Transports - Le groupe Bolloré remporte le contrat Autolib' de Paris

Le groupe Bolloré a remporté, le 16 décembre, le contrat Autolib',  du nom du projet de mise à disposition de voitures électriques en libre-service à Paris et en banlieue sur le modèle du fameux Vélib'. Deux autres candidats étaient en lice : le consortium Avis-RATP développement-SNCF-Vinci Park et le groupement VTLIB' (Véolia transport urbain). Mais dès octobre, "c'est Bolloré qui s'est distingué des autres par une offre de service dans sa globalité la plus intéressante", selon Annick Lepetit, adjointe au maire de Paris chargée des transports et présidente du syndicat mixte Autolib'.
Il s'agit d'une "première mondiale à cette échelle", a affirmé le maire de Paris, Bertand Delanoë. En tout, 41 villes de la région Ile-de-France ainsi que le conseil régional participent au projet, au sein du syndicat mixte Autolib', ce qui concerne des millions d'utilisateurs potentiels. La philosophie du projet est d'inciter à renoncer à la voiture personnelle en offrant l'usage ponctuel de véhicules disponibles, peu chers et écologiques. Selon une étude municipale, une voiture de ce type est à même de se substituer à cinq voitures privées. Vanté pour son respect de l'environnement, le projet s'est néanmoins dès le départ heurté au scepticisme des Verts qui préfèrent "l'autopartage", où l'utilisateur ramène à chaque fois le véhicule au point de départ. 

3.000 voitures fin 2011

Autolib' prévoit, à la fin 2011, la mise en circulation de 3.000 voitures électriques dans la métropole. Les stations seront à la charge des communes (50.000 euros par station pour 50 millions d'euros d'investissement total des communes). Comme pour Vélib', l'utilisateur pourra prendre une voiture dans une station et la déposer dans une autre. Environ 1.060 stations seront implantées sur le territoire des communes adhérentes (dont 700 dans Paris). Chaque station comportera une borne interactive à écran tactile où l'utilisateur pourra s'identifier, choisir sa station d'arrivée et diverses options. Les stations disposeront de six places de stationnement en moyenne. Chaque place sera équipée d'une borne de recharge, qui indiquera également l'état de la place ou du véhicule.
Les abonnements coûteront 12 euros par mois, et 5 euros pour la première demi-heure d'utilisation, alors qu'au départ la ville tablait sur un abonnement mensuel à 15 euros. Selon Annick Lepetit, "cette offre d'abonnement est moins chère que ce que nous avions mis dans le cahier des charges, ce qui nous a séduits [dans le choix du lauréat]". Le syndicat a aussi retenu le fait que 800 agents d'accueil doivent être déployés sur le terrain pour aider les nouveaux utilisateurs. De même, 70 espaces Autolib' doivent être implantés dans Paris et les villes adhérentes pour faciliter l'information et les abonnements.

Un véhicule ad hoc

Pour ce projet,  Bolloré a créé une voiture de quatre places, qui sera fabriquée en Italie, à Turin.  Le véhicule sera équipé d'une batterie "lithium métal polymère", développée et produite également par Bolloré, en Bretagne. D'une capacité de 30 kWh, elle permettra de parcourir environ 250 km et se rechargera en 4 à 8 heures. L'équipement intérieur de la voiture sera conforme aux standards actuels. La planche de bord sera toutefois enrichie d'un écran permettant le guidage GPS. Des sièges pour enfants seront en outre disponibles en station.
Autolib' est une délégation de service public (DSP). A ce titre, le délégataire se rémunérera par le biais de la tarification perçue auprès des usagers. Le syndicat mixte a imposé que les véhicules soient électriques et qu'ils puissent être utilisés en "trace directe", c'est-à-dire sans retour du véhicule au point de départ. Le délégataire financera le service par le biais des recettes liées aux usagers. Bolloré apporte 60 millions d'euros en capital. Les dépenses de réparation et d'assurances sont évaluées à 3.000 euros par voiture et par an, prises en charge par l'entreprise. Bolloré prendra encore à sa charge toute perte de chiffre d'affaires jusqu'à concurrence d'un résultat cumulé négatif de 60 millions d'euros (la mise de départ).
"Les premiers travaux sur la voie publique commenceront en avril 2011. On commencera le service par une phase de test qui visera à valider le système informatique et la fiabilité des véhicules et sera faite pendant l'été pour minimiser la gêne", a expliqué Sylvain Marty, directeur du syndicat mixte Autolib'. L'ouverture au public est ensuite prévue au dernier semestre 2011 et le déploiement complet d'Autolib' sera achevé en mars 2012 avec les 1.060 stations.

A.L. avec AFP

Les autres expériences de voitures en libre-service 

Les systèmes de voitures électriques en libre-service existent déjà depuis une quinzaine d'années en France. La Rochelle a été une ville pionnière en la matière. Après les premiers vélos en libre-service en 1974,  elle a lancé les premières voitures électriques en 1995. Aujourd'hui, la ville dispose d'un parc de 50 automobiles et de 7 stations. Une carte unique de transport public (Yelo) permet de combiner plusieurs modes de transport (voiture électrique, tram-train, bus, bateau, vélo, taxi...).
La plupart des grandes villes françaises s'attachent à promouvoir une utilisation combinée de différents moyens de transport. Bordeaux, par exemple, pratique actuellement la voiture en libre-service. Une même personne peut emprunter l'une des trois lignes de tramway puis finir son trajet à vélo et avoir recours à la voiture pour de petits parcours en dehors de la ville.
Lyon a lancé en 2003 le concept Autolib, système de voitures en libre-service, ou celui de l'autopartage, passé en 2008 "à la phase industrielle" avec un parc de 70 voitures et 22 stations.
A Lille, un service d'autopartage a été lancé en 2007, dont l'objectif principal était de réduire les encombrements dans la ville.
Le concept de voiture en libre-service existe aux Pays-Bas depuis 1995. Les véhicules sont disséminés sur 1.100 places de parking dans 75 villes du pays et 80 gares. Dans les grandes villes comme Amsterdam ou La Haye, on trouve ces emplacements tous les 400 mètres.
L'autopartage existe également en Suisse et en Allemagne depuis plus d'une vingtaine d'années.
Aux Etats-Unis, la voiture à louer en libre-service existe depuis plus de dix ans avec la Zipcar. A Washington, plusieurs centaines de voitures sont stationnées aux quatre coins de la ville. Depuis 2006, Zipcar est aussi installé à Londres et n'exclut pas de s'étendre à d'autres capitales européennes.

Source AFP