Lutte contre l'exclusion - Arrêtés anti-mendicité : les associations en appellent aux maires
A l'approche de l'été, Emmaüs France, Emmaüs Solidarité, la fondation Abbé-Pierre et la Fédération européenne d'associations nationales travaillant avec les sans-abri (Feantsa) - qui est à l'origine de cette initiative menée dans plusieurs pays d'Europe - lancent une campagne "La pauvreté n'est pas un crime". Celle-ci s'adresse directement aux maires et vise les arrêtés anti-mendicité, anti-glanage (interdiction de fouiller dans les poubelles) ou anti-bivouac. Elle dénonce également "les mobiliers urbains qui pénalisent les sans-abri dans leur vie quotidienne", dont le dossier de presse fournit plusieurs exemples illustrés. On se rappelle également de l'affaire, il y a quelques années, des "répulsifs anti-SDF" (voir notre article ci-contre du 27 août 2007).
Les signataires estiment en effet que "certaines municipalités font parfois un choix choquant : criminaliser les plus démunis !". Or ils rappellent que "ce ne sont pas les pauvres qu'il faut combattre, mais bien la pauvreté en s'attaquant aux causes de la misère... en étant politique et non policier". A un an des élections municipales, "les maires de France doivent tout particulièrement faire preuve de solidarité envers les personnes en détresse : ils ont le pouvoir de changer les choses, ils ont les compétences pour le faire, ils ont le devoir d'y parvenir". Les signataires se donnent donc un an pour "faire changer les choses".
Pour atteindre cet objectif, les associations engagées dans la campagne ont mis en ligne un site dédié. Les citoyens y sont invités à signer en ligne une "Charte municipale des droits des personnes en détresse" et à l'adresser aux élus de leur commune. Ce document demande la mise en oeuvre d'un certain nombre de droits : le droit "d'exister dans l'espace public sans être considéré comme une menace ou un trouble", le "droit de chercher les moyens de survivre en état de nécessité" et celui à un abri digne, bien sûr. Mais aussi l'accès aux soins, l'accès aux équipements d'hygiène élémentaires, le droit à une domiciliation postale, le respect du droit des enfants à être scolarisés, ou encore le droit d'être enterré dans la dignité. Il est prévu que les communes qui le souhaitent puissent également adhérer directement à cette charte.
Dans une optique moins consensuelle, le site dédié propose également une rubrique pour signaler aux promoteurs de la campagne des mesures anti-mendicité ou des mobiliers urbains inadaptés dont ils auraient connaissance.