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Mobilité - Autolib' a démarré dans 46 communes d'Ile-de-France

Autolib', service de voitures électriques en libre-service, inspiré du Vélib', a démarré ce 5 décembre à Paris et dans 45 communes d'Ile-de-France. Après une phase de test qui a débuté le 2 octobre, ce lancement grandeur nature constitue "une révolution" qui améliorera "la qualité de vie" dans Paris et sa métropole, a assuré Bertrand Delanoë. Le maire PS de Paris a inauguré le nouveau service en compagnie de Jean-Paul Huchon, le président de la région Ile-de-France qui cofinance le projet à hauteur de 4 millions d'euros, et de Vincent Bolloré dont le groupe a conçu les 250 véhicules électriques Bluecars couleur "aluminium brossé" qui viennent d'être mis en circulation. "Maintenant il faut imaginer la ville sans l'odeur et les bruits du pot d'échappement, a lancé l'industriel. On pourra passer derrière une voiture Autolib' avec une poussette d'enfant sans être intoxiqué. C'est une première mondiale."

3.000 voitures en mai 2012

Les promoteurs du projet entendent inciter les Franciliens à renoncer à leur voiture en offrant l'usage ponctuel de véhicules disponibles, peu chers et respectueux de l'environnement. Une Autolib' est à même de se substituer à 5 voitures privées, selon une étude de la ville de Paris. L'utilisateur pourra ainsi, comme pour Vélib', prendre un véhicule dans une station et le déposer dans une autre, selon un système de "trace directe". Selon Annick Lepetit, adjointe PS de Bertrand Delanöe chargée des transports et présidente du syndicat mixte Autolib', les 250 voitures seront réparties dans 250 stations, dont 180 dans Paris intra muros. Chaque mois, de nouvelles voitures seront mises en service pour atteindre en mai 2012 3.000 voitures et 1.200 stations. Parmi les premières communes proches de Paris à lancer Autolib' figurent Malakoff, Montrouge, Issy-les-Moulineaux, Saint-Ouen, Pantin, etc. Le tarif sera appliqué à la demi-heure, la première à 5 euros et la seconde à 4 euros. "On peut prendre une Autolib' 24h d'affilée mais ce n'est pas le but. En revanche, elle peut servir quand vous allez chercher vos parents Gare de Lyon. Vous y allez en transports en commun puis vous les ramenez chez vous à Créteil en Autolib'", illustre l'élue.

Chaque commune débourse 50.000 euros par station. Le groupe Bolloré, qui a remporté l'appel d'offres Autolib' en décembre 2010 et a investi près de 1,5 milliard dans le projet, assume la prise en charge des dépenses de réparation et d'assurances à hauteur de 3.000 euros par voiture et par an. Selon lui, le service ne devrait toutefois être rentable que d'ici sept ans. Selon la mairie de Paris, quelque 200.000 personnes sont déjà abonnées au service. Mais "l'équilibre du contrat n'est atteint que si l'opération enregistre 200.000 abonnements et si les véhicules sont en utilisation payante au moins 7 heures par jour toute l'année", a mis en garde Edith Cuignache-Gallois, élue Nouveau Centre de Paris et d'Ile-de-France.

Le groupe UMP, dans l'opposition mais qui a soutenu ce projet "qui a du sens", soulève des questions: "Nous demandons que les 2.000 places de stationnement préemptées soient compensées pour les riverains par la création de places en sous-terrain", a déclaré à l'AFP Jean-François Lamour. L'UMP s'interroge aussi "sur le modèle économique à long terme : il y aura immanquablement des aléas et des dégradations, et au-delà des 30 millions d'euros investis pour le lancer, il ne faudrait pas que ça revienne à puiser dans les poches des Parisiens".
Si de nombreuses communes ont adhéré au projet, d'autres jugent le système coûteux et doutent de sa rentabilité. Certains loueurs professionnels dénoncent même une "concurrence déloyale". "Le coût pour sa mise en place représente un investissement lourd, ce n'est pas en adéquation avec les besoins de la population (...) ce n'est pas prioritaire dans notre budget", avait souligné récemment Gérard Lambert, adjoint au maire de Champigny (Val-de-Marne) en charge des transports.

Les écologistes hostiles au projet

De même, les écologistes et élus EELV, hostiles au projet, estiment qu'Autolib va "réorienter vers l'automobile ceux qui avaient choisi les transports en commun", et que le choix de moteurs électriques conforte l'énergie nucléaire. Les Amis de la Terre Paris jugent ainsi inutile cette offre supplémentaire. "Pour des usages individuels ponctuels, il existe déjà de nombreuses possibilités : associations d'auto-partage, taxis, loueurs de voitures", souligne l'association qui regrette que le projet "encourage et participe au déploiement et à la montée en charge d'une filière industrielle de véhicules électriques" quand il est "indispensable de réserver l'électricité à ses usages spécifiques" que sont l'éclairage, l'électroménager, les télécommunications, les transports en commun… De cette façon, il "compromet la nécessaire transition énergétique et la fermeture de tous les réacteurs nucléaires vieillissants et dangereux", insiste l'ONG.
Un argument rejeté par Annick Lepetit qui annonce que le syndicat mixte teste actuellement à Vaucresson (Hauts-de-Seine), dans l'entrepôt des Autolib', une station équipée de panneaux photovoltaïques pour recharger ces véhicules. Autre atout mis en avant par la mairie : la création de 1.000 emplois de jeunes issus des quartiers populaires, en partenariat avec l'Agence pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acsé).