Après le rapport sur l’adaptation au vieillissement, Luc Broussy et la filière de la silver économie feront le point tous les trimestres
Quatre mois après la remise de son rapport sur l’adaptation de la société au vieillissement, Luc Broussy, président de France Silver Eco, a présenté à la presse un premier bilan des avancées des mesures proposées. La simplification des aides à l’adaptation des logements pourrait notamment être expérimentée dès 2022. La filière de la Silver économie et son président annoncent qu’ils feront le point tous les trimestres sur les différents sujets soulevés dans le rapport.
Alors que l’abandon du projet de loi sur le grand âge a été confirmé début septembre (voir notre article du 10 septembre 2021), Luc Broussy et la filière Silver économie (France Silver Eco) qu’il préside entendent être "les vigies" des mesures présentées dans leur rapport remis au gouvernement en mai dernier (voir notre article du 26 mai 2021). Intitulé "Nous vieillirons ensemble... 80 propositions pour un nouveau pacte entre générations", ce rapport abordait en particulier l’adaptation des logements au défi du vieillissement, mais également l’espace public et les mobilités, ou encore la gouvernance de ces politiques.
Tous les trimestres dorénavant, un point sera effectué – à l’oral devant la presse ou à l’écrit – sur la mise en œuvre des différentes préconisations du rapport, qu’il s’agisse "des sujets qui nécessitent l’intervention de l’État ou du législateur" ou "d’autres sujets qui ne dépendent de personne d’autre que de nous-mêmes", a expliqué Luc Broussy ce jour lors d’une conférence de presse en visio. "Toute une série d’éléments peuvent se passer de la loi grand âge", met-il en avant, le gouvernement ayant notamment signifié qu’il intégrerait des "mesures nouvelles" dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).
"MaPrimeAdapt’" : "un scénario à peu près arbitré" par le gouvernement
Pour ce premier bilan, parmi "les sujets qui avancent", Luc Broussy salue le fait que le vieillissement sera l’"un des trois piliers" de la saison 2 du programme Action cœur de ville (voir notre article du 8 septembre 2021), alors que ce thème "n’était même pas présent parmi les objectifs" du programme dans sa version initiale. Preuve pour lui que Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, a entendu "le besoin urgent des élus locaux" à travailler sur ce sujet.
Autre motif de satisfaction : l’idée de créer "MaPrimeAdapt’" pour simplifier l’accès aux aides à l’adaptation du logement, sur le modèle de "MaPrimeRénov’", ferait son chemin. Après des réunions interministérielles à Matignon, "un scénario a été à peu près arbitré, qui ressemble furieusement à ce qui figurait dans le rapport, avec un opérateur unique et des conditions d’accès universelles", souligne le président de SilverEco. Selon lui, actuellement, il faut "être en GIR 1, 2, 3 ou 4, grosso modo se casser la figure trois fois dans les escaliers pour avoir droit à une aide", soit "un crime contre la prévention". Une expérimentation dans une région pourrait avoir lieu dès 2022, avant une généralisation à partir de 2023.
Un "centre national de preuves" sur la silver économie en réflexion avec la CNSA
La filière a de son côté prévu d’avancer sur plusieurs fronts. Celui du logement social, pour commencer, avec un travail mené avec l’Union sociale pour l’habitat et des prix remis lors du prochain congrès de l’USH, le 29 septembre prochain, pour récompenser les efforts des bailleurs sur l’adaptation des logements au vieillissement. "Des choses extrêmement concrètes sont maintenant menées partout sur les territoires", met en avant Luc Broussy. Pour ce dernier, une contractualisation entre l’État et l’USH sera nécessaire pour amplifier ce mouvement, alors qu’"une majorité des locataires des 5 millions de logements sociaux auront plus de 60 ans d’ici une dizaine d’années".
France Silver Eco plaide également pour la mise sur pied d’un "centre national de preuves" pour "clarifier et organiser l’offre en matière de silver économie". Le marché est en effet foisonnant (près de 150 acteurs siègeraient par exemple au Conseil national de la silver économie), ce qui suscite un enjeu de "lisibilité" pour les départements, les mutuelles et les groupes médico-sociaux. Le centre de preuves, qui pourrait être piloté par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) selon la suggestion de la filière, "aurait pour mission d’étudier la qualité de cette offre numérique, technologique, industrielle" et de proposer "une méthode pour valider ce qui marche", précise Luc Broussy. Ce centre serait "adossé sur des gérontopôles" pour intégrer l’expertise des territoires qui expérimentent en la matière.
Sur le terrain de la gouvernance, l’association France Silver Eco va reprendre le "tour de France des régions" qu’elle avait initié avant la crise sanitaire, afin de favoriser la mise en place de comités régionaux de la silver économie et de consolider les écosystèmes existants. Au niveau national, Luc Broussy réitère sa demande que se tienne un comité interministériel de la transition démographique. Selon lui, "symboliquement, avant la fin du quinquennat et en l’absence de la loi Grand Âge, cela permettrait d’affirmer que le gouvernement, l’État, souhaite avoir cette lisibilité transversale sur le sujet du vieillissement".