Apprentissage : dans les collectivités, des intentions de recrutement record
Les collectivités indiquent vouloir recruter cette année plus de 21.000 apprentis. Mais seuls 9.000 contrats bénéficieront d'une prise en charge financière par le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Ce dernier déplore "une insuffisance notoire de moyens financiers".
"Plus de 4.000 collectivités" ont exprimé leur intention de recruter en 2024 "plus de 21.000 contrats d’apprentis", indique le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) dans un communiqué, ce 26 avril. Ce bilan résulte de la campagne de recensement sur les intentions de recrutement d'apprentis, que l'établissement public a organisée au premier trimestre.
Incontestablement, l'apprentissage séduit un nombre croissant d'employeurs territoriaux. L'an dernier, 3.600 collectivités territoriales avaient participé au recensement et 17.700 intentions de recrutements d’apprentis avaient été recensées - contre 13.300 en 2022.
Face à ce succès, le CNFPT avait dû mettre en place en 2023, en concertation avec les employeurs territoriaux, des critères de sélection pour octroyer sa prise en charge. Un choix qu'il a été contraint de reconduire cette année. Ainsi, seules les demandes des collectivités ayant participé au recensement sont recevables. En outre, seuls sont éligibles à un financement de l'établissement les contrats qui préparent à une liste de 44 métiers en tension. Enfin, le nombre de contrats alloués à chaque collectivité est pondéré en tenant compte de l’effectif de la collectivité.
En effet, les intentions de recrutement sont, en 2024 - comme l'an dernier - très supérieures au nombre d'accords préalables de financement de contrats d'apprentis qui seront recrutés cette année. Lors de son conseil d'administration, le CNFPT a fixé ce dernier à 11.000, au-delà des 9.000 contrats que les moyens financiers disponibles permettent de financer. La différence tient en fait à la volonté de l'établissement de tenir compte des intentions de recrutement qui "n'arriveront pas à leur terme".
Pour la seconde année, un nombre élevé de contrats d'apprentis employés dans les collectivités ne bénéficieront donc pas de prise en charge financière. Ce qui est lié, on le sait, aux conditions de financement de cette politique. En mars 2023, la Première ministre, Elisabeth Borne avait annoncé que l'enveloppe globale des financements de l'Etat et de France compétences serait dégressive et qu'elle ne serait assurée que jusqu'en 2025 (voir notre article).
"Il est regrettable que l’engagement des collectivités dans la formation de notre jeunesse par l’apprentissage, priorité affichée du gouvernement, soit autant entravé par le manque de moyens, alors même que le secteur privé bénéficie d’un effort considérable du contribuable national", s'offusque Yohann Nédélec. Le nouveau président du CNFPT réclame "un mécanisme pérenne de financement de l’apprentissage dans les collectivités", qui soit à la hauteur des "flux des apprentis et des dépenses réellement supportées".