Anne Genetet lance l'acte II du "choc des savoirs"

La ministre de l'Éducation nationale a annoncé le lancement de l'acte II du "choc des savoirs", un éventail de mesures destinées à élever le niveau scolaire des élèves, de la maternelle au lycée. Les collectivités sont directement intéressées par plusieurs de ces mesures. 

Anne Genetet, ministre de l'Éducation nationale, a annoncé le 12 novembre 2024, lors d'un déplacement à L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), le lancement de l'acte II du "choc des savoirs". Après le déploiement, entamé progressivement depuis la rentrée 2024, des "groupes de besoins" en français et en mathématiques pour les élèves de sixième et de cinquième, il s'agit de mettre en place un ensemble de mesures complémentaires proposées il y a bientôt un an par Gabriel Attal (lire notre article du 5 décembre 2023) et destinées à "ancrer les savoirs fondamentaux au cœur du parcours de chaque élève, pour que l'école soit, plus que jamais, un creuset d'égalité et d'émancipation".

Parmi ces nouvelles mesures, qui s'étaleront de la fin 2024 au printemps 2027, la plupart portent strictement sur la scolarité. Il en est ainsi des évaluations – obligatoires en sixième et quatrième, tout comme les tests de positionnement en seconde et en première année de CAP, et facultatives en cinquième et troisième – qui permettront de "mieux cibler les besoins des élèves". Par ailleurs, à la rentrée 2025, les programmes seront renouvelés de la maternelle à la sixième en français et en mathématiques, afin d'"ancrer fermement les fondamentaux dans le parcours scolaire des jeunes élèves". De même, dès la session de juin 2026 du baccalauréat, les élèves de première générale et technologique auront une épreuve anticipée de mathématiques, tandis que le diplôme national du brevet (DNB) sera progressivement "restructuré" et son obtention deviendra, en 2027, obligatoire pour l'entrée en seconde.

Réorganisation des collèges et lycées

Cette dernière innovation ne sera pas sans incidence sur l'organisation des lycées. Les élèves recalés au DNB ne seront en effet pas des redoublants au collège mais intégreront une "prépa seconde" en lycée, laquelle constituera une sorte de quatrième niveau, aux côtés des secondes, premières et terminales. Une dizaine de lycées par département devraient proposer ces "prépas seconde". Depuis le lancement de la phase pilote portant sur l'année scolaire 2024-2025, plus d'une centaine de lycées préfigurateurs existent déjà.

Autre mesure qui devrait affecter l'organisation des établissements : le déploiement des "groupes de besoins" en classes de quatrième et troisième dès 2025, complété par le dispositif "Devoirs faits" et le financement de 22.000 des "stages de réussite" au collège. Ce déploiement pourra en effet entraîner des besoins accrus en salle de classe pour recevoir des groupes d'élèves en effectifs réduits.

Des manuels labellisés et financés par l'État

Enfin, deux mesures vont intéresser tout aussi directement les collectivités. D'une part, la labellisation des manuels de français et de mathématiques en CP et CE1 dès le printemps 2025. Le but ? Donner des "repères fiables", une "base solide" aux élèves et  un "cap précis" aux professeurs, "tout en respectant la liberté pédagogique", car ces manuels ne seront pas obligatoires, les enseignants restant libres de leur choix. Et "afin de garantir une égalité d'accès", l'État financera ces manuels dans les zones REP, REP+ et dans les "plus petites communes, notamment en zones rurales", a indiqué Anne Genetet, sans plus de précision. Selon un projet de décret qui a circulé au printemps 2024, le label sera attribué par une commission placée auprès du président du Conseil supérieur des programmes (lire notre article du 27 mai).

D'autre part, un plan "tranquillité scolaire" sera instauré pour "renforcer les équipes de vie scolaire dès janvier 2025". Les établissements "les plus vulnérables" seront ciblés en priorité. Dès janvier 2025, des centaines de nouveaux conseillers principaux d'éducation (CPE) et assistants d'éducation (AE) seront affectés en renfort dans les collèges et lycées les plus exposés aux risques de violence. "Dès janvier, j'engagerai avec les collectivités locales la sécurisation de mille établissements et je renforcerai la culture de la prévention dans l'ensemble de notre système éducatif", a ajouté la ministre. Cette annonce intervient un mois à peine après qu'Anne Genetet a indiqué que 400 établissements avaient été sécurisés depuis l'attentat contre l'enseignant Dominique Bernard à Arras en octobre 2023 (lire notre article du 4 octobre). 

Reste à savoir si, dans le contexte politique actuel et compte tenu des très fortes oppositions que soulèvent certaines mesures au sein de la communauté éducative, la réforme du "Choc des savoirs" pourra être menée à son terme, à l'horizon 2027.