Fonction publique - Annick Girardin lance la concertation sur le développement des compétences et des parcours professionnels
La ministre de la Fonction publique a lancé, le 12 avril, avec les organisations syndicales la concertation sur le développement des compétences et des parcours professionnels dans la fonction publique, l'un des principaux chantiers inscrits à l'agenda social 2016 qu'elle a dévoilé le 29 mars dernier.
Selon un document communiqué aux syndicats de la fonction publique (voir ci-contre), le gouvernement a prévu une concertation en trois phases, qui se succéderont entre les mois de mai et d'octobre 2016.
La première, qui se déroulera en mai et juin, portera sur "les outils et les droits de la formation continue". Dans ce cadre, les organisations syndicales et le gouvernement discuteront en particulier de la mise en place du compte personnel de formation (CPF) dans la fonction publique. Entré en vigueur le 1er janvier 2015 pour les seuls salariés du secteur privé, il permet à ceux-ci de disposer d'un compte d'heures qui leur donne accès à la formation continue.
"La création du compte personnel de formation sera un outil de choix pour les agents. Il leur permettra de construire leur carrière de manière dynamique. Les droits acquis dans le secteur privé pourront être conservés en cas de recrutement dans le secteur public et inversement", a expliqué Annick Girardin, invitant les acteurs de la concertation à "adapter les modalités de ce dispositif aux spécificités de la fonction publique".
Compte personnel de formation
Parmi les syndicats, la CFDT se félicite de l'ouverture de ce chantier. "Le compte personnel de formation contribue à sécuriser les parcours professionnels et c'est un des outils qui permettra d'installer le compte personnel d'activité dans la fonction publique", souligne Brigitte Jumel, secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques.
Les modalités du CPF doivent effectivement être adaptées au secteur public. Ce dernier "ne comporte pas d'organisme collecteur comme dans le secteur privé", pointe Brigitte Jumel. Pour la responsable syndicale, les règles devront aussi permettre à une personne de pouvoir passer du secteur privé à la fonction publique, et réciproquement, sans qu'elle ne perde ses droits.
La seconde séquence permettra de juin à fin septembre, d'aborder "le recrutement et la formation initiale". "Les formations statutaires sont une force pour la fonction publique. Il n'est pas question d'en remettre en cause les principes mais de renforcer l'action des écoles de service public", a assuré sur ce point la ministre.
La question de la diversification figure en bonne place au programme des discussions sur le recrutement. Les conclusions de la mission pilotée par Yannick L'Horty, qui sont attendues pour le mois de juin, serviront de point de départ. Le Premier ministre avait demandé en juin 2015 à ce professeur de l'université Paris-Est Marne-la-Vallée d'"évaluer, au regard des risques de discrimination, les différentes voies de recrutement dans les trois versants de la fonction publique" (voir notre article du 11 mai 2015). Dans le cadre de la séquence, seront aussi présentés les travaux de la mission conduite par le conseiller d'Etat Olivier Rousselle, qui a pour objet de coordonner l'élaboration et la mise en oeuvre des programmes visant à diversifier le recrutement des 75 écoles de la fonction publique (voir notre article du 3 mars 2016).
Accompagnement des parcours professionnels
On notera que, comme annoncé par la ministre de la Fonction publique, une concertation spécifique sera conduite sur la proposition faite par le gouvernement d'ouvrir l'accès à la catégorie B à des jeunes sans concours (voir notre article du 7 avril 2016). La mesure figurait dans l'avant-projet de loi Egalité et Citoyenneté. Mais devant l'opposition unanime des syndicats, le gouvernement a décidé de l'en retirer. Faisant valoir l'"esprit d'écoute et de dialogue" qui avait dicté ce retrait, Annick Girardin a estimé que celui-ci n'enlevait rien à "la nécessité d'ouvrir davantage la fonction publique à la diversité" : "Il faudra que nous apportions une réponse à cette question car la fonction publique doit être à l'image de la société qu'elle sert et à ce titre être ouverte à la diversité", a-t-elle insisté. Malgré un mauvais départ, un accord n'est en effet pas exclu sur ce sujet. Ainsi, pour la CFDT, Brigitte Jumel déclare être "en demande d'une réflexion sur la diversification du recrutement".
Toujours en matière de recrutement, le gouvernement souhaite "approfondir" le bilan des actions conduites au cours des années passées, comme la réorientation des contenus des concours vers des épreuves pratiques, la réduction du nombre des concours et la mise en place de dispositifs de reconnaissance des acquis de l'expérience professionnelle. Enfin, la professionnalisation des recrutements et l'insertion professionnelle des jeunes seront au menu du rendez-vous entre les syndicats et le gouvernement.
Concernant le volet formation, l'exécutif entend aborder des sujets comme "l'évolution de la formation statutaire", "l'évaluation des compétences" et "l'accompagnement à la prise de poste".
La troisième séquence de la concertation sera consacrée à l'accompagnement des parcours professionnels. Elle débutera en octobre. A ce stade, le gouvernement fait seulement part d'un certain nombre de questions : "comment valoriser la mobilité ?", ou "les entretiens et bilans de carrière doivent-ils évoluer ?", ou encore "comment accompagner la transmission des savoirs entre les générations ?".
Annick Girardin a en tout cas d'ores et déjà esquissé quatre grands objectifs : "faire évoluer les droits et les outils de la formation continue", à l'image de ce qui a été réalisé dans le privé ; "faciliter l'acquisition et la reconnaissance des qualifications professionnelles ; "permettre aux agents de construire leur parcours professionnel tout au long de la vie professionnelle, avec une attention particulière à porter à la dernière partie de la carrière" ; "renforcer les dispositifs d'accompagnement personnalisé comme la possibilité de se faire aider par un conseiller carrière ou encore de bénéficier de bilans et d'entretiens de carrière".