Autonomie : lancement d'un plan d'action pour prévenir les chutes des personnes âgées
L'enjeu est plus important qu'il n'y paraît, les chutes de personnes âgées étant chaque année à l'origine de 10.000 décès et 130.000 hospitalisations. Le plan présenté par Brigitte Bourguignon mise sur le repérage, l'aménagement du logement, le développement d'aides techniques, la prévention par l'activité physique et la téléassistance.
Le 21 février, à l'occasion d'un déplacement au CHU et au gérontopôle de Toulouse, Brigitte Bourguignon, la ministre déléguée chargée de l'autonomie, a présenté, en présence de Roxana Maracineanu, la ministre déléguée chargée des sports, le plan d'action national pour lutter contre les chutes des personnes âgées. Ce plan fixe un objectif chiffré : réduire de 20% les chutes mortelles ou invalidantes des personnes âgées d'ici à 2024. Il sera décliné dans chaque région et sa mise en œuvre sera coordonnée par les ARS, en lien avec la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie), les départements et les autres acteurs de la prévention de la perte d'autonomie.
10.000 décès par an et 130.000 hospitalisations
L'enjeu est de taille, puisque 2 millions de chutes de personnes âgées de plus de 65 ans sont, chaque année, à l'origine de 10.000 décès – ce qui constitue la première cause de mortalité accidentelle au sein de cette tranche d'âge –, tandis que les chutes entraînent également plus de 130.000 hospitalisations par an. S'y ajoute le fait que les chutes sont aussi très souvent à l'origine d'une admission ultérieure en Ehpad. Dans son récent rapport sur la prévention de la perte d'autonomie (voir notre article du 29 novembre 2021), la Cour de comptes chiffrait à 2 milliards d'euros le coût de ces chutes, dont 1,5 milliard pour l'assurance maladie. Des constats qui justifient le lancement d'un "plan national triennal antichute des personnes âgées".
Celui-ci comporte cinq axes thématiques et un axe transversal, associés à une série de mesures. Le premier axe consiste à savoir repérer les risques de chute et à alerter. Pour cela, il est notamment prévu de faire connaître les outils existants, de développer les examens de prévention, mais aussi de promouvoir et informer les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Le plan propose également des fiches pratiques sur deux "profils types" et sur les cinq signes "avant-chuteurs". Le second axe consiste à aménager le logement pour éviter les risques de chute. Là aussi, la réponse passe notamment par la promotion des outils de repérage des risques liés au logement – notamment en formant et en faisant intervenir au domicile des équipes spécialisées – et par le développement du dispositif MaPrimeAdapt'.
L'activité physique, "meilleure arme antichute"
Le troisième axe du plan prévoit de favoriser le développement d'aides techniques à la mobilité "faites pour tous". Ceci suppose, entre autres, de réduire le coût et le reste à charge des aides techniques les plus pertinentes, d'informer et de former les professionnels sur ces aides techniques et de promouvoir des modules de rééducation post-chute après une hospitalisation. Une fiche pratique présente les aides techniques phares de prévention des chutes (aides techniques à la mobilité).
Le quatrième axe porte sur l'activité physique, "meilleure arme antichute". Il s'agit en l'occurrence de développer l'offre d'activité physique et d'activité physique adaptée, de repérer les besoins des personnes âgées en la matière et de les orienter vers des programmes d'activité physique adaptés. Le plan ambitionne aussi de finaliser la création d'un référentiel consacré à l'activité physique adaptée des seniors et de construire un "panier de soins" spécifiquement consacré à la prévention des chutes.
Généraliser le recours à la téléassistance
Enfin, le dernier axe thématique prévoit le déploiement de la téléassistance pour tous. Concrètement, cela signifie le recours généralisé à la téléassistance comme outil de prévention des chutes graves, la réduction du reste à charge sur le coût de la téléassistance, ainsi que le développement d'études sur l'usage de cette technologie. S'y ajoute l'axe transversal consistant à informer et sensibiliser. Il prévoit de mobiliser des outils classiques, comme le lancement d'une campagne d'information nationale et locale, la mobilisation des vecteurs de communication du ministère et des partenaires, ou encore la promotion des initiatives locales ou thématiques en lien avec les axes du plan.
Si, dans son communiqué du 21 février, Brigitte Bourguignon explique que "c'est la première fois qu'un gouvernement prend à bras le corps cet enjeu de santé publique majeur", il reste maintenant à connaître les moyens humains et matériels qui seront affectés à ce plan, notamment via les conférences départementales des financeurs de la prévention de la perte d'autonomie. On se souvient en effet que la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique fixait un objectif de réduction de 25% des chutes mortelles ou invalidantes des personnes âgées, qui n'a pas vraiment été suivi d'effet.