Archives

Téléphonie mobile - Antennes-relais : l'Opecst demande des permis de construire et des campagnes annuelles de mesures

"Il n'y a pas de risque sanitaire avéré pour ce qui concerne les antennes et pas davantage sur les téléphones, du moins avec le recul de dix années d'usage", a insisté le député Alain Gest, en présentant, ce 4 novembre, son rapport pour l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) : "Les incidences éventuelles sur la santé de la téléphonie mobile". Suite à la demande du bureau de l'Assemblée nationale de juin 2008, le député de la Somme a auditionné 150 personnes (scientifiques, agences, associations, experts en tous genres) "sans exclusive et sans a priori" pour actualiser un précédent document de l'Office remontant à 2002. Il s'est également rendu dans plusieurs pays (USA, Japon, Italie ou Suède). "C'est en France que le débat est le plus intense. Mais c'est aussi chez nous que la transparence est la plus grande", a voulu convaincre le député. Pour preuve, Alain Gest s'est référé aux tables rondes du "Grenelle des antennes", au comité opérationnel mis en place à sa suite ou au récent rapport de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset). A la suite de celle-ci, son rapport de plus de 200 pages préconise de poursuivre l'effort de recherche et d'innovation "même si déjà plus de neuf études sur dix concluent à l'innocuité". Il insiste surtout sur une gouvernance plus efficace, une approche rationnelle des risques (distinction entre l'exposition aux antennes et au téléphone, par exemple), une vigoureuse politique de communication et un renforcement de la concertation, notamment avec les élus locaux.

 

Renforcer les prérogatives des maires

Pour garantir plus de transparence, le député demande que l'installation des antennes soit soumise à un permis de construire. "Cela présente deux avantages : les élus connaissent et maîtrisent bien cette procédure et l'accès du public à l'information est facilité", a justifié Alain Gest. Autre proposition pour les maires qui sont "très dépourvus, mal à l'aise face à leurs administrés", le député réclame qu'ils puissent faire procéder à des mesures de niveaux d'exposition avant et après l'installation. Il prévoit également une campagne annuelle de mesures, sous la responsabilité d'une "commission de suivi réunissant élus locaux, opérateurs et citoyens tirés au sort parmi des volontaires" au niveau communal ou intercommunal. "Ces campagnes (qui coûtent environ 3.000 euros) pourraient être financées par une taxe de 0,50 euro prélevée sur la vente de chaque téléphone mobile." Cette taxe servirait aussi à financer les efforts de recherche au sein d'une nouvelle structure prenant la suite de la Fondation santé et radiofréquence, créée après le rapport de 2002. Evidemment, les mesures seraient publiées sur un site public, comme Cartoradio. "Plus on parle du sujet, plus on prend des mesures, plus le niveau d'inquiétude monte dans la population", a pourtant reconnu, fataliste, le député. Celui-ci regrette qu'aucun scientifique ne porte assez fortement le sujet devant l'opinion publique. Il dénonce l'amalgame fait avec des scandales sanitaires précédents comme l'amiante ou le tabac. Il insiste enfin sur la distinction entre une approche "prudente" et le "principe de précaution", brandi de manière souvent abusive dans ce domaine de la santé. "Si la prudence me conduit à prendre en considération ceux qui doutent (souvent des autodidactes), je ne vois pas pourquoi je n'écouterais pas les scientifiques qui sont experts en leur domaine", a-t-il conclu.


Luc Derriano / EVS