvres, il n'est que de un à quatre en basket, contre un à vingt-cinq en football.
Ajoutons que les infrastructures nécessaires à la pratique du basket professionnel, toutes propriétés des collectivités territoriales, sont elles aussi plus abordables pour les villes moyennes. La Ligue nationale de basket n'imposant aucune capacité minimum d'accueil dans les salles, la moyenne en Pro A cette saison s'élève à 4.400 places. Deux salles proposent moins de 3.000 places.
Autre caractéristique intéressante pour des villes moyennes, et là encore en opposition avec ce qui se fait en football ou en rugby, les salles municipales mises à disposition restent pour la majorité polyvalentes et peuvent servir à d'autres activités en dehors de la vingtaine de matchs de basket qui s'y déroulent chaque année.

Près d'un tiers d'aides publiques

Reste que si une ville moyenne peut "s'offrir" plus facilement un club de basket de haut niveau, sa subvention est proportionnellement plus conséquente qu'en football ou en rugby. Alors que l'intervention publique en faveur du football professionnel - à l'exception notable des constructions de stades - est aujourd'hui minime (1 à 2% des budgets des clubs), elle se monte en moyenne à plus de 28% du budget pour les clubs de Pro A, un chiffre en légère diminution par rapport à une précédente évaluation réalisée en 2011 (31%). C'est donc une aide financière essentielle que procurent à leurs clubs les collectivités territoriales. Il est toutefois à noter que la Pro A de basket est la moins dépendante des aides publiques parmi toutes les ligues professionnelles de sports de salle (basket, volley-ball et handball).
Le basket restera-t-il le paradis des villes moyennes ? Rien n'est moins sûr. A l'image de Lyon, qui est associé depuis une quinzaine d'années à Villeurbanne au sein du grand club de son agglomération, Paris, Lille ou Nantes évoluent aujourd'hui en Pro B et lorgnent avec gourmandise vers l'élite du basket professionnel français. Le cas parisien est à ce titre emblématique : en rachetant cet été le club amateur Paris basket avenir et les droits sportifs de Hyères-Toulon Var basket, relégué en Pro B la saison dernière, l'homme d'affaires américain David Kahn a vu grand. Avec la bénédiction de la mairie de Paris, il envisage déjà d'investir l'Arena 2, une salle de 7.000 places qui sera construite dans le nord de la capitale pour accueillir les Jeux olympiques de 2024. Derrière Paris, Bordeaux et Toulouse, engagés cette saison au plus haut niveau amateur, se tiennent eux aussi prêts à sauter le pas vers le professionnalisme.